Les Syrtes dans l’imaginaire littéraire classique.

Les Syrtes dans l’imaginaire littéraire classique
Attilio Mastino

COLLOQUE INTERNATIONAL D’une Syrte à l’autre III:
Les deux Syrtes entre le désert et la mer à travers l’Histoire:
Espace d’échange, de concurrence et de conflit

Mahdia, les 2, 3 et 4 Décembre 2019

A la mémoire de René Rebuffat

Permettez-moi de remercier de tout cœur les amis du département d’histoire de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines et Sociales de Sfax (Tunisie) et du département d’archéologie de Durham University (Angleterre) en partenariat avec le «Laboratoire d’Etudes et des Recherches Interdisciplinaires et Comparées (LERIC) », le «Laboratoire Maghreb Arabe : Omrane Pluriel », et «The Society for Libyan Studies (London U.K.) », qui organisent ce troisième colloque international sur les deux Syrtes à travers l’histoire, dont le thème est Les deux Syrtes entre le désert et la mer à travers l’Histoire : Espace d’échange, de concurrence et de conflit.

Dès la fin de la période républicaine, on avait acquis à Rome une connaissance complète des routes, des lieux d’abordage et des ressources d’un territoire, l’Afrique numide, qui était resté pendant longtemps enveloppé dans un halo de mystère; et pourtant, malgré des informations adéquates, qui apparaissent à maintes reprises dans les sources, les écrivains de la période augustéenne et plus tard ceux de l’époque impériale préfèrent donner aux Syrtes une connotation différente, négative et terrifiante selon une tradition littéraire bien établie, fondé sur un préjudice, si on pense à la célèbre description des arbres de l’oasis de Tacapes Chez Pline ou, bien avant, à la beauté de l’ile des lotophages dans l’Odysée, Meninx-Djerba.

Dans l’Enéide, Virgile accentue cette définition fabuleuse qui se base sur les dangers pour la navigation et sur la présence de populations barbares et hostiles (encore avec Claudien : rapt. Pros. 3, 446: Litus et accenso resplendent aequore Syrtes): c’est justement dans la mer des Syrtes que l’on peut probablement situer l’épisode de la tempête, qui reprend l’idée d’Apollonios de Rhodes (295 av. J.-C. – 215 av. J.-C.), pour l’itinéraire suivi par les Argonautes. Selon une interprétation que j’avais présentée à l’occasion du colloque organisée par l’Ecole française de Rome en 1987, Enée aurait atteint l’extrémité sud de la Méditerranée, le μυχός, le sac, le fond, le point le plus méridional de la grande Syrte, à proximité des Arae Philaenorum, qui auraient ensuite marqué la frontière entre les provinces romaines de l’Afrique Proconsulaire et de la Cyrénaïque. Le discours doit maintenant être étendu à la période flavienne et ensuite à la période antonine, afin d’augmenter le nombre de sources littéraires sur la base d’une recherche approfondie menée à cette occasion : on aura l’impression que même avec le passage des siècles, la connotation littéraire, à certains égards très négative et différente de l’observation directe, continue à survivre pendant des siècles. Nous souhaitons notamment fournir une mise à jour des dernières études avec une attention particulière pour les lieux suivants:

Arae Neptuniae, lieu mythique du naufrage d’Enée (écueil Keith, banc des Esquerquis)

Arae Philenorum en Libye, lieu mythique au fond de la Grande Syrte,

Petite Syrte et île Kerkennah,

Grande Syrte.

La recherche s’étend à présent de l’époque augustéenne à l’époque impériale et est commentée à la lumière des dernières études sur les mosaïques représentant des scènes de ports situés dans les deux Syrtes, les naufrages, la navigation dangereuse, qui fut également racontée à une époque tardive pour la navigation de l’apôtre Paul (Arator apost. 2 1066/1). Cette recherche continue ensuite jusqu’à la fin de notre période et jusqu’au VIe siècle, en pleine période byzantine, dans la Iohannis de Flavius Cresconius Corippus. Ici, les peuples qui habitent les Syrtes sont plus nombreux, les Nasamons pinnati, c’est-à-dire « ailés » ou « à plumes », qui rappellent les Sardes dévots du Sardus Pater, fils de l’Africain Makeris-Héraclès, avec l’iconographie de la coiffure à plumes, une véritable couronne, comme sur un rasoir punique provenant de Carthage, semblable à celui des Nasamons africains, iconographie qui renvoie à ce que Pettazzoni appelait la connexion ethnique sardo-africaine, qui passe aussi par le culte des ancêtres illustres. Tous ces éléments confirment l’hypothèse d’Ignazio Didu selon lequel le mythe dérive certainement de sources pré-sallustiennes. Donc, la mémoire reste et, dans la Iohannis, Corippe rappelle les aspera rura cultivés par les Nasamons Ioh. 6, 197 quis Syrtica rura / asper arat Nasamon ; mais la source semble être Lucain. Celui-ci, dans le contexte de l’arrivée de Caton dans les Syrtes, lors d’une tempête de sable, évoque simultanément Marmarides, Nasamones et Garamantes comme des adorateurs d’Ammon, cornibus tortis dans un temple situé précisément sur le territoire des Nasamones : cf. Lucain, Pharsalia 9, 514. La tradition sur les Nasamons avait déjà commencé à partir d’Hérodote ; elle continue par exemple chez Silius Italicus (1, 408: et vastae Nasamon Syrtis populator Hiempsal). La tribu des Nasamons garde chez Corippe le caractère d’un peuple vivant dans le dangereux désert de sable à la chaleur étouffante (cf. Ioh. 7, 495; 8, 234; 535). Nous sommes moins renseignés à propos des Ifuraces commandés par Carcasan ; mais aussi les Ilaguas/Laguatan (Zarini 1997, p. 51), les Autololes (Claud. 21, 355), repetunt deserta fugaces Autololes, Arzuges. Encore les Numides (Claudien, Stil. Cos. I, 257); les Gétules (Claud. Hon. IV cos. 438). On trouve aussi des expressions qui renvoient au très faible caractère militaire des peuples syrtiques, 351 Syrtica castra tamen, nimio turbata pavore; selon Sara Bronzini «l’ethnonyme Syrticus (15 occurrences, toutes dans la pars iliadique’inscrit dans une tradition littéraire bien établie qui caractérise les Syrtes comme étant des régions remotae et ad mundi extrema (voir Lucain, Phars., 9, 598: Hunc ego per Syrtes Libyaeque extrema triumphum). Bien qu’ayant perdu une valeur ethnographique précise, l’adjectif Syrticus (attesté par exemple dans Sen. dial. 7, 1, 4 mari syrtico; epist. 90, 17 Syrticae gentes; Lucan. 10, 37 nec Syrticus obstitit Hammon; Sil. 5, 240; Sidon. epist. 8, 12, 10 Syrticus ager) évoque le désert aride des Syrtes, associé dans l’imaginaire romain à des entreprises héroïques comme celle de Caton d’Utique dans le livre IX de Pharsalia ».

A présent, la recherche a été étendue aux sources épigraphiques dans lesquelles on rencontre, surtout en Afrique, le cognomen ou nom unique Syrticus et Syrtis-Sirtidis au féminin, le masculin Syrta, le gentilice Sirtius et Syrtius. Nous pouvons commencer par une inscription tardive de Carthage, qui était passée jusqu’à présent presque inaperçue mais que Monceaux connaissait : Hunc quis non credat ipsis dare Syrtibus amnes / qui dedit ignotas viscere montis aquas, On peut faire confiance qu’il peut donner des rivières aux Syrtes, le même qui a donné des eaux inconnues des viscères d’une montagne. Ces vers montrent que, dans le bas empire, le thème de la souffrance était encore présent, souffrance causée par la sécheresse, par l’impossibilité d’irriguer le désert syrtique si ce n’est par un miracle du Christ (Hunc), entre topos, lieu commun littéraire et description réaliste, signe d’une connaissance directe des lieux africains.

D’ailleurs, la phrase de Pline l’Ancien au milieu du Ier siècle après J.-C témoigne de la continuité de la réflexion sur la côte africaine « …nec alia pars terrarum pauciores recipit sinus, longe ab occidente litorum obliquo spatio » (il n’y a pas d’autre partie de la terre qui enserre moins de golfes, avec la longue étendue oblique de son littoral à partir de l’Occident, HN, V, 1).

La fin du royaume de Numidie, après la défaite du roi Juba à Thapsus, et la création de la province d’Africa Nova, confiée par César à Salluste, représentent un tournant dans les relations entre Rome et le monde africain : avec l’unification voulue par Auguste, l’Afrique proconsulaire s’ouvre aux negotiatores italiens et la présence d’immigrés favorise un échange d’informations et de relations commerciales. Le Stadiasmus Maris Magni date de la fin du Ier siècle av. J.-C. ; c’est un périple témoignant d’une série de routes de cabotage dans la mer de la Grande Syrte qui est restée presque fermée à la navigation romaine, enveloppée dans le mystère de fabuleux dangers (vd. Anth. Lat. 806, 53: Dicit per Syrtes fore multa pericula passos). Les côtes furent explorées au cours de l’hiver 49-48 av. J.-C. (après la mort de Pompée) par Caton le Jeune, qui conduisit dans le désert aride de la Grande Syrte, entre Bérénice et Lepcis Magna, un contingent de plus de 10 000 hommes : déplacement héroïque qui, achevé en trente jours dans d’énormes difficultés et par une chaleur suffocante sous le souffle du sirocco et poursuivi ensuite, au printemps, jusqu’à Utique avec la traversée de la Petite Syrte, eut à Rome un écho remarquable à cause de certains épisodes d’héroïsme, repris par Lucain. Plus tard, le séjour de César en Afrique, à la frontière nord de la Petite Syrte, après le débarquement à Hadrumetum et jusqu’à la bataille de Thapsus, contribua à accroître la connaissance directe d’un territoire à cheval entre l’ancienne province d’Afrique et le royaume de Numidie, bouleversé par l’effondrement du parti pompéien. Une grande impression fut ensuite suscitée à Rome, au moment de la refondation de Carthage, par les nombreux triomphes sur les peuples africains, à partir de celui de T. Statilius Taurus en 34 av. J.-C. jusqu’à celui de L. Cornelius Balbus en 19 av. J.-C., année de la mort de Virgile, à la fin de la campagne contre les Gétules et les Garamantes des steppes présahariennes, un épisode qui est confirmé dans le sixième livre de l’Enéide (v. 794 s.). Plus tard, les longues guerres sanglantes, qui prirent fin avec l’acclamation impériale, en 3 apr. J.-C., du proconsul Passienus Rufus et, en 6 apr. J.-C, avec le triomphe sur les Musulames et les Gétules accolae Syrtium de Cossus Cornelius Lentulus (Flor. 2, 31, 40), doivent être considérées comme des étapes importantes non seulement de la conquête mais aussi d’un itinéraire progressif de connaissance, après les idéalisations mythiques de la fin de la république. Dans ce contexte, l’utilisation du terme Syrtes par des écrivains de la période augustéenne est emblématique pour indiquer les deux grands golfes méditerranéens de l’Afrique du Nord, séparés des emporia tripolitains, lieux sablonneux caractérisés par un dangereux ressac pour la navigation côtière. Salluste, en reconstituant les événements de la guerre contre Jugurtha, propose l’hypothèse d’une origine grecque pour le toponyme Syrtes, du verbe σύρω, au sens de traho, traîner : [duae Syrtes] quibus nomen ex re inditum. Nam duo sunt sinus prope in extrema Africa, impares magnitudine, pari natura. . . ab tractu nominatae (Bellum lug. 78, 1-3), toujours distinctes l’une de l’autre, mais présentant des caractéristiques géographiques similaires, voir Prisc. Periheg. 187: hanc minor insequitur Syrtis maiorque secunda. En réalité, la combinaison étymologique est arbitraire: nous préférons aujourd’hui supposer que la coïncidence sémantique et phonétique avec le grec n’est que fortuite et nous faisons l’hypothèse d’une origine sémitique, liée à la présence carthaginoise dans la Petite Syrte dès le VIe siècle av. J.-C. Une confirmation pourrait provenir de l’arabe Sert, terme qui désigne le désert et, par extension, une étendue de sable à proximité d’une baie, une terre désolée et monotone le long de la côte. Selon Treidler, le grec aurait pu constituer tout au plus un élément de médiation; une contribution du substrat libyen-berbère semble également être exclue. Le terme Σύρτις apparaît pour la première fois à propos de la Grande Syrte dans Hérodote, pris peut-être dans Hécatée VI-V siècle a. J.-C. (2, 32, 150; 4, 169, 173). A l’origine, il n’indique que la baie, le golfe, les lieux où l’on ressent des variations sensibles de la marée ; plus tard il indique également le continent voisin (Syrtica regio). On trouve la distinction entre la Grande et la Petite Syrte, qui n’existait pas à l’origine, dès le IVe siècle av. J.-C. dans le périple du Pseudo-Scylax (§ 110 M) et elle est reprise par Polybe (3, 23, 2; 3, 39, 2; 31, 21, 2). Pendant la période augustéenne, citons le rôle important que dut avoir Agrippa, informateur de Virgile et surtout de Strabon, qui nous laissa une description systématique des Syrtes ; il cite comme sources Eratosthène de Cyrène (2,5,20) et Artémidore d’Ephèse (16, 747 sg.; 17, 803; 18, 3, 8) et il étend le toponyme Syrtis jusqu’à l’actuel Golfe de Sidra (Djun el Kebrit). Salluste, lui aussi, (Bellum lug. 19, 3 e 78, 1) et Tite Live, ce dernier à propos de la deuxième guerre punique (29, 33, 8; voir aussi, pour l’année 193 av. J.-C., 34, 62, 3), distinguent la Petite Syrte de la Grande Syrte, distinction que l’on trouve par exemple dans les Amores d’Ovide (2, 11, 20, magna minorque Syrtes) ou dans la De chorographia de Pomponius Mela (1, 37; 2, 105). Virgile, Properce, Horace et Ovide préfèrent généralement le pluriel Syrtes, utilisés dans un sens global et pour évoquer l’ensemble du territoire, plutôt que le singulier.

La Petite Syrte (aujourd’hui également appelé Golfe de Gabès) s’étendait de Thenae ou Thapsus jusqu’à l’île Μήνιγξ, aujourd’hui Djerba (cf. Pol. 1, 39, 2). La Grande Syrte (aujourd’hui Golfe de Sidra ou Djun el Kebrit) s’étendait du Cap Képhalé (Κεφαλαί ou Τρικέρων άκρον, aujourd’hui Ras Zarrùg) près de Lepcis jusqu’au Cap Boreion (Βόρειον άκρον, άκρωτήριον, aujourd’hui Ras Tajunes) près de Bérénice-Benghazi ; c’est là, dans la partie la plus intérieure du golfe, au point le plus au Sud de la Méditerranée, sur le site que Strabon (17, 3, 20) et Ptolémée (4, 2, 3; 3, 5 et 44) appellent μυχός, le sac, aux Arae Philaenorum, qu’était marquée la frontière entre la Cyrénaïque grecque et l’Afrique punique et donc entre les provinces romaines de la Cyrénaïque et Proconsulaire (cette dernière étant en partie héritière du royaume de Numidie).

Le terme Syrtis, ayant généralement une nuance négative, désigne de longues étendues de côtes basses, sableuses et uniformes, battues par le sirocco ou par l’auster, vents qui provoquent de terribles tempêtes de sable. La navigation côtière y est dangereuse en raison de la présence de bas-fonds, de courants et de marées qui, en particulier dans la Petite Syrte où les isobathes sont plus espacées en raison de la pente inférieure, provoquent un violent ressac même au large et à des kilomètres de la côte. Les vagues transportent de gros blocs de pierre et des tas de sable, modifiant ainsi brusquement l’apparence des lieux et la situation des fonds marins, formant même, loin de la côte, de vastes bancs de sable et des hauts-fonds sur lesquels les voiliers, entraînés par les vagues plus que par vent, risquent de se heurter et d’échouer à marée basse, sans que les marins ne puissent voir la terre ferme, très basse sur la ligne d’horizon. Pour Sénèque (De vita beata 14, 2), la mer Syrticum se caractérise par un flux et un reflux continu des vagues, qui laissent souvent les bateaux à sec ou les jettent contre la côte (sicut deprennsi mari Syrtico, modo in sicco reliquuntur, modo torrente unda fluctuantur) ; voir Lucain, Phars. 9, 756 : Nunc redit ad Syrtes et fluctus accipit ore ; la navigation est empêchée et l’abordage devient dangereux et difficile. Le flux et le reflux de la marée durcissent tellement le sable que Virgile peut parler de Libycum marmor (Aen. 7, 718) ; le sol se confond avec la mer jusqu’à l’horizon, puisque la terre désolée, selon l’expression de Lucain, ne parvient pas à se défendre des vagues (9, 303-4) : Syrtes vel primam mundo natura figuram / cum daret, in dubio pelagi terraeque reliquit.

Par extension, le terme Syrtis désigne non seulement la baie sur la mer Africum (ou Libycum οu Syrticum), mais également la côte et une bande de terre en arrière de celle-ci, hostile et déserte, avec des dunes de sable atteignant 15 mètres de hauteur ; un lieu, cependant, où l’on peut marcher bien qu’il n’y ait pas de villes mais seulement des tribus barbares, où l’eau potable fait défaut et où abondent les serpents venimeux (voir une attestation tardive : Claudien, Stil. Cos. I, 257: Stipantur Numidae campi, stant pulvere Syrtes). Ainsi dans Aen. 5, 51, Enée, de retour à Drépane, promet de célébrer chaque année les jeux funéraires en l’honneur d’Anchise, même s’il devait, à l’avenir, vivre dans les Syrtes, où habitent les Gétules : hunc ego Gaetulis agerem, si Syrtibus exul ; le vers est repris par Horace (Carm. 2, 20,14-16) : visam gementis litora Bosphori / Syrtisque Gaetulas canorus / ales Hyperboreosque campos ; dans le même sens, sive per Syrtis iter aestuosas / sive facturus per inhospitalem / Caucasum (1, 22, 5-7) ; c’est là que fait rage la vague mauresque (2, 6, 1-4).

Dans le neuvième livre de la Pharsalia, Lucain décrira, avec des information de première main, la Syrtica regio parcourue par l’armée de Caton, la présentant comme stérile, sans sources, infestée de serpents venimeux, inaccessible et brûlée par le soleil, sans cultures ni arbres fruitiers (vv. 379 sgg.) : vadimus in campos steriles exustaque mundi / qua nimius Titan et rarae in fontibus undae / siccaque latiferis squalent serpentibus arva rappelons les arva praetenta Syrtibus di Aen. 6, 60). En effet, l’arrière-pays du Golfe de Sidra, qui correspond à la Grande Syrte, est encore aujourd’hui l’un des lieux les plus déserts et les plus inhospitaliers de la Méditerranée ; les précipitations n’y dépassent pas 250 mm de pluie par an pluie (bien en-dessous des 500 mm de pluie de la Petite Syrte) ; il n’y existe aucun établissement humain significatif ; il est traversé par des oueds complètement asséchés en été, avec de petites oasis et des lagunes côtières qui entravent le passage sur les quelque 760 km de la côte. Dans la partie la plus interne de la baie, la navigation est rendue dangereuse par des hauts-fonds (Lamaresch, Carcura), des écueils (Hericha, Ez-Zueitina, Elfie) et des îlots (Bu Sceifa, Genmarisc, Legarah) que le pseudo Scylax connaît déjà, rappelant les trois îles Ποντιαί également appelées Λευκαί à cause de leur végétation blanche (§ 109). Le Stadiasmus Maris Magni énumère les écueils Ύφαλοι (§ 72 et 73) et les îles Ποντιαί, dont la plus grande est Μαία (§ 75 e 76). N’oublions pas non plus que pour Cicéron syrtis est le synonyme (métaphorique) de scopulum. Par contre, dans la Petite Syrte, où le fond marin est pourtant moins profond, la navigation est facilitée par l’absence presque complète d’écueils et par la présence de quelques grandes îles (Κέρκινα e Κερκινΐτις, correspondant aux Kerkennah ; Μήνιγx, l’actuelle Djerba).

Les anciens ont voulu souligner ces dangers en construisant un τόπος fortement conditionné par les suggestions liées au désert du Sahara voisin, considéré comme presque impénétrable, confinant au limes de l’empire romain, fabuleux point final de tout l’écoumène. Dans ce sens, les Syrtes sont à la fois remotae (Stat., Silv. 4, 5) et ad mundi extrema (Serv., ad Aen. 10, 678). D’autre part, la nécessité de protéger le monopole commercial phénicien-punique sur la Petite Syrte a peut-être conduit à la naissance de légendes de dangers fabuleux, qui ont également caractérisé des populations nomades de la région syrtique, les Lotophages, les Troglodytes, les Gétules, les Numides, les pirates Nasamons.

En fait, pendant la période augustéenne, la mer des Syrtes était désormais concernée par un trafic important de navires marchands à destination des trois ports de Sabratha, Oea et Lepcis Magna en Tripolitaine et des autres grands ports de la Petite Syrte, parmi lesquels émergent Takapes (Gabès) et Taparura (Sfax). Les bateaux qui devaient suivre les routes de cabotage dans la mer des Syrtes étaient spécialement construits avec un tirant d’eau limité et une quille plate, de manière à pouvoir franchir les bas-fonds ; on utilisait désormais un moyen banal pour libérer les navires échoués sur un banc de sable : on attendait la marée haute et on jetait ensuite tout le chargement à la mer. Les voies de terre, elles aussi, étaient désormais devenues plus sûres le long du littoral syrtique où l’on assistait à une sédentarisation progressive des populations nomades, sédentarisation documentée avec certitude dans le Stadiasmus Maris Magni de la fin du Ier siècle av. J.-C.

En revanche, les poètes de la période augustéenne exagèrent les caractéristiques des Syrtes, même s’ils restent dans le cadre d’une tradition littéraire très stricte.

Le mot Syrtes apparaît huit fois dans l’Enéide (1, 111 et 146; 4, 41; 5, 51 et 192; 6, 60; 7, 302; 10, 678), une fois dans l’Appendix Vergiliana (Dyrae 53), une fois dans le Ps-Tibulle (3, 4, 91), trois fois dans les Elégies de Properce (2, 9, 33; 3, 19, 7; 3, 24, 16), trois fois dans les Odes (1, 22, 5; 2, 6, 3; 2, 20, 15) et une fois dans les Epodes d’Horace, enfin six fois dans les œuvres d’Ovide (Met.. 8, 120; Am. 2, 11, 20; 2, 16, 21; Fasti 4, 499; Rem. Am. 739; Ex Ponto 4, 14, 9).

Le terme apparaît généralement au pluriel, avec deux exceptions dans l’Enéide (4, 41, nominatif; 10, 678, génitif), ce qui confirme la préférence pour la forme Syrtis plutôt que pour la forme grécisante Syrtidos (utilisée par exemple par Luc. 9, 710), une dans l’Appendix (Dyrae 53, genitif), une dans Tibulle (3, 4, 91) et une dans Ovide (Met. 8, 120), toujours au nominatif singulier ; dans certains cas, la tradition manuscrite est toutefois douteuse et on peut penser qu’il faut réduire le nombre d’attestations du singulier (comme par ex. dans Aen. 4, 41 e 10, 678) qui propose la forme originale du coronyme avec une extension à tout le territoire.

Le nominatif pluriel Syrtes apparaît six fois (Aen. 7, 302; Prop. 2, 9, 33; 3, 19, 7; 3, 24, 16; Ον., Am. 2, 11, 20; Rem. Am. 739) ; l’accusatif neuf fois, en général sous la forme en -is (Syrtis : Aen. 1, 111 e 146; Hor., Carmi. 1, 22, 5; 2, 6, 3; 2, 20, 15; Ep. 9, 31; Syrtes : Ον., Am. 2, 16, 21; Fasi/ 4, 499; Ex Ponto 4, 14, 9) ; enfin l’ablatif Syrtibus, trois fois (Aen. 5, 51, 192; 6, 60).

En général, le terme est utilisé pour fournir une indication géographique précise et fait référence aux deux golfes méditerranéens ; au sens métaphorique, on ne le rencontre qu’une fois dans Aen. 1, 146. comme synonyme de hauts-fonds ou d’écueils. Il a toujours une connotation négative et il est utilisé pour indiquer un endroit dangereux et terrifiant, où il est difficile de survivre : c’est une région inhabitée et inhospitalière inhospita (Aen. 4, 41; Ovid., Met. 8, 120, par opposition à l’Europe : non genetrix Europa tibi est, sed inhospita Syrtis), attribut qui, pour Servius, est synonyme de barbara et d’aspera et qui est généralement associé au concept de solitude et de désert (Hor., Epist. 1, 14, 19: deserta et inhospita tesqua) ; pour Virgile, une deserta regio est le territoire à proximité de la Grande Syrte où vivent les Barcaei, les ancêtres indigènes, d’origine libyenne, des fondateurs de Barce dans la Cyrénaïque nord-occidentale, late furentes (Aen. 4, 42, cfr. Sil. It. 2, 63) ; ce n’est qu’après avoir dépassé le Syrticae solitudines, au-delà du désert du Sahara, que l’on atteint le territoire où paissent les éléphants africains (Plin., NH 8, 11, 32). L’adjectif inhospitus, se rapportant certainement aux Syrtes, apparaît par exemple dans Aen. 5, 627-8, dans le discours de Béroé-Iris à Eryx, où le mécontentement des femmes troyennes explose à cause des voyages interminables (tot inhospita saxa / sideraque emensae: voir Silius Italicus, Pun. 3, 652: nos tulit ad superos perfundens sidera Syrtis) ; mais voir ensuite Lucain (1, 367-8) : per inhospita Syrtis / litora, per calidas Libyae sitientis harenas, où l’opposition entre l’Europe accueillante et les Syrtes inhospitalières subsiste (Met. 8, 120; vd. Sen. Ag. 180: Libycusque harenas Auster ac Syrtes agit) ; ici, aucun arbre fruitier ne pousse, à l’exception du silphium (Theophr., Nist. pi. 6, 3, 3). Les sables côtiers sont souvent mentionnés : Lucain Phars. 9, 441: Syrtis alit. Nam litoreis populator harenis. Voir Silius Italicus Pun. I, 644 : excivit Calpen et mersos Syrtis harenis. La description associe la chaleur insupportable et l’aspect inhospitalier : Sidon. Carm. 16, 91: seu te flammatae Syrtes et inhospita tesqua. Voir Corippe, Ioh. 5, 175: Desertosque libet ? calidas sic cernere Syrtes.

Dans Aen. 1, 146, pour indiquer les hauts-fonds que Neptune ouvre pour libérer les navires de Troie on trouve au contraire l’expression plus générale vastae syrtes (et vastas aperit Syrtis et temperat aequor) : on retrouve également l’adjectif chez Silius Italicus (1, 408 : et vastae Nasamon Syrtis populator Hiempsal; cf. Avien., orb. descr. 293; Arator apost. 2, 1081: mortis imago patet. Vastas percurrere Syrtes) et il concerne également Charybde dans Aen. 7, 302 (Cat. 64, 156).

Dans Aen. 10, 678, Turnus, trompé par Junon, abandonne le champ de bataille : alors, transporté par un navire qui s’éloigne sur le Tibre et le conduit sain et sauf hors de la mêlée, il invoque les vents pour qu’ils aient pitié de lui et jettent son bateau sur les rochers et sur les funestes sables de la Syrte X, 678: ferte ratem saevisque vadis immittite Syrtis, où ne le suivront ni les Rutules ni la nouvelle de sa trahison. La difficulté grammaticale, dont Servius s’était déjà rendu compte (immittite me (mieux ratem) ad saeva vada Syrtium), a été résolue de différentes manières, en considérant de préférence Syrtis comme un génitif régi par l’ablatif de qualité saevis vadis ; il n’est cependant pas exclu qu’il s’agisse d’un accusatif pluriel (les codes P2 et γ ont Syrtes), régi par immittite, au sens mittite ratem in Syrtes, ubi vada saeva sunt (Heyne et donc Paratore). Ilionée, en racontant à Didon les phases de la tempête qui a dispersé la flotte d’Enée, se souvient que certains bateaux ont été jetés in caeca vada. . . perque invia saxa (Aen. 1, 536-7) ; il fait certainement allusion aux Syrtes, lieux ad mundi extrema où la navigation est dangereuse. L’attribut saevae qui, même dans les Argonautiques de Valerius Flaccus se rapporte aux Syrtes (7, 86): Ausoniam videt et saevas accedere Syrtes, correspond au grec φοβεραί, utilisé par Flavius Josèphe (Bell. Iud. 2, 381) ; cf. également l’adjectif horrenda employé par Tibulle (3, 4, 91). Pour comprendre le sens de vada, équivalent de bas-fonds, généralement associé à l’attribut incerta, voir les expressions vadosae Syrtes de Lucain cf. 9, 308 : aequora fracta vadis, abruptaque terra profundo; voir Manil. Astr. 4, 600 : Litoraque in Syrtes revocans sinuata vadosas ; et incertarum vada Syrtium de Sénèque (Cons, ad Marc. 25, 3) ; l’incerta Syrtis peut difficilement promettre amica vada (Sen., Hippol. 569-570) d’où Priscien, periheg. 506: ad Noton est pontus Libyae Sirtisque vadosa ; voir encore Sénèque Phedr. 570: Incerta Syrtis, ante ab extremo sinu ; selon Lucain, ce sont les vada Aegyptia qui annoncent aux Pompéiens que les Syrtes sont proches (Phars. 8, 540 : Et vada testantur iunctas Aegyptia Syrtes; cf. 9, 308) ; la mer vadosum ac reciprocum rend les Syrtes inaccessibles (Solin. 27, 53 p. 127). Servius précise que ‘brevia ‘ autem vadosa dicit, per quem possumus vadere (ad Aen. 1, 111). L’adjectif incertus à propos des Syrtes, mobiles lorsque le vent change, apparaît ensuite dans Horace (Epod. 9, 31 : incerto mari, si c’est le Notus, vent du Sud, qui souffle), dans Properce (2, 9, 33 : non sic incertae (ou bien incerto) mutantur flamine Syrtes, avec une comparaison avec l’inconstance de Cynthia) ; puis également dans Lucain (5, 484-5 : non rupta vadosis / Syrtibus incerto Libye nos dividit aestu) et dans Stace (Theb. 1, 687 : incerto litore).

Virgile (Aen. 5, 51 et 192) et Horace (Carm. 2, 20, 15 (cfr. Aen. 4, 40), nous fournissent un élément géographique et ethnographique utile : les Syrtes sont appelées Gaetulae c’est-à-dire habitées par les Gétules, un peuple décidément hostile aux Troyens (et ensuite aux Romains) ; Claudien Hon. IV cos. 438: Pleiade Gaetulas intrabit navita Syrtes : les Syrtes sont un lieu peu sûr où Énée ne souhaite pas vivre, puisqu’il est habité par les Gétules, les nouveaux ennemis qui s’ajoutent Grecs, ses anciens adversaires qui pourraient à leur tour le surprendre en mer Argolique ou dans la ville de Mycènes (Aen. 5, 51) ; non seulement la terre est dangereuse, mais également les mers qui la baignent, et Mnesthée invite ses compagnons à ramer avec la même vigueur et le même courage qu’ils ont manifesté dans les Syrtes gétules, dans la mer Ionienne et au large du cap Malée, le promontoire terrifiant du Péloponnèse (Aen. 5, 192-3) ; transformé en cygne, Horace imagine qu’il atteint les rives du Bosphore rugissant, les Syrtes gétules et les Champs hyperboréens; alors les habitants de la Colchide et de la Dacie, les Gélons de la Scythie, les Ibères et les Gaulois connaîtront, eux aussi, ses chants (Carm. 2, 20, 13-20). Dans Aen. 4, 40-43, Anne invite Didon à s’unir à Enée car trop de dangers menacent à présent Carthage : les Gaetulae urbes, un genus insuperabile bello, la Syrte inhospitalière, les Numides indomptables (Et Numidae infreni cingunt et inhospita Syrtis) et les Barcaei furieux, aux frontières de la Cyrénaïque. Servius interprète Gaetulus comme équivalent d’Africanus, par synecdoque, a parte totum, et il ajoute : nam Gaetulia mediterranea est, Syrtes vero iuxta Libyam sunt (ad Aen. 5, 192) ; d’autre part, Florus, écrivain d’origine africaine, affirme expressément qu’à l’époque d’Auguste les Gétules étaient établis dans l’arrière-pays des Syrtes et, selon lui, il sont, avec les Musulames, accolae Syrtium (2, 31, 40, à propos du Bellum Gaetulicum des années 5-6 apr. J.-C.) ; Iarbas, prétendant à la main de Didon, fils de Jupiter Ammon et d’une nymphe du pays des Garamantes (Aen. 4, 198), est précisément un Gétule, qui est devenu une menace pour Carthage et pour les Troyens (Aen. 4, 326, cf. Ovid., Her. 7, 125). Enée donne à Salius, comme prix de consolation dans la course remportée par Euryale, la peau d’un lion de Gétulie, qu’il s’était procuré en Afrique (Aen. 5, 351, cf. 4, 159 : Ascanius veut chasser un lion). Les Gétules constituaient un ensemble assez hétérogène de tribus non urbanisées (Virgile est donc imprécis lorsqu’il parle d’urbes ; cf. Georg. 3, 340), qui allaient des Syrtes jusqu’à l’Atlas, le long des régions intérieures de la Proconsulaire, de la Numidie et de la Maurétanie, avec des caractéristiques raciales mixtes ; déjà mentionnés par Artémidore, ils n’étaient pas encore entrés en contact avec les Romains à l’époque de la guerre contre Jugurtha ; selon Salluste, il s’agit d’un genus hominum ferum incultumque et eo tempore ignarum nominis romani (Bellum Iug. 80, 1) ; mais, même plus tard, ils restent hostiles et non soumis, puisque Servius (ad Aen. 5, 51) précise : si in Gaetulis Syrtibus agerem, id est essem; et bene aut desertos aut hostiles commemorai locos. Outre les Barcaei dont nous avons déjà parlé, ajoutons que les Numides sont représentés sur le bouclier d’Énée parmi les peuples soumis par Auguste (Aen. 8, 724) ; établis à l’origine plus à l’Est, et même à proximité de Cyrène, ils ont donné son nom au royaume de Numidie que César avait aboli ; parmi les ennemis de Didon, il faut donc mentionner, à côté des Libycae gentes, les Nomadum tyranni, les prétendants numides repoussés et devenus hostiles (Aen. 4, 320 e 535) ; pour les Numides Massyles, qui occupent les territoires bordant les Syrtes (Aen. 6, 60).

On trouve aussi un lien entre les Syrtes et les peuples maures dans les Carmina d’Horace (2, 6, 3) ; le poète imagine un voyage jusqu’à Gadès, jusqu’à la région Cantabrique et à proximité des Syrtes barbares, où la vague mauresque fait rage.

La référence à la Syrte Libyca dans Dyrae 53 a la même connotation négative : le poète pleure la perte de l’agellus et lance une série de malédictions ; il exprime le souhait que la terre, qui désormais n’est plus la sienne, devienne stérile à cause de la sécheresse, des incendies, des orages, des inondations, des marécages, des tempêtes ; que la mer recouvre de l’eau salée de ses vagues les champs ensemencés, que s’étende sur ceux-ci une épaisse couche de sable, de sorte qu’ils puissent être une seconde sœur barbare de la Syrte libyenne app. dirae 53 (barbara dicatur Libycae soror altera Syrtis), dans le sens que la désolation des champs perdus, maintenant stériles sur l’autre rive (peut-être le long de la côte sicilienne), devra s’opposer au désert de la côte africaine ; voir Sénèque Thy. 292: Dubiumque Libicae Syrtis intrabit fretum. Même chez Virgile Libya est un terme générique, plus étendu qu’Africa, qui comprend le territoire de Carthage (Aen. 1, 22, 226, 301; 4, 36, 106, 257, 271, 348; 6, 694, 843), s’étend jusqu’au deux Syrtes (Georg. 2, 102 : il est impossible de compter les grains de l’aequor Libycum ; voir aussi infra l’épisode de la tempête : Aen. 1, 158, 377, 556, 596; 5, 789-791; cf. aussi 5, 595) et atteint le désert du Sahara (Aen. 1, 384). Parmi les endroits dangereux qu’il oserait traverser en compagnie de sa bien-aimée, Ovide place également le les Syrtes libyennes : cum domina Libycas ausim perrumpere Syrtes / et dare non aequis vela ferenda Notis (Am. 2, 16, 21-22). L’attribut libyennes à propos des Syrtes bouleversées par l’Auster (correspondant au Notus), revient également dans Lucain (1, 498-9; cf. 1, 686-7; 5, 484-5; 8, 444; 9, 598; voir 9, 448: Quam pelago, Syrtis violentius excipit austrum) et dans Prudence (Apoth. 443). L’adjectif barbara dans Dyrae 53 ne qualifie pas les Syrtes mais les terres appartenant au poète ; par contre, les Syrtes sont définies comme étant barbarae dans les Carmina d’Horace (2, 6, 3-4 : barbaras Syrtis, ubi Maura semper / aestuat unda ; de même Lucain 9, 440-1 e 10, 477), plus tard dans la Pharsalia de Lucain 10, 477 (tantum ausus scelerum, non Syrtis barbara, non …); le pseudo-Tibulle, qui appelle barbara, dans le sens de ‘inhumaine’, la terre de Scythie habitée par les Gélons, préfère pour qualifier les Syrtes l’adjectif horrenda : barbara nec Scythiae tellus horrendave Syrtis : l’une et l’autre généraient des hommes cruels et sauvages (3, 4, 91).

La connotation négative des Syrtes persiste donc parmi les auteurs de la première période impériale et elle est même ultérieurement précisée : les Syrtes sont aestuosae (Hor., Carm. 1, 22, 5), dubiae (Luc. 9, 861), exercitatae Noto (Hor., Epod. 9, 31: exercitatas aut petit Syrtis Noto; cf. Ον., Am. 2, 16, 22), incertae (Sen., Cons, ad Marc. 25, 3), remotae (Stat., Silv. 4, 5, 29), φοβεραί, terrifiants (Fl. Ios., Bell. Iud. 2, 381); la Syrtis è ambigua (Luc. 9, 710), atrox (Pomp. Mela 1, 7, 35), dubia (Luc. 1, 686), horrenda ([Ps.]-Tibull. 3, 4, 91), incerta (Sen., Hippol. 570), infida sur ses côtes (Sil. Ital. 2, 63: cui nemora Autololum atque infidae litora Syrtis, cf. Avien. 3, 158-9), semper naufraga (Sil. Ital. 17, 634: Hammoni Garamas et semper naufraga Syrtis; cf. Petr. 93, 2, 6: arata Syrtis / si quid naufragio dedit); vaga (Luc. 9, 431).

Les principales caractéristiques des Syrtes sont donc bien précisées : dans la mer des Syrtes le cabotage est dangereux à cause des vents dominants, notamment le Notus et l’Auster (Hor., Epod. 9, 31; Ον., Am. 2, 16, 22; Luc. 1, 498-9; 9, 320, 481; cf. Prop. 2, 9, 33-34; voir ensuite Priscien, periheg. 506: ad Noton est pontus Libyae Sirtisque vadosa), des courants, des écueils et surtout des bas-fonds qui se déplacent sans cesse de sorte que les marins ne peuvent pas les localiser une fois pour toutes ; la description de Pomponius Mela (1, 7, 35) est éclairante : Syrtis, sinus importuosus atque atrox et ob vadorum frequentium brevia, magisque etiam ob alternos motus pelagi affluentis et refluentis, infestus. Properce, lui aussi, relève l’absence de lieux d’abordage appropriés : les Syrtes ne pourront jamais offrir un placidus portus, tout comme le saevus Cap Malée (3, 19, 7) : et placidum Syrtes portum et bona litora nautis ; au sens figuré, lorsque les passions d’amour sont apaisées, ce n’est qu’après avoir traversé les Syrtes (traiectae Syrtes) et jeté l’ancre que les bateaux sont enfin en sécurité dans le port (3, 24, 16): traiectae Syrts, ancora iacta mihi est.

Les Syrtes sont non seulement importuosae, elles sont donc aussi ambiguae (Luc. 9, 710), dubiae (Luc. 1, 686), infidae (Sil. It. 2, 63), dangereuses pour les marins à cause des courants qui les rendent vadosae (Luc. 5, 484-5; cf. 9, 308 et Aen. 10, 678) et vagae (Luc. 9, 431) et à cause des vents qui les rendent incertae (Sen., Hippol. 570; Cons, ad Mare. 25, 3; voir aussi Hor., Epod. 9, 31; Prop. 2, 9, 33; Luc. 5, 484-5; Stat., Theb. 1, 687) provoquant de nombreux naufrages (semper naufragae, cf. Sil. Ital. 17, 634 et Petr. 93, 2, 6). Dans l’imaginaire collectif des marins de l’Antiquité, les Syrtes sont donc horrendae ([Ps.]-Tibull. 3, 4, 91), saevae (Val. Fi. 7, 36; cf. Aen. 10, 678), vastae (Aen. 1, 146; Sil. It. 1, 408; cf. Cat. 64, 156 = Aen. 7, 302; voir Avien. Orb. Terr. 293: Maior vasta sibi late trahit aequora Syrtis), φοβεραί, terrifiants (FI. los., Bell. lud. 2, 381). Ce qui explique alors que les difficulté d’atteindre les Syrtes par mer les rendent inacessae (Solin. 27, 53, p. 127) et remotae (Stat., Silv. 4, 5, 29, à propos de la patrie de L. Septime Sévère, l’avia Lepcis à proximité des Syrtes inaccessibles, cf. Aen. 1, 537 perque invia saxa), ad mundi extrema (Serv., ad Aen. 10, 678). Voir Anth. Lat. 846, 3: Avius incerto peragravit tramite Syrtes.

          Ceux qui parviennent à les atteindre doivent ensuite se mesurer à l’environnement hostile, à la chaleur suffocante (aestuosae dans Hor., Carm. 1, 22, 5: sive per Syrtis iter aestuosas) ou bien dans le bas empire flammatae (Sidoine, Carm. 16,91) à l’Auster qui vient du désert (exercitatae Noto, incertae), à la grêle terrible (Stat., Theb. 8, 410: arce tonat, tant quatitur nec grandine Syrtis) ; mais les Syrtes sont inhospitalières pour l’homme surtout à cause de leur terrain stérile et sableux, cf. Luc. 1, 367-8 : duc age per Scythiae poulos, per inhospita Syrtis / litora, per calidas Libyae sitientis harenas (cf. 9, 436-7) ; rappelons Servius (ad Aen. 10, 678 : ubi harenosa sunt loca syrtes vocantur) ; d’où Avien. orb. terr. 158, donec harenosas attollant aequora Syrtes ; le sol aride empêche la végétation de se développer, à tel point qu’il n’y a pas de plantes fruitières (Theoph., Hist. pi. 6, 3, 3) ; les champs sont steriles, les ressorts sont secs (Luc. 9, 382-3) ; les Syrtes sont desertae, puisqu’elles confinent avec le Sahara (Aen. 4, 42, cf. Sil. It. 2,63), elles n’abritent aucun établissement humain, elles sont ambiguae car elles sont peuplées de serpents et d’autres animaux venimeux (Luc. 9, 384; 710).

Enfin, les adjectifs que nous avons déjà cités évoquent la présence de population hostiles : barbarae (Hor., Carm. 2, 6, 3; Luc. 1, 440-1 e 10, 447; cf. Dyrae 53), Gaetulae (Hor Carm. 2,20, 15: Syrtisque Gaetulas canorus), Libycae (Ovid. Am. 2, 16, 21: cum domina Libycas ausim perrumpere Syrtes; Claud. Stil. Cos. I, 334: et ratibus Syrtes, Libyam complere maniplis) ; voir aussi Avien. Orb. Terr. 643: vis lat Libyci furit aequoris, una ibi Syrtis) ; les Syrtes sont habitées par les Numides, par les Massyles (Alc. Avit. Carm. 4, 438), par les Barcaei, par les Autololes (Silio It. Pun. 2, 63), par les pirates nasamons (gens Syrtica, navigiorum spoliis quaestuosa dans Curt. 4, 7, 19), les Marmarides, les Garamantes, et même par les Maures ; la côte est battue par la vague maura (Hor., Carm. 2, 6, 3) ; comme on peut le voir, les peuples barbares (d’origine libyenne, déjà adversaires de Carthage et, pendant la période augustéenne ennemis de Rome) sont mentionnés à maintes reprises : les Syrtes sont donc asperae (Serv., ad Aen. 4, 41), horrendae ([Ps.]-Tibull. 3, 4, 91 dit Lygd. Eleg. 4, 91: Barbara nec Scythiae tellus horredave Syrtis), hostiles (Serv., ad Aen. 5, 51), saevae e φοβεραί, terrifiants.

Même le vers de Virgile, dans lequel il rapproche les Syrtes à Scylla et Charybde (Aen. 7, 302 : quid Syrtes aut Scylla mihi, quid vasta Charybdis) et qu’il doit presque entièrement a Catulle (64, 156 : quae Syrtis, quae Scylla rapax, quae vasta Charybdis), souligne le caractère négatif et terrifiant des Syrtes : l’innovation du datif éthique mihi (absent chez Catulle) est fortement chargée de signification et exprime le ressentiment de Junon, comme l’avait déjà observé Servius (ad l.), de n’avoir pas pu arrêter la flotte troyenne avant qu’elle n’atteigne le Tibre (bene ‘mihi ‘ ac si diceret : etiam quae per suam naturam solent nocete, me rogante minime obfuerunt) ; d’où Ovide fast. 4, 499: Effugit et Syrtes et te, Zanclaea Charybdi. Et toujours Ovide dans les Pontica 4, 14, 9: In medias Syrtes.,, mediam mea vela Charybdin. Ce vers, dans lequel Virgile rappelle les trois moments les plus difficiles qu’a dû traverser la lustratio des Troyens, qui durent expier la faute de Laomédon envers Neptune, est repris par Macrobe lequel relève les dispersae querelae (Sat. 4, 2, 5). Le monologue de Junon renvoie de façon explicite aux lamentations d’Ariane, abandonnée à Naxos, dans lesquelles Catulle veut stigmatiser l’ingratitude de Thésée ; le modèle est également repris par Ovide dans les Métamorphoses pour le monologue de Scylla abandonnée par Minos (8, 120). L’adjectif virgilien vasta, à propos de Charybde, est le même que celui qui et utilisé pour qualifier les Syrtes (Aen. 1, 146, cf. Sil. Ital. 1, 408) : le mouvement de la mer est semblable ; cf. Aen. 555-9, où est décrite la traversée de la mer Ionienne devant Charybde (Scylla n’est pas citée, bien qu’elle apparaisse dans la prédiction d’Hélénos à Buthrotum dans Aen. 3, 420-432 e 684) ; le poète essaie d’évoquer la voix de la mer qui bat sur les écueils et sur les plages, les mouvements des bas-fonds et le bouillonnement du sable à proximité de l’implacata Charybdis et des horrenda saxa de la prédiction d’Hélénos (rappelons l’horrenda Syrtis de Tibull. 3, 4, 91).

Ce thème était déjà présent chez Cicéron (De orat. 3, 41, 163) qui établit la relation entre Charybde et les Syrtes et qui considère ce terme comme un équivalent de scopulum, à ne pas utiliser dans un sens métaphorique ; il est largement repris par les poètes de la période augustéenne et il est notamment utilisé par Ovide qui ne parle jamais des Syrtes sans citer en même temps Charybde (Am. 2, 11, 18-20 ; 2, 16, 21-25 ; Fasti 4, 499; Met. 8, 120-1 ; Rem. Am. 739-740 ; Ex Ponto 4, 14, 9) ; pendant la période suivante, le lien est repris par Sénèque qui, toutefois, utilise désormais comme modèle l’Enéide et non pas le Liber de Catulle : nec Syrtes tibi nec Scylla aut Charybdis adeundae sunt (Epist. 31, 9).

Les Syrtes sont associées à d’autres lieux éloignés de l’écoumène, utilisés pour caractériser des voyages difficiles et dangereux : ainsi Horace les compare au Caucase et aux terres baignées par l’Hydaspe, rivière mythique, affluent de l’Indus (Carm. 1, 22, 5-8), ou bien au Bosphore et aux Champs Hyperboréens, mais aussi à la Colchide, à la Dacie et à la Scythie (2, 20, 13-20; voir Ps. Tibull. Lygd. Eleg. 4,91: Barbara vel Scythiae tellus horrendave Syrtis; voir Lucain Phars. I 367: Duc age per Scythiae populos, per inhospita Syrtis ; ou à Gadès et à la région de Cantabrie (2, 6, 1-4) ; enfin, au terme d’une navigation incertaine, à la Crète (Epod. 9, 29-32).

Properce préfère relier les Syrtes au Cap Malée, proverbialement dangereux (saevus) pour les marins, sans lieu d’abordage sûr (3, 19, 7-8). Le thème est repris par Ovide (Ara. 2, 16, 21-26), lequel associe les Syrtes aux Monts Cérauniens de l’Epire (Am. 2, 11, 18-20; Rem. Am. 739-740: Haec tibi sint Syrtes, haec Acroceraunia vita) et à l’Arménie (Mei. 8, 120; cf. le Caucase inhospitalier dans Hor., Carm. 1, 22,7) ; Tibulle (suivi par Lucain 1, 367-8) préfère comparer la Syrte à la Scythie barbare (3, 4, 91 ; cf. Hor., Carm. 2, 20, 20, pour les Gélons de la Scythie). Comme on le voit, ce sont des lieux situés à l’extrême périphérie de l’empire, aux frontières de l’orbis romain. Et dans ce contexte, la lamentation d’Ovide prend tout son sens : depuis son exil dans la lointaine Tomis, il considèrerait un voyage jusqu’ in médias Syrtes comme une libération et il préfèrerait tout autre fleuve, même le terrible Styx, plutôt que l’Ister, le Danube (Ex Ponto 4, 14, 9). Voir aussi Avienus, orb. terr. 162: Cretaeisque iugis vix Syrtes inter oberrans ; Sidon. Carm. 5, 594: Te geminas Alpes, te Syrtes, te mare magnum.

Il faudrait examiner de façon plus précise les passages de l’Énéide qui permettraient peut-être de prouver qu’au cours de leurs pérégrinations les Enéades atteignirent l’extrémité la plus méridionale de la grande Syrte. Dans l’épisode de la tempête (Aen. 1,81 suiv.), après leur départ de Drépane en Sicile, où Anchise avait été enterré, les bateaux d’Enée sont dispersés à la hauteur des îles Eoliennes par les vents qu’Eole, poussé par Junon, déchaîne : la tramontane (Aquilo) frappe la voile du navire d’Enée et soulève les flots jusqu’au ciel ; les rames se brisent et le navire, offrant aux vagues son flanc, est désormais incapable de se diriger ; les vagues se soulevant en masse menacent la stabilité de quelques trirèmes tandis que d’autres sont poussées vers les bas-fonds, où le sable bouillonne (1, 102-7). Le Notus, vent du Sud correspondant à l’Auster, jette trois navires sur les récifs, sur les saxa latentia que les Italiens appellent Arae et qui s’élèvent comme des dos monstrueux sur la mer de Libye (1, 108-110). L’Eurus, vent du Sud-Est (le sirocco donc), pousse trois autres navires (remarquez la triplication rituelle qui se répète) sur les bas-fonds et les entoure d’un mur de sable, ce qui les empêche de naviguer (1, 110-2) ; c’est précisément l’Eurus qu’Enée considère comme le principal responsable de la perte présumée de treize des vingt bateaux (1, 383). Un septième navire, celui qu’Oronte conduisait et qui transportait les Lyciens, reçoit une masse d’eau sur la poupe et il est englouti dans un tourbillon après avoir tourné trois fois sur lui-même (1, 113-9; cf. 584-5) ; à la fin, c’est le seul navire qui aura coulé. Les bateaux d’Ilionée, d’Achate, d’Abas et d’Alétès sont également en difficulté car les vagues provoquent de gros trous sur les flancs ouvrant de dangereuses voies d’eau (1, 120-3) ; certains sont jetés par les Austers (encore Notus) in vada caeca …./…. perque invia saxa, même si les Enéades réussissent ensuite à atteindre le rivage.

Il existe un débat sur la position de la flotte d’Enée pendant la tempête et sur la durée de la navigation vers Carthage, généralement indiquée comme étant d’un seul jour, un espace chronologique tout à fait insuffisant : on préfère donc suivre Servius, qui renvoie à Sisenna (fr. 4 Barabino), mais aussi au premier livre de l’œuvre de Claudius Quadrigarius (fr. 31 Pe.) et au premier livre du De ora maritima de Varron, source de Virgile, et par conséquent identifier les Arae du v. 109 avec les Arae Neptuniae ou Propitiae, écueils entre l’Afrique, la Sicile, la Sardaigne et l’Italie (cités également dans Plin., NH 5, 7, 42) ; c’est sur ces écueils (restes d’une île plus vaste submergée) choisis pour indiquer la limite entre l’empire romain et la zone sous le contrôle des Carthaginois qu’aurait été stipulé l’un des traités entre Rome et Carthage (peut-être celui de 235 av. J.-C., après la conquête de la Sardaigne rappelé par Ennius, Annales et Caton, Origines: ibi Afri et Romani foedus inierunt et fines imperii sui illic esse voluerunt : Serv., ad Aen. 1, 108). On pense généralement que ces Arae Neptuniae serait l’écueil Keith sur grand banc tunisien des Esquerquis, au Sud-Est de Cagliari (10° 57’ de longitude Est ; 37° 50’ de latitude Nord), où les fonds sableux atteignent 4-5 mètres de profondeur et où, lorsque la tempête fait rage, la navigation est difficile, même pour bateaux à faible tirant d’eau comme devaient l’être les trirèmes imaginées par Virgile, à cause des forts courants et quelquefois des vagues déferlantes. Par conséquent, l’expression in brevia et syrtis devrait être considérée comme un hendiadys ou bien comme une épiphrase (in brevia syrtium) qu’il faudrait interpréter comme ‘dans les bas-fonds et dans les bancs de sable’ ou aussi ‘dans les bas-fonds des bancs de sable’ mais, de toute façon, sans un renvoi géographique direct à la Syrte de Libye. On trouve d’ailleurs une utilisation métaphorique dans Aen. 1, 146 lorsque Neptune, après la tempête, dégage les bateaux d’Enée et vastas aperit syrtis, où l’accusatif pluriel est utilisé pour indiquer les bancs de sable ouverts par le dieu qui, de son trident, apaise la mer et levat les autres bateaux jetés sur les rochers (mais l’adjectif vastae, cf. Aen. 7, 302, suggère cependant un lien avec les Syrtes). Ce n’est qu’après avoir été ainsi libérés que les Enéades peuvent se diriger vers les côtes de la Libye et atteindre Carthage (et Libyae vertuntur ad oras, 1, 158). Au sens figuré, toute localité sableuse est pour Servius syrtis (ubi harenosa sunt loca, syrtes vocantur, ad Aen. 5, 192), même si le terme se réfère souvent aux écueils cachés juste sous la surface de l’eau (déjà pour Cic, De orat. 3, 41, 163, c’est l’équivalant de scopulum). 

Dès la période d’Auguste, le vers Aen. 1, 109 est considéré comme suspect et éliminé comme si c’était une glosss; Quintilien estime que c’est un très mauvais exemple de mixtura verborum, également à cause de l’utilisation exagérée de transpositions et d’hyperbates (8, 2, 14; cf. Charis., G.L. 363, 4 Barwick). Mais ce vers est à présent défendu et accepté par les éditeurs modernes même si l’interprétation prédominante soutenue jusqu’à présent montre toute une série de difficultés insurmontables.

Aussi justifiée puisse-t-elle apparaître dans le texte de Virgile, l’hypothèse d’un naufrage qui aurait eu lieu à mi-chemin entre la Sicile et l’Afrique, sur la route pour Carthage, ne peut en réalité être acceptée : d’abord, il faut surement situer la tempête dans la mer de Libye, une expression géographique vague, qui nous conduirait plutôt à proximité des côtes de la Cyrénaïque, (Aen. 5, 789-791 : … Libycis. . . in undis / . . . maria omnia caelo / miscuit, à propos de Junon ; 1, 556 : pontus habet Libyae, à propos d’Enée ; 1, 596: . . . Libycis ereptus ab undis, toujours à propos d’Enée) ; par ailleurs, le fait que la tempête pousse la flotte directement de Drépane jusqu’à la côte libyenne est affirmé par Aen. 3, 715 : hinc me digressum vestris deus appulit oris, à propos d’Eole ; par conséquent, pour atteindre Carthage, Enée doit parcourir un territoire désert (1, 384 : … Libyae deserta peragro; voir aussi 1, 377 : … Libycis tempestas appulit oris).

Della Corte admet que le récit de Virgile donne l’impression que les Arae sont déjà sur la côte africaine et que les Troyens se sont donc échoué sur les bas-fonds sableux, bas-fonds qui ne se trouvent certainement pas dans le banc des Esquerquis, où il y a bien un écueil mais pas des bancs de sable à fleur d’eau sur lesquels les bateaux puissent s’échouer ; donc ni l’action de l’Eurus ( . . . aggere cingit harenae : 1, 112) ni l’intervention de Neptune qui dégage les bateaux ne pourraient s’expliquer. L’indication ab alto d’Aen. 1, 110, opposée à la suivante in brevia, serait plus compréhensible si les bateaux avaient été jetés sur le continent depuis la haute mer. Enfin, il paraît difficile de croire que, pendant la tempête, la flotte se soit entièrement concentrée au même endroit de la Méditerranée, aussi loin de la l’Afrique, du moment qu’Anthée, Sergeste et Cloanthe ont été entraînés vers d’autres plages que celles sur lesquelles Enée avait abordé (1, 512 : … penitusque alias avexerat oras, certainement sur la côte africaine). Et encore plus : on a sous-estimé jusqu’à présent le fait que Virgile, à deux reprises, affirme explicitement que les Troyens ont atteint les Syrtes, dans le golfe le plus méridional de la Méditerranée (5, 192; 6, 60) ; mais si l’on devait vraiment considérer l’expression d’Aen. 1, 111, in brevia et Syrtis urguet (miserabile visu) comme une hendiadys, in brevia et syrtis, pour indiquer les bas-fonds sableux, on ne trouverait pas dans toute l’œuvre un autre passage pouvant, par exemple, justifier l’orgueil de Mnestée qui rappelle, au cours de la régate dans le port de Drépane, que ses compagnons du bateau Pristi ont effectivement navigué jusqu’aux Syrtes gétules : nunc illas promite vires / nunc animos, quibus in Gaetulis Syrtibus usi / Ionioque mari Maleaeque sequacibus undis (Aen. 5, 191-3) ; à ce propos, Servius, qui avait situé les Arae beaucoup plus au large, entre l’Afrique et la Sardaigne, précise : fuisse autem Troianos in Syrtibus ille indicai locus ‘in brevia et Syrtes urget miserabile visu’ (voir aussi ad Aen. 1, 601).

Dans la prière qu’il adresse à Apollon devant la Sybille de Cumes, Enée rappelle qu’il est arrivé jusqu’au peuple des Massyles et aux terres bordant les Syrtes : magnas obeuntia terras / tot maria intravi duce te penitusque repostas / Massylum gentis praetentaque Syrtibus arva (6, 58-60), où praetenta est, pour Servius, l’équivalent de circumfusa, les champs bordant les Syrtes, car incerta sunt illic maria et terrae (et il renvoie à Luc. 9, 308; voir aussi 9, 710 : arva ambiguae Syrtidos). Les Massyles sont cités plusieurs fois dans l’Enéide comme étant un peuple qui n’était pas hostile à Carthage et aux Troyens ; des chevaliers massyles assistent au mariage d’Enée et de Didon (4, 132) ; une prêtresse du peuple des Massyles sur l’Atlas fournit un philtre prodigieux que Didon utilise avant de mourir sur le bûcher (4, 483). Le souvenir de Massinissa peut avoir eu un certain rôle dans cette image plus positive des Massyles ; Massinissa avait unifié le royaume numide au cours des dernières années de la guerre punique, précisément en s’appuyant sur les Massyles qui, selon certains auteurs cités par Servius (ad Aen. 4, 483), sont originaires des Syrtes (bien qu’ensuite dans Aen. 6, 60 il dira que lui-même suppose qu’il s’agit d’une synecdoque pour désigner les Maures).

Par ailleurs, la direction du vent, qui permettra ensuite à Ilionée et probablement aussi à Enée d’atteindre Carthage, suggère à ce dernier d’aborder dans les Syrtes : atque utinam rex ipse Noto compulsus eodem, souhaite Didon dans Aen. 1, 575 ; et Servius précise : aut quovis vento aut re vera Noto, qui de Syrtibus Carthaginem ducit. Et l’Auster (le Notus ou le Libycus Auster), vent du Sud impétueux qui souffle sur le désert libyen et notamment sur la Grande Syrte (Hor., Epod. 9, 31 ; Ον., Am. 2, 16, 22; Luc. 9, 481 ; cf. Prop. 2, 9, 33-4 ; pour le turbidus Auster correspondant qui souffle pelago e litore sicco, cf. Luc. 1, 498; 9, 320 e 448 ; voir Sénèque Ag. 480 : Libycusque harenas Auster ac Syrtes agit) permet aux bateaux de sortir du golfe, contrairement à Borée c’est-à-dire Aquilon qui le pousse ver l’intérieur (Aen. 1, 102; cf. Stat., Theb. 8, 410 et Acta Apost. 27, 12-17) ; pendant la tempête, le changement de vent et l’intervention de l’Euros (le sirocco), le Notus (auster) et l’Africus (libeccio), qui sont tous des vents du Sud, a lieu quand la flotte d’Enée est déjà profondément entrée dans la Syrte. C’est ce qui se passe dans Aen. 5, 33, où le vent qui a permis aux navires de sortir du Golfe de Carthage, après la tempête de l’Aquilon, se transforme en ponant (Zephyri) lorsqu’il atteint la Sicile.

Selon les spécialistes et selon Della Corte, l’épisode de la tempête est fortement conditionné par la lecture du cinquième livre de l’Odyssée dans lequel l’auteur imagine une tempête provoquée par Poséidon avec l’Eurus, le Notus, le Zéphyr et le Borée qui assaillent le navire d’Ulysse au large de l’île des Phéaciens : Virgile rappelle effectivement l’Eurus et le Notus (Aen. 1, 86-7), l’Aquilon qui est l’équivalent du Borée (1, 102) et le Zéphyr (1, 131) ; il ajoute cependant l’Africus, vent du Sud-Ouest qui correspond au Libeccio (1, 86-87), suivant de plus près Homère en ce qui concerne la description du port de Carthage, que les Troyens atteindront plus tard.

Virgile a certainement utilisé aussi Naevius et Strabon; cependant, comme l’a déjà remarqué Macrobe (Sat. 5, 17, 4-6), il faut chercher une référence plus significative dans le quatrième livre des Argonautiques d’Apollonios de Rhodes, écrit immédiatement après l’unification de l’Egypte et de la Cyrénaïque en 246 av. J.-C., et certainement utilisé pour la partie concernant la tempête qui jettent le bateau de Jason sur les Syrtes (4, 1223-76). Lucain dans la Pharsalia écrit que les Syrtes vont jusqu’à Paraetonium 3, 295 : usque Paraetonias eoa ad litora Syrtis; voir 5, 536: Perque Paraetoniae celebratum litora Syrtis mais c’est de la région côtière qu’il s’agit : Lucain Phars. 9, 312 : Olim Syrtis erat pelago penitusque natabat. Voir aussi Phars. 9, 317 : Tellus Syrtis erit ; nam iam brevis una superne. Après avoir dépassé Scylla et Charybde, les Argonautes atteignent Δρεπάνη, Corfou, où, dans le palais d’Acinoos est célébré le mariage de Médée ; il repartent sept jours plus tard. Au contraire, après avoir enterré Anchise, les Troyens partent de l’homonyme Drépane en Sicile ; c’est encore de Corfou que Caton partira après la bataille de Pharsale ; après avoir atteint la Cyrénaïque, il est repoussé par une tempête et il traversera les Syrtes par voie de terre.

Une tempête déchaînée par le Borée (4, 1232), équivalent de l’Aquilon d’Aen. 1, 102, au Sud du golfe d’Ambracie et au large des Monts Cérauniens, entraîne Jason et ses compagnons pendant neuf jours et neuf nuits vers les territoires de la Libye, jusqu’à ce qu’ils pénètrent profondément dans le golfe de la Grande Syrte, au point le plus méridional (le μυχός), d’où les bateaux ne peuvent plus repartir (4, 1234-5). Poussée par une grosse vague, l’Argo s’échoue dans le sable, probablement à proximité des Φιλαίνων Βωμοί, c’est-à-dire des Arae Philaenorum (rappelons les Arae d’Aen. 1, 109). Ovide reprend l’itinéraire des Argonautes ; il cite Scylla, Charybde, les Monts Cérauniens de l’Epire et enfin le golfe des deux Syrtes : quo lateant Syrtes magna minorque sinu (Ovid. Am. 2, 11, 17-20; cf Rem. Am. 739-740). C’est également sur cette route mythique que voyage Cérès sur les traces de Proserpine (Fasti 4, 499). Ces thèmes se répètent également dans les Argonautiques de Valerius Flaccus (les Syrtes sont citées dans 4, 716 et dans 7, 86).

Apollonios de Rhodes, né en Egypte, à Alexandrie, donne une description complète et détaillée de la Grande Syrte, description qui est confirmée par les autres observateurs anciens et modernes : certains ont pensé à une connaissance directe de ce territoire, d’autres ont supposé une médiation de Callimaque. Partout, dans la mer des Syrtes de nombreux hauts-fonds sont présents et, sur le fond recouvert de tas d’algues, l’écume des vagues déferle sans bruit ; le flux et le reflux est incessant sur la côte ; la terre basse et sableuse s’étend à l’infini, de façon uniforme jusqu’à l’horizon, se confondant à perte de vue avec le ciel ; on ne peut pas puiser d’eau (les Argonautes ont faim et soif) ; il n’y a ni routes, ni animaux, ni oiseaux ; une paix silencieuse y règne (rappelons la deserta regio di Aen. 4, 42, cf. Sil. It. 2, 63 ; voir aussi les Syrticae solitudines de Plin., NH 8, 11, 32 et également l’expression fruens casto silentio Syrtium de Prud., Cathem., Hymnus 7, 30). Ici le vent et le courant heurtent l’Argo ; à la marée basse, seule la base de la quille reste dans l’eau (4, 1232-50 et Schot, ad. 1235). D’autres détails de la côte désertique sont décrits par le nocher Ancée, qui se plaint désespérément parce qu’il a bien compris qu’en aucun cas il ne pourront repartir à cause de la marée basse, même si le vent de terre, le sirocco, soufflait ; il faut même s’étonner que le bateau ait pu atteindre la côte alors qu’il aurait pu se briser au large (4, 1261-76).

Il a été démontré qu’Apollonios de Rhodes mélange deux tradition cyrénaïques différentes remontant respectivement à Hérodote (4, 179) et à Hésiode (fr. 241 Merk. -West); Virgile a certainement utilisé les Argonautiques, même si, pour l’épisode de la tempête, il y fait allusion de manière approximative, utilisant peut-être des informations plus récentes en sa possession. Le poète ne précise pas le point exact de la côte sur lequel les Troyens parviennent enfin à toucher terre ; pourtant la référence aux Arae dans Aen. 1, 109 est précieuse : on peut maintenant penser à juste titre qu’il s’agit des Arae Philaenorum, un toponyme indiquant une localité côtière et correspondant au toponyme grec Φιλαίνων Βωμοί, d’origine cyrénéenne et à un autre toponyme sémitique d’origine carthaginoise, qui n’a pas été conservé ; ceci pourrait alors expliquer l’attribution au Italiens du toponyme Arae affirmée par Virgile et à propos de laquelle Servius observe justement : non qui Italia nati sint, sed qui latine loquantur (ad l.).

On connaît bien la légende du sacrifice des deux frères Philènes qui quittèrent Carthage pour participer à une compétition tragiquement terminée ; ils se laissèrent tuer pour marquer, avec leur tombe, une limite à l’expansionnisme grec, assurant ainsi à leur patrie un territoire plus vaste ; Salluste présente cet événement dans le Bellum Iugurthinum (79, 1 sgg.) : le sépulcre des deux héros marque la limite entre la Cyrénaïque grecque et l’empire carthaginois : quem locum Aegyptum vorsus finem imperii habuere Carthaginienses (19, 3) ; mais une vérification de l’étymologie du toponyme grec suggèrerait que ce récit est légendaire.

Les sources font une distinction entre le port (έπίνειον) et le village situé plus à l’intérieur (oppidum, κώμη) : selon ces indications, Goodchild avait déjà situé les Arae Philaenorum à Ras Ali ; du même avis, Stucchi a pu préciser l’emplacement topographique de l’accostage (atterrissage) par rapport au village, situant ce dernier sur le site de l’actuel Graret Gser et Trab. Cette localité est située à environ 250 km de Benghazi (2000 stades pour le Stadiasmus Maris Magni §§ 84-5) et à 550 km de Lepcis (4006 stades, corrigé en 3090, ibid.) : c’est vraiment le point le plus profond de la Grande Syrte, le fabuleux μυχός, la dernière Syrtis selon une relecture de Cic. De suppliciis 157 ; c’est, dans la période augustéenne, la limite entre la Cyrénaïque et la nouvelle province de l’Afrique Proconsulaire, créée après la suppression du Royaume de Numidie et l’unification des territoires africains décidée à la fin de la république. 

Sur la mer, il y a encore aujourd’hui des hauts-fonds, des écueils, des îlots pouvant représenter un grave danger pour la navigation, en particulier si la mer est agitée.

Donc, si les Arae vers lesquelles se dirigent la flotte d’Enée sont situées sur la côte africaine, il faudra, à plus forte raison, comprendre l’expression d’Aen. 1, 111 in brevia et Syrtis non pas comme une métaphore mais plus exactement, comme Servius, in brevia Syrtium, avec toutefois une référence spécifique aux deux Syrtes, ce qui s’explique alors pourquoi le scholiaste a jugé nécessaire de reprendre, en l’adaptant, une expression de Salluste Syrtium sinus sunt pares natura impares magnitudine (Bellum lug. 78, 1-3) ; de toute évidence, cette expression suggère que les Troyens ont débarqué sur la côte syrtique, à une distance non précisée de Carthage qui était alors en construction comme pendant la période d’Auguste. Il est surprenant que cette tradition se soit poursuivie au moins six siècles après Virgile.




Presentazione dei 6 numeri di Libya antiqua (2011-18), Rivista annuale del Dipartimento delle antichità della Libia.

Attilio Mastino
Presentazione dei 6 numeri di Libya antiqua (2011-18),
Rivista annuale del Dipartimento delle antichità della Libia
(Annual of the Department of Antiquities of Libya)
Macerata, 26 novembre 2019

Cari amici,

presentare qui a Macerata grazie alla cortesia di Maria Antonietta Rizzo Di Vita e di Mustafa Turjman, questi splendidi sei numeri della serie di “Libya antiqua” significa innanzi tutto richiamare lontani rapporti che mi hanno legato a Lidio Gasperini, Gianfranco Paci, Silvia Maria Marengo, Antonino Di Vita, a tanti amici italiani, libici, stranieri. Tornare ad esempio a quelle luminose giornate di Tor Vergata e di Frascati nel lontano dicembre 1996 ed alle mie conclusioni al convegno su Cirene e la Cirenaica nell’antichità, dove avevano parlato tra gli altri Joyce Reynolds, Marc Mayer, Donald White, José María Blásquez, Patrizio Pensabene, Isabel Rodà, Nicola Bonacasa, André Laronde e Giovanni Geraci.

Mohamed Fadel Alì aveva presentato le straordinarie scoperte in corso nella necropoli di Giarabub, che grazie alle particolari condizioni climatiche, ci avevano conservato i corredi funerari e le testimonianze tessili del vestiario, con una policromia straordinaria e sorprendente (Intervento conclusivo, in Cirene e la Cirenaica nell’antichità, Atti del Convegno internazionale di studi, Roma-Frascati 18-21 dicembre 1996, a cura di L. Gasperini e S.M: Marengo, Edizioni TORED, Tivoli 2007, pp. 815-821). Allora non lo sapevamo, ma quello sarebbe uno degli ultimi incontri sull’archeologia cirenaica, 11 in tutto, dopo quello di Roma del novembre 1987 presso l’Accademia Nazionale dei Lincei (1990), quello di Urbino del luglio 1988, quello libico sul silfio del 1989, quello di Cambridge del 1993 e quello di Macerata del maggio 1995. Una serie davvero fortunata e ricca di risultati, conclusa ancora ad Urbino per il cinquantenario nel 2006 con l’XI incontro (Cirene Atene d’Africa) organizzato da Mario Luni, pubblicato sulle Monografie di archeologia Libica, ricordando Gaspare Oliverio, Giacomo Caputo, Gennaro Pesce, Sandro Stucchi, con negli anni successivi i bei volumi per il centenario di scavi a Cirene.

In quel 1996, a ottobre, io stesso avevo tracciato un bilancio su L’Archeologia italiana nel Maghreb e nei paesi del Mediterraneo occidentale nella Conferenza annuale della ricerca del CNR (21-25 ottobre 1996, Roma, Italia. Roma, Accademia nazionale dei Lincei. p. 581-629, Atti dei convegni Lincei, 13, Roma 1998, pp. 581-629): rileggendo quelle pagine mi sono accorto come il grandioso quadro delle missioni italiane in Libia si sia certo frammentato ma non si sia semplificato, anzi sia divenuto più complesso, quasi in parallelo col quadro di insicurezza e addirittura di guerra in alcune aree del paese.

Per me essere qui oggi significa ricordare i tanti amici e colleghi scomparsi, alcuni coinvolti nella nostra impresa de L’Africa Romana come Lidiano Bacchielli (1947-96), la cui prematura scomparsa vent’anni fa ancora ci commuove: di Lidiano conservo un ricordo prezioso, il suo soggiorno in Sardegna appena concluso il concorso che lo aveva portato in cattedra ad Urbino. Un sorriso aperto e leale, una grande gioia di vivere, una serie di progetti straordinari, nei quali pensava di coinvolgerci tutti. E un grande dolore per averlo perduto.

Nel maggio 2003 ero stato a Roma per l’incontro su La Libia nella storia del Mediterraneo, con il volume curato da S. Hasan Sury e Salvatore Bono (Atti del Convegno Roma, 10-12 maggio 2003, a cura di S. Hasan Sury e S. Bono, in “Africa”. Rivista trimestrale di studi e documentazione dell’Istituto Italiano per l’Africa e l’Oriente, LXIII,2, giugno 2008, pp. 156-172), per l’ISIAO Istituto Italiano per l’Africa e l’Oriente, che aveva assorbito il vecchio Istituto Italiano per l’Africa (di cui ero stato borsista), Istituti poi affrettatamente liquidati e trasformati in Associazione, presieduto inizialmente dall’amico Marco Mancini Presidente della CRUI: con Raimondo Zucca avevamo ripreso il tema a Tozeur per il XV convegno de L’Africa Romana nel dicembre 2004, partendo da Apollonio Rodio e dalla geografia mitica della Libia per arrivare alle grandi scoperte degli ultimi anni (La Libia dai Garamanti a Giustiniano, in L’Africa romana XV, a cura di M. Khanoussi, P. Ruggeri e Cinzia Vismara, Tozeur 2002, Roma 2004, pp. 1995-2024, anche in Infomedi, Informazione on line del Mediterraneo, 12 gennaio 2007).

Nel luglio 2011 infine ci eravamo ritrovati a San Leucio di Caserta per il Convegno promosso da Serenella Ensoli sulla salvaguardia del patrimonio culturale della Libia (For the Preservation of the cultural Heritage in Libya. A Dialogue among Institution, con un intervento su Tripolitania e Cirenaica: un futuro per il patrimonio (Kyrana, Libya in the ancient World, 1), edito a Pisa e Roma proprio da Fabrizio Serra nel 2012 (pp. 25-26). A Caserta era arrivato affannato da Cirene Mohamed Fadel Alì, utilizzando mezzi di fortuna per raggiungerci.

Già allora avevamo parlato del disastro libico dopo il bombardamento del marzo 2011, poche settimane prima della morte di Mu’ammar Gheddafi (avvenuta il 20 ottobre), seguita due giorni dopo da quella di Di Vita: allora avevo rievocato l’emozione del lungo viaggio compiuto anni prima con Raimondo Zucca, Piero Cappuccinelli, Salvatore Rubino, a Cirene, Sabratha, Tripoli, l’antica Oea, Tagiura, Leptis Magna, dove rimane evidente e visibile l’orma imponente dell’imperatore Settimio Severo e dei suoi figli; in quell’occasione a Sabratha (a settembre 2008) avevamo incontrato Nicola Bonacasa allora nel comitato di direzione della Rivista Libya antiqua e Rosa Maria Carra, con i loro colleghi libici e i loro allievi, che scavavano ai piedi del mausoleo punico-ellenistico B, con questi leoni inquadrati da sorta di cornice lapidea che mi hanno fatto ritrovare, quelli, ben più tardi, di Sulki in Sardegna, studiati nel 1993 da Serena M. Cecchini ed ora da Piero Bartoloni, che li collega ad una porta urbica.

Momenti che si sono incrociati con le drammatiche vicende politiche e militari di una Libia insanguinata e divisa dopo l’apogeo di Gheddafi, minacciata prima dal Daesh poi dagli scontri tra governi diversi. Sui numeri del 2014 e del 2017 la rivista “Archeologia Postmedioevale” diretta a Sassari da Marco Milanese ha pubblicato il saggio Combattere a Leptis Magna: archeologia della Guerra di Libia, con le ricognizioni archeologiche fortunosamente effettuate da Massimiliano Munzi, Fabrizio Felici, Andrea Zocchi che hanno dovuto confrontarsi con le precarie situazioni di sicurezza degli ultimi anni e con i gravissimi danni inferti dai bombardamenti Nato, dalla guerra tribale, a Sirte capitale dell’Isis, a Bengasi e Derna, ora a Tripoli. A farne le spese sono stati soprattutto i marabout e i monumenti islamici sunniti, ma lo sguardo degli autori torna indietro a Koms alla guerra italo-turca e ancora oltre. Speriamo che il Dipartimento libico voglia tradurre i due articoli in lingua araba. Ne hanno fortemente risentito in questi anni anche altre iniziative culturali, altre riviste, come i “Quaderni di archeologia della Libia” dell’Erma di Bretschneider ripartiti con difficoltà dopo il volume 18 del 2003 dedicato a Lidiano Bacchielli, il volume 20 curato nel 2009 da Di Vita sul Mausoleo Punico-Ellenistico B di Sabratha, arrivati ora ai volumi 21 nel 2018 (curato da Charlotte Rouechè e David Mattingly) e 22 curato da Luisa Musso, ormai pronto per la stampa.

Del resto già trent’anni fa – al Convegno di Frascati – assistevamo alle mille difficoltà affrontate dal popolo libico, alla perdurante interruzione dei collegamenti aerei e ai difficili rapporti politici tra Europa e mondo arabo. Poi la violenta rivoluzione, la frammentazione del territorio, le lunghe sofferenze del popolo libico fino ai nostri giorni.

Ma, al di là dei ricordi personali però volevo dire quanto siano importanti e coraggiosi questi sei numeri arretrati di questa rivista iniziata nel 1964, interrotta al XVI numero, ripresa nella nuova serie tra il 1995 e il 1998, poi nel 2010, volumi che colmano un vuoto drammatico, che testimoniano la fedeltà ad una scelta culturale ed etica, perché nel corso di questi anni c’è stato chi, nonostante la guerra, ha continuato a lavorare per il patrimonio, ha messo al sicuro cimeli preziosi, ha riordinato gli archivi, ha protetto musei e siti archeologici, ha continuato a guardare al futuro comune, che unisca le due rive del Mediterraneo, con sacrifici personali, rischi inenarrabili, coraggio senza uguali.

Lasciatemi dire l’ammirazione per questo impegno e la sorpresa per la quantità di informazioni che ora vengono raccolte e offerte alla comunità scientifica. Grazie per il suo straordinario impegno all’Editore Fabrizio Serra, che oggi è con noi.

Come ha recentemente scritto l’amico David Mattingly sui Libyan Studies (Journal of the Society for Libyan Studies n. 48 del 2018), “Lybia Antiqua” è la rivista dello Stato di Libia e del Dipartimento di Antichità della Libia e una pubblicazione essenziale per tutti coloro che si interessano al patrimonio archeologico della Libia.  Il ricchissimo contenuto dei nuovi volumi deve molto all’accuratezza, l’ingegno e la perseveranza degli editori. La rivista originale venne fondata da Antonino Di Vita, Richard Goodchild e Aissa el-Ashwed, ed è stato di Vita ad avere un’influenza fondamentale nelle varie fasi della sua rinascita. Il suo personale impegno per la rivista appare evidentissimo e nella sua edizione riveduta un ruolo fondamentale è stato adesso giocato da Maria Antonietta Rizzo Di Vita. Al suo fianco, gli altri redattori guidati dal Direttore del Dipartimento di Antichità di Tripoli, Mohamed Faraj Mohamed Alfaloos e da Nicola Bonacasa. Una speciale menzione va poi rivolta ai contributi di Mustafa Turjman e di Fatima Bahni. La maggior parte dei contenuti dei volumi dal VI all’XI riguarda i reports sul campo delle diverse missioni internazionali che hanno svolto le proprie ricerche nel periodo successivo al 2009, per quanto ci sia anche una breve sintesi sul lavoro di Wilson sulle Eusperidi dal 1999 al 2006.

Macerata si è guadagnata il primato delle ricerche in Libia, confrontandosi alla pari con agguerrite équipes di ricerca italiane (Sapienza, Jebel Garbi, direttore B. Barich), Urbino, Chieti, Palermo, Messina, Catania, Roma Tre, Seconda Università di Napoli, Bari, CNR; ma anche libiche, francesi (Università della Sorbona: Apollonia, Latrun, Leptis – terme, sotto la direzione di Vincent Michel; ricerche epigrafiche direttore C. Dobias Lalou a Paris IV), inglesi, Society of Libyan Studies (Cirenaica, Euesperides) direttore A. Wilson, University of Oxford (costa Marmarica) direttore E. Hulin, University of Cambridge (Cirenaica, Gebel Akhdar) direttore G. Barker, Society of Libyan Studies (Sahara libico) direttore D. Mattingly; Missioni tedesche Università di Monaco (Tripolitania, Gheriat el-Garbia) direttore M. Mackensen; Istituto archeologico Germanico Berlino (Tolemaide) direttore U. Wulf-Rheide, Università di Mainz (Tolemaide), coo-direttore T.M. Weber; Università di Amburgo (Budrinna) direttore H. Ziegert, Missioni americane Università di Oberlin in Ohaio (Cirene e Cirenaica) direttore S. Kane, Missioni polacche Università di Varsavia (Cirenaica, Tolemaide) direttore K. Lewartowski, perfino missioni giapponesi, Università di Tsukuba presso Tokio (tutela e valorizzazione), direttore K. Hidaka.

Del resto abbiamo visto quanto lavoro sia stato affrontato sfogliando le recenti pubblicazioni, gli Scritti Africani di Antonino Di Vita, curati da Maria Antonietta Rizzo Di Vita e Ginette Di Vita Evrard oppure la straordinaria 40° monografia di archeologia libica pubblicata tre anni fa da L’Erma di Bretschneider dedicata ai 45 anni di ricerche in Libia dell’Ateneo di Macerata (Macerata e l’archeologia in Libia. 45 anni di ricerche dell’Ateneo maceratese, a cura di Maria Antonietta Rizzo, Quaderni di archeologia libica, XL, L’Erma di Bretschneider, Roma 2016). Opere che con Giorgio Rocco abbiamo presentato a Roma all’ Istituto Nazionale di Studi Romani, 6 ottobre 2016, che hanno rafforzato i legami tra gli studiosi e che in qualche modo hanno potuto rilanciare le attività delle équipes di ricerca libiche, italiane, internazionali operanti in Libia tra mille difficoltà.

L’opera su Macerata e la Libia, volume ricchissimo, che attraverso tanti punti di vista, attraverso le parole dei colleghi e degli allievi, attraverso le immagini della Libia di oggi, consente di capire in profondità, di scavalcare questi decenni, di ricostruire un percorso lungo faticoso fatto di sacrifici personali, di fatiche fisiche che possiamo solo immaginare, di polemiche scientifiche, soprattutto permette di avere un quadro di quella che è davvero l’eredità lasciata da Antonino Di Vita, un gigante dei nostri studi e insieme un maestro capace di stimolare, creare curiosità e interesse tra i giovani, mobilitare risorse e forze nuove fino agli ultimi giorni, fino alla guerra sanguinosa che la Libia sta ancora vivendo in una interminabile fase post-coloniale.

Sugli Annali di Macerata il giovane Di Vita aveva pubblicato nel lontano 1971 un’acuta riflessione su Fenici e Puni in Libia, dove si sottolineano i rapporti più antichi con il mondo miceneo da un lato e dall’altro il saldo possesso delle coste della Tripolitania da parte della Cartagine ellenistica, pervasa da influssi alessandrini. Le sue grandi imprese africane testimoniano capacità organizzative e direzionali non comuni, che bene si sono manifestate negli anni in cui fu Rettore dell’Università di Macerata tra il 1974 e il 1977, quando fu nominato direttore della Scuola Archeologica Italiana di Atene, un incarico che sembrava assorbirlo interamente; gli Scritti Africani ci avevano restituito lo studioso e fatto scoprire un mondo colorato e emozionante, che abbiamo ritroviamo in tante pagine nelle quali sono pubblicate tante foto originali, molte recuperate negli ordinatissimi archivi del Centro di documentazione e ricerca “Archeologia dell’Africa Settentrionale A. Di Vita” di Macerata.

Oggi la crisi internazionale continua ad essere drammatica, anzi è nata una nuova frontiera che come ai tempi delle Arae Philenorum separa Cirenaica e Tripolitania, con minacce dirette su Tripoli; sappiamo della presenza di terroristi e di truppe straniere, di eserciti contrapposti in una Libia da tempo orfana di Gheddafi, sempre negli occhi l’immagine della stazione aeroportuale di Tripoli completamente devastata o l’auto Wolkswaghen del colonnello sventrata nella prima sala del museo archeologico del castello rosso di Tripoli.

Ora questi sei numeri della rivista Libya antiqua, dal VI all’XI (2011-18), Rivista annuale del Dipartimento delle antichità della Libia (Annual of the Department of Antiquities of Libya) editi da Fabrizio Serra tutti dopo i 2016, diretti da Mohamed Faraj Mohamed Alfaloos e Maria Antonietta Rizzo Di Vita, grazie all’impegno di un comitato scientifico internazionale, contengono decine di articoli per oltre 1100 pagine con i bellissimi riassunti in arabo (oltre 250 pagine) firmati dal nostro Mustafa Turjman: un impegno, ma anche la testimonianza forte della volontà di aprire canali di dialogo paritario, partendo dal rispetto per la cultura araba, dal desiderio di costruire relazioni solide, con l’aspirazione ad un futuro di pace. Dice Mattingly che l’uscita quasi in simultanea di tanti volumi gli ha lasciato l’impressione della proverbiale colonna di autobus londinesi a lungo attesi dai passeggeri in attesa alle fermate. Del Comitato scientifico fanno parte tanti nomi che ci sono cari, Barbara Barich, Paul Bennett, Ginette Di Vita Evrard, Anna Maria Dolciotti, Serenella Ensoli, Mohamed Ali Frakroun, Salvatore Garraffo, Giuma Garsa, Ereis E. Gatanashm Khalil Abdel Hadi, Salah Hattab, Susan Kane, Kamiziers Lewartowski, Michael Mackensen, David J. Mattingly, Olivia Menozzi, Vincent Michel, Gilberto Montali, Luisa Musso, Toufeq Nael, Elisa Chiara Portale, Giorgio Rocco, Ramadan Shebani, Mustapha Turjman, Hafed Walda. Nell’ultimo numero, quello del 20198, XI della serie, nel Comtato Scientifico compare ancora il nome dell’amico carissimo che abbiamo recentemente perduto Sebastiano Tusa, morto in Etiopia il 10 marzo scorso, nel tragico incidente aereo, nel corso di una missione internazionale Unesco. Oggi lo ricordiamo con affetto e rimpianto. Nei giorni del dolore, mi era venuta in mente la commozione di Antonino Di Vita per la scomparsa nel febbraio 1973 di tre suoi amici libici in un altro lontanissimo incidente aereo, tra Tripoli e Il Cairo, Awad Mustapha Saddawaya, Presidente del Dipartimento per le antichità, laureato a Liverpool, Aissa Salem el-Aswed, direttore di ricerca e capo dei rapporti con le missioni straniere segretario di redazione di Libya antiqua <<il caro, dolcissimo amico, così tragicamente e immaturamente scomparso>>, Mohamed Fadil el-Mayar, aiuto controllore delle Antichità di Cirenaica. Era stata l’occasione per esprimere il compianto più cocente per gli amici così tragicamente <<strappati agli affetti, al lavoro, alla Patria>>.

Oggi posso dire che il testimone è stato pienamente raccolto e il quadro che scaturisce ora da queste oltre mille pagine non è certo una deludente visione di aspetti settoriali dispersi nel mare magnum dell’antichità, quanto un affresco grandioso delle diverse civiltà antiche che si sono succedute nella Cirenaica, nella Tripolitania, nel Fezzan, perché questa rivista spazia da un’area all’altra, supera le frontiere interne e le divisioni tribali, raccoglie notizie che sarebbero andate perdute per sempre, è aperta ai contributi internazionali di tutti, accompagna le grandi imprese che, sia pur con interruzioni e problemi organizzativi, continuano ancora in questi giorni. Del resto tutti i contributi si sono diffusi non certo su aspetti secondari delle testimonianze antiche di questa regione, bensì su elementi basilari per la ricostruzione storica: metodi e tecniche tra i più diversi e insieme capaci di integrarsi in una visione unitaria.

Presentando a Tunisi questa rivista al XXI Convegno de L’Africa Romana, il nostro amico Mustafa Turjman ha osservato che l’impegno di ricerca delle Università italiane è continuato nonostante le guerre in corso: con l’ultimo volume pubblicato nel 2018, l’XI, acquisiamo l’importante articolo di Nicola Bonacasa e degli altri colleghi palermitani sulle Attività della missione archeologica dell’Università di Palermo a Sabratha e Cirene negli anni 2009-2014; abbiamo la sintesi su Gli edifici termali di Sabratha di Rosa Maria Carra, e poi le fattorie fortificate, le iscrizioni paleocristane della cirenaica (C. Dobias, K. El Haddar).

In questi giorni va in stampa il volume XII del 2019, ricco di molti contributi significativi che oggi non mi è possibile presentare compiutamente, ma che ho potuto vedere in anteprima con l’impressione fortissima di un impegno crescente fatto di passione, di competenza, con mille sorprese. Sergio Aiosa discute del programma figurativo dei rilievi scultorei del pulpitum del teatro di Sabratha; Giuseppe Mazzilli torna sulle ricerchhe di Pietro Romanelli e Renato Bartoccini nella Basilica Severiana a Leptis Magna (1922-1928). Francesco Tomasello ricompone i rivestimenti parietali nell’insula 16 della Regio III di Leptis Magna; Marina Cappellino torna allo stabilimento ternale della villa dello Uadi Yala a Silin; Anna Maria Dolciotti, Alessandra Loglio, Giovanni Siracusano allargano all’archeozoologia con le indagini nel “Tempio Flavio” di Leptis Magna; S. Schmid, Michael Mackensen and M. Stephani, sulla torre di osservazione romana Gheriat el-Garbia; Enzo Catani, E. Cozzoni, Emanuela Stortoni, riprendono le ricerche dell’Università di Macerata nell’area di Suani el-Abiad; A. Santucci, P. Lassandro, M. Zonno, applicano la tecnica 3D allo spazio funerario della tomba N83 di Demetria a Cirene; M. Kacher ricostruisce le attività del porto di Tripoli tra VII e VIII secolo. Continuano ad essere preziose le News che raccolgono notizie che sarebbero andate perdute, come ora le tombe di Zliten o di Gargaresh (notizie firnate da A. Aghfyiar, A discovery of a tomb in Caam Zliten; R. Shebani, A discovery of a tomb in Gargaresh).

Se guardiamo all’insiene della collezione, il risultato che oggi presentiamo non era scontato: nonostante le lunghe pause causate dalla guerra e dagli avvenimenti politici, ben più che altre riviste straniere, ora colpisce la capacità di spaziare su aree differenti di una Libia politicamente disgregata e divisa, anche se una qualche autorità il Dipartimento delle antichità della Libia deve pur aver mantenuto con accordi che, forse sbagliando, immaginiamo esistere tuttora al di qua e al di là dei fronti contrapposti, con gli stipendi pagati ai funzionari, con una qualche forna di coordinamento nazionale che comunque sembra sopravvivere, per volontà del Governo di Tripoli.

La Tripolitania continua ad essere studiata nell’ambito della missione della Università di Macerata diretta da Maria Antonietta Rizzo tra Sabratha e Leptis. Già nel volume VI si presenta una sintesi dei lavori svolti a a Sabratha e Leptis, con la totale digitalizzazione degli archivi del Centro di documentazione e ricerca “Archeologia dell’Africa Settentrionale Antonino Di Vita” di Macerata. I contributi delle attività svolte tra il 2009 e il 2014 sono a firma anche di Silvia Forti, Monica Livadiotti, Giuseppe Mazzilli, Gilberto Montali, Maria Ricciardi, Giorgio Rocco, con le bellissime immagini e i nuovi dati dal foro, dalla curia, dal tempio della Magna Mater, dall’anfiteatro, dalla via colonnata; a Leptis dal circo e dall’anfiteatro; poi le tombe della Gorgone e del defunto eroizzato nell’area funeraria sacra di Sidret el Balik a Sabratha. Nello stesso volume Sergio Aiosa dell’Università di Palermo presenta l’area a Nord del Tempio di Ercole e la casa della piscina a Sabratha tra il 2009 e il 2010. Mohamed Faraj studia l’Oea-Tripoli in età romana e bizantina.

Nel VII volume si presentano i risultati della missione dell’Università di Roma Tre su Leptis e il suo territorio diretta tra il 2009 e il 2014 da Luisa Musso (con il contributo di Donatella Baldoni, Fabian Bartoni, Benedetta Bessi, Fulvia Bianchi, Matthias Bruno, Laura Buccino, Barbara Davidde Petriaggi, Fabrizio Felici, Mufttah al-Hadad, Massimiliano Munzi, Roberto Petriaggi, Ramadfan Shebani, Isabella Sjöström, Andrewa Zocchi): sondaggi sul territorio di Leptis, restauro nella Villa Silin sul mare, cimeli dei musei di Tripolitania, digitalizzazione dell’archivio, Uady Greyma, Funduk Ngaza, verso la linea di penetrazione per il Fezzan. Daniela Baldoni dà un quadro dei risultati della ricognizione nei Musei della Tripolitania orientale alla fine del primo conflitto armato nel dicembre 2011.

Tra gli articoli: Anna Maria Dolciotti, Paolo Mighetto, Francesca dell’Era e Alessandra Loglio presentano i risultati degli studi del Tempio della Gens Flavia a Leptis Magna; con Massimo Limoncelli si allarga l’indagine al tema architettura e informatica per lo stesso monumento.

Il cimitero bizantino nel cortile interno della Scuola d’arte islamica e d’artigianato di Tripoli è presentato da Ramadan Shebani e Areej Smaida, che ci portano ad un luogo che amiamo, legato alle memorie di un mio lontano parente, il celebre artista sardo Melkiorre Melis, primo direttore della Scuola negli anni di Italo Balbo. Nei cortili continuano a vedersi le memorie di quel tempo, con le mille mattonelle figurate.

Nell’VIII volume Francesco Tomasello presenta le ricerche dell’Università di Catania a Leptis Magna tra il 2009 e il 2014, la Basilica di Traiano e il quartiere decumano. Per gli stessi anni Salvatore Garraffo sintetizza l’impegno del CNR per lo studio e il restauro del Tesoro di Misurata.

Torniamo a Leptis Magna con Luisa Musso, Laura Buccino, Donato Attanasio, Matthias Bruno, Walter Prochaska che alla luce dei nuovi dati archeomnetrici studiano il marmo e la scultura (Marmo e scultura a Leptis Magna: un’analisi alla luce di nuovi dati archeometrici, vol. IX). La catacomba e le aree funerarie cristiane sono presentate da Emma Vitale. Antonella Mandruzzato lavora ad una riedizione delle pitture parietali di età romana nelle domus private di Sabratha.

Sul X volume Anna Calderone ed Elisabetta Trammontana presentano le ricerche dell’Università di Messina a Leptis Magna, tra urbanistica e territorio; segue Massimiliano Munzi con l’albergo degli scavi a Leptis. Nell’XI volume l’équipe di Palermo si concentra sul tempio di Serapide a Sabratha e sulle terme.

Autonomamente il Dipartimento di Antichità della Libia ha scavato all’interno delle necropoli di Leptis, di Sabratha oltre che di Sirte, con nuove scoperte di tombe romane effettuate in Tripolitania nel corso degli ultimi difficili anni: Mahomed Faraj, Historical-archaeological study of Oea (Tripoli) sites during the Roman and Byzantine times (vol. VI); Mabrok Abdalla Zenati, Il sito di Pisida/Bu Khamash nel contesto territoriale della Libia (vol. IX); Jabar Matoug, Tomba in località Atela e Attawila (Sirte) (vol. X); Mohamed Abojela, Scoperta di una tomba punica a Sabria (vol. X); R. Shebani, A. Smaida, Discovery of a Byzantine Cemetery at Islamic Arts and Crafts School of Tripoli-Oea (vol. VII).

Se passiamo alla Cirenaica, la missione dell’Università di Palermo diretta da Nicola Bonacasa ha lavorato a Cirene (vol. XI), procedendo coll’imponente restauro del tempio di Zeus. Tutto questo impegno ha un preciso riflesso sulla rivista: nel VII volume Mario Luni ed Oscar Mei presentano l’attività dell’Università di Urbino a Cirene tra il 2008 e il 2014 (nuovi templi di Cirene e santuario di Demetra). Alla grotta di Haua Fteah al margine del Gebel Akhdar in Cirenaica ci portano le ricerche di Gaeme Barker, che si estende alla situazione paleo climatica della preistoria. Ancora a Shahat Cirene ci conduce l’articolo di Susan Kane e Sam Carrier sull’attività della missione americana tra il 2009 e il 2014. Infine le ricerche polacche dell’Università di Varsavia tra il 2008 e il 2010 sull’urbanistica di Ptolemais in Cirenaica sono presentate da Kazimierz Lewartowski, Zofia Kowarska, Szymon Lenarczyck, Krzystof Misiewicz e George Yaoub.

Proseguendo la preziosa schedatura sviluppatasi nei decenni qui a Macerata per iniziativa di Lidio Gasperini e di Gianfranco Paci, continuata da Silvia Maria Marengo e Simona Antolini, Catherine Dobias-Lalou presenta un bilancio delle ricerche epigrafiche in Cirenaica nel decennio 2005-2014, con i progetti in pieno sviluppo.

Nell’VIII volume Serenella Ensoli presenta l’attività e i progetti scientifici della missione archeologica italiana a Cirene della Seconda Università di Napoli tra il 2009 e il 2015 (santuario di Apollo, Teatro, Mausolei). Olivia Menozzi, Maria Giorgia Di Antonio, Eugenio Di Valerio presentano i risultati tra il 2009 e il 2014 della Missione archeologica dell’Università di Chieti a Lamluda e Cirene (Rilievi in ​​territorio cirenaico; necropoli di Cirene).

Nel IX volume Alexandra Druzynski von Boetticher ed Ulrike Wulf-Rheidt presentano i risultati della campagna libico-tedesca del 2009 (Istituto archeologico Germanico Berlino) a Tauchira e lungo le mura di Ptolemais; Thomas Maria Weber-Karyotakis e Frederik Berger dell’Università di Mainz tornano a Ptolemais per necropoli e chora.

Alle indagini sottomarine in Cirenaica portate avanti dalla Soprintendenza del mare della Sicilia ci conduce l’articolo di Sebastiano Tusa e Cecilia Albana Buccellato. La necropoli est di Cirene è stata studiata tra il 2011 e il 2013 da Clara Tamburrino. Vengono raccolti anche piccoli interventi e notizie: la missione giapponese dell’Università di Tsukuba è presentata da Mustafa Turjman tra Tripoli e Ptolemais. Catherine Dobias-Lalou corregge l’interpretazione sul presunto eroe dioscuro della stele di Apollonia, che invece rappresenta un defunto eroizzato.

Sul X volume Anna Santucci presenta le pitture della tomba di Demetria a Cirene con una nuova restituzione grafica e nuove ipotesi interpretative. Silvia Maria Marengo presenta un inedito di Lidio Gasperini relativo alla firma del ceramista dall’Agorà di Cirene.

La Missione archeologica francese in Cirenaica si è concentrata a Latroun, antica Erythrum, con le terme e la Basilica cristiana; al porto di Apollonia continuando l’impegno di André Laronde, alle terme di Leptis, alle iscrizioni.

Vengono per la prima volta ripresi i vecchi scavi di Andrew Wilson ad Euesperides Benghazi, tornando indietro fino al 1999. Linda Hulin ha svolto le indagini di superficie nella Marmarica costiera occidentale tra il 2008 e il 2010.

Autonomamente il Dipartimento per le antichità ha curato scavi d’urgenza, ricerche e studi in Cirenaica: Veronica Petraccia, Almabruck Abdalrahim S. Saad, Saad Farag Abdel Hati studiano nel vol. VI il sito di El Mtaaugat, porta meridionale sul limes cirenaico. Il Dipartimento di antichità della Libia presenta le necropoli di Buch Kamash. L’attuale situazione di Cirene e del suo territorio è ben descritta nell’articolo di Mazen Mziene e Fawzi Al Raeid (vol. VIII). Nello stesso volume Barbara E. Barich, Giulio Lucarini, Giuseppina Mutri presentano i risultati della missione congiunta libico-italiana nel Jebel Gharbi, con attenzione per la preistoria e per l’Olocene. Le ricerche preistoriche delle missioni archeologiche britanniche sono coordinate dalla Society for Libyan Studies: Libyan Sahara, Benghazi e Gebel Akdar.

Per il Fezzan, l’articolo di Michael Mackensen sulla missione archeologica dell’Università di Monaco presenta le novità dal forte di Gheriat el-Garbia tra il 2009 e il 2010, sul limes tripolitanus. E poi le ricerche preistoriche, addirittura nel pleistocene alla ricerca dell’homo erectus a Budrinna nel 2009 a cura dello scomparso Helmut Ziegert, di Ilona Johannsen, di Dirk Siebers, di Marles Wendowski. L’impegno della Society for Libyan Studies nel Sahara tra il 2009 e il 2011 a firma di David J. Mattingly, che così cerca di colmare lacune presenti sulla rivista per gli anni precedenti.

Nell’VIII volume torniamo a Giarabub con l’articolo di Vincenzo D’Ercole e Laura Saraullo nel corso dell’ultimo decennio.

L’Università degli Studi di Roma Sapienza ha promosso con Savino Di Lernia le ricerche preistoriche di superficie e gli scavi tra il 2009 e il 2015 nell’Acacus e Messak 2009-2015 (volume VIII). Proprio in questi giorni Savino Di Lernia e Marina Gallinaro con la Scuola archeologica italiana di Cartagine hanno presentato gli atti del Workshop romano Archaeology in Africa, potenziali e prospettive sulla ricerca di laboratorio e di lavoro di campo, con tate novità e passi in avanti.

Il Centro internazionale di studi sull’architettura e storia del Mediterraneo tra il 2010-13 ha operato nell’oasi di Ghat come ci infornano Khalil Abdel Hadi e Marina Cappellino, che dimostrano l’assenza della fortificazione sulla collina ancora per tutto l’Ottocento (volume VIII).

Per l’insieme della Libia, la sintesi delle attività delle missioni francesi tra il 2007 e il 2012 a firma di Vincent Michel da Leptis fino ad Apollonia.

Particolarmente importanti sono anche i ricordi degli studiosi scomparsi, Commemorazioni dei “Giants of Libyan archaeology” come li ha definiti D. Mattingly nella presentazione di Libya Antiqua VI-X, in Libyan Studies: necrologi preziosi per ricostruire l’apporto di ciascuno dei protagonisti dell’Archeologia libica ai nostri studi. Dice Mustafa Turjman : <<Obituaries, many of the old protagonists of Libyan archaeology have left us in recent years. While their memory will remain both example and witness to the scientific and human endeavors, they lavished for so many years on the Libya they loved>>.

Per seguire l’ordine dei questi sei numeri, ritroviamo personaggi importanti nel mondo della ricerca archeologica libica: il polacco Tomasz Mikocki (1954-2007) ricordato da Monika Rekewska, l’italiano Fabrizio Mori (1925-2010) ricordato da Savino Di Lernia, i libici Mahmoud Abu Hamed (1936-2010) ricordato da Fatima Baghini, Fadallah Abdul Salam Abdul Hamid (1942-2010) e Abdulgader Mzeini (1950-2010) ricordati da Khaled Elhaddar; nel VII volume è fissato il nostro debito verso Antonino Di Vita (1926-2011) ricordato da Giorgio Rocco; il nostro indimenticabile André Laronde (1940-2011) ricordato da Vincent Michel. Nell’VIII volume compaiono i brevi ricordi del tedesco Helmut Ziegert (1934-2013) a firma di Dirk Sibers e di Mario Luni (1944-2014), con le parole di Oscar Mei. Nel numero successivo Khaled Elhaddar ricorda Abdulsalam Bazama (1942-2015). Ci resta da dire di Abdulhamid Abdussaid e Nicola Bonacasa (1931-2015), ricordati da Khaled Mohammed elHaddar e Maria Antonietta Rizzo. Già i nomi da soli, alcuni a noi carissimi, ci dicono come tante storie abbiano finito per intrecciarsi, di qua e di là del mare, come tante culture diverse si siano incontrate, tante vite si siano spese, quasi bruciate nell’impegno fatto di dedizione, di solidarietà, di curiosità scientifiche.

Lasciatemi citare un momento almeno Nicola Bonacasa, che ricordo nitidamente al lavoro a Sabratha ma soprattutto nella visita a Palermo: lui e Rosa Maria Carra mi avevano dato appuntamento in un bar a due passi da Capaci presso l’aeroporto e mi avevano accompagnato un’intera mattinata nella visita alla catacomba di Villagrazia di Carini. Un momento davvero emozionante e sorprendente. Come ha ricordato recentemente Maria Antonietta Rizzo, Nicola Bonacasa ha operato in Africa con grande impegno umano e scientifico per molti decenni dal 1955 raccogliendo l’eredità di Ernesto Vergara Caffarelli, al seguito di Renato Bartoccini a Leptis Magna e poi dal 1976 a Sabratha, dove ritornava ogni anno, con lo stesso immutato desiderio, e lontano dagli impegni accademici, per dedicarsi totalmente, e con una costanza esemplare, a riportare alla luce gli aspetti più significativi della sua lunga storia, indagando da par suo, e con l’aiuto della sua équipe, quelle mute rovine che sempre più, attraverso le sue innumerevoli ricerche, rivivevano offrendo tanti dettagli della vita degli antichi Sabrathensi. Un impegno e un senso del dovere che lo hanno portato poi – dopo la morte di Lidiano Bacchielli nel 1996 – ad accollarsi il difficile compito di portare a compimento l’anastilosi del grandioso tempio di Zeus a Cirene, iniziato da Sandro Stucchi tanti anni prima: quando lo visitammo nel 2008 ci rendemmo conto dell’enormità dell’impresa. Un grande interesse di Nicola fu quello rivolto alla scultura di età romana, attestata a Sabratha da importanti opere sia di carattere pubblico (sacro e profano) sia di carattere privato, in parte esposte nelle sale del bel museo creato da Giacomo Guidi e progettato da Diego Vincifori negli anni ’30, in parte conservate nei magazzini, in parte ancora giacenti nell’area archeologica, ad esempio nelle favisse del Capitolium. Sono fondamentali gli studi che Nicola Bonacasa, memore degli insegnamenti di Achille Adriani suo antico Maestro nell’Università di Palermo, ha dedicato all’analisi delle tante sculture rinvenute nella città, individuando culture figurative locali o allogene, botteghe, cicli decorativi, maestranze, con lo sguardo esperto dello storico dell’arte antica, nel chiaro e perseguito tentativo di inquadrare quelle opere in un preciso contesto urbano Si tratta di studi compiuti nell’ottica di giungere alla pubblicazione di un catalogo completo delle sculture sabrathensi, un progetto da lui lasciato in avanzato stadio di elaborazione, che, con le foto straordinarie di Giuseppe Cappellani, sarà compito ed eredità onerosa portare a compimento da parte dell’équipe palermitana. Non si può qui dimenticare il suo costante impegno internazionale per il recupero di opere d’arte trafugate dalla Libia in anni recenti, come la splendida testa marmorea di Flavia Domitilla restituita alla Libia nel 2012 o le due teste di Serapide riconsegnate alla municipalità di Sabratha un giorno memorabile del 2013, in cui Nicola Bonacasa veniva insignito del titolo di “cittadino onorario” sabrathense. L’articolo pubblicato sul volume XI di questa rivista, del 2018, vuole essere anche un legato sulle attività svolte dall’Università di Palermo a Sabratha e Cirene fino al 2014.

Credo possiamo concludere: per usare le parole di David Mattingly, questi volumi costituiscono un’importante accrescimento di conoscenze per il patrimonio storico archeologico della Libia, tanto più prezioso se si tengono presenti le attuali difficoltà del paese e ”l’assedio” al suo Dipartimento di Antichità, il cui staff deve essere ringraziato perché prosegue il lavoro di tutela e promozione del patrimonio culturale di questa straordinaria regione.

A sfogliare queste pagine, a vedere i mausolei di Sabratha, gli edifici di spettacolo, gli archi, i monumenti pubblici, i mosaici, le ville, le fattorie agricole, c’è da chiedersi dove sia finita la tragica guerra in corso nel cuore stesso della Tripolitania, soprattutto dove sia finita la Cirenaica desertica di Catullo, là dove sono solo granelli di sabbia in numero infinito, i granelli che a Cirene assediano i filari di silfio tra l’oracolo arroventato di Giove Ammone a Siwa e il monumento funerario sacro dell’antico Batto recentemente rivisitato. Sono i versi a cui siamo tutti affezionati fin da ragazzi, che riportano all’amore di Catullo per Lesbia, al numero infinito di baci che solo può saziare il delirio del poeta innamorato:

quam magnus numerus Libyssae harenae / lasarpiciferis iacet Cyrenis, / oraclum Iovis inter aestuosi / et Batti veteris sacrum sepulcrum.

Se c’è un tema che mi coinvolge sfogliando queste pagine, osservando le foto che avevamo scattato davanti alle grotte di Cirene, che raccontano gli amori di Apollo con la sua ninfa, è quello della continuità del culto della ninfa Cirene e del suo sposo Apollo kosmokravtwr attraverso i secoli, con le varianti anche più minute ed a noi poco note, con i loro mille volti che hanno rappresentato nella fantasia degli antichi il tema dell’integrazione tra culture e tra civiltà diverse. La vitalità del mito, il legame con il passato antico è una costante della storia della Cirenaica, dall’età del primo fondatore Batto coi profughi terei, all’età tolemaica, fino alla rifondazione adrianea dopo l’allontanamento di alcuni gruppi ebraici.

Emerge da queste pagine che esprimono attenzione, rigore filologico, fedeltà nel tempo e dall’incontro di oggi a Macerata una forte volontà di collaborazione tra studiosi, il desiderio di superare le differenze di metodo, di scuola, di lingua, di valicare più rapidamente il difficile momento che la Libia che amiamo sta conoscendo, anche per responsabilità di un’Europa egoista e distratta, di fronte ai pericoli affrontati in questi anni da un patrimonio fragile, sottoposto dopo il 2011 ad un drammatico rischio e a continue minacce. Desidero esprimere l’auspicio che la Libia e il Mediterraneo tutto ritrovino la pace, la libertà, la strada verso il progresso. Che la Libia ritrovi la sua identità e la sua storia.

Al di là delle strumentalizzazioni dell’età coloniale, il patrimonio archeologico classico e post classico può contribuire a costruire l’identità della Nuova Libia di domani, se si affermerà la coscienza nuova dei Libici, che non può non partire dalla riscoperta del patrimonio. Auguro che la Nuova Libia sia un grande Paese di pace; che riesca a contribuire efficacemente all’integrazione della riva sud del Mediterraneo in un mondo aperto e solidale, che dimentichi terrorismo, colonialismo e sfruttamento dell’uomo.




Saluto di Attilio Mastino. Sassari, 23 novembre 2011, Aula Magna dell’Università.

Saluto di Attilio Mastino

Sassari, 23 novembre 2011, Aula Magna dell’Università

Caro Governatore, cari amici,

anche a nome dei Presidenti del Club di Sassari Nord Mauro Milia e del Club di Sassari Silki Antonio Falco, a nome dei nostri giovani dei tre club Rotaract e dei due club Interact di Sassari ho l’onore e il piacere di dare il benvenuto ai tanti nostri ospiti giunti da tutta la Sardegna, da Roma e dall’intero distretto per questo seminario distrettuale su “Rotary Foundation e progetti” e “Gestione delle sovvenzioni”.

In questi quattro giorni che sta trascorrendo nella città di Sassari nel mese dedicato alla Rotary Foundation il Governatore del distretto 2080  Giulio Bicciolo ha avuto modo di conoscere la bella realtà del Rotary, anche di immergersi nella comunità locale, di toccare con mano la crisi della Sardegna con le sue specificità nell’ambito della crisi del Mezzogiorno e del Paese.

Caro Governatore, volevo ringraziarti per questa tua costante presenza nel corso di questo anno rotariano, per lo stile che hai messo nella tua azione, per l’impegno, il senso di amicizia, per la voglia di ascoltare.

Vi riceviamo oggi nello storico Palazzo di un’università fondata più di 4 secoli fa messo a diposizione dal Rettore Massimo Carpinelli: la cultura come risposta al disagio, al sottosviluppo economico, allo sfruttamento del lavoro dell’uomo. Oggi è il Rotary nelle sue articolazioni che aspira ad essere uno dei centri pensanti della Sardegna, motore dello sviluppo capace di abbattere le barriere tra le professioni e le categorie, uno dei luoghi in cui affrontare le crisi, esercitare solidarietà, garantire un servizio per il bene comune, in un quadro che non può essere localistico ma deve tener conto di problemi globali e spingerci fino all’altra riva del Mediterraneo e oltre, come fa Oristano con l’archeologia subacquea di Nabeul. Verranno presentate le opportunità della Fondazione Rotary e le testimonianze di quanto siamo riusciti a fare come a Ozieri, a Cagliari, a Thiesi, a Terralba con i tanti progetti che abbiamo messo in campo ma con lo sguardo ambizioso di superare noi stessi, di creare presto opportunità reali per interventi sempre più significativi e non di immagine, di mobilitare le forze migliori, di esercitare il tema della solidarietà, della pace, della cooperazione. In particolare nella campagna End Polio Now. Lasciatemi dire l’ammirazione per chi ci ha preceduto e per quanto è stato fatto fino ad oggi.

Per noi questa è anche l’occasione per fermarci per un momento, per ricollocarci nello spazio e nel tempo, per programmare il futuro che abbiamo di fronte. Ci presentiamo a questo appuntamento con emozione, con preoccupazione, con speranza, tenendo conto della profondità della nostra storia, visto che in questi giorni il Club di Cagliari presieduto da Francesco Danero celebra il 70° anno dalla fondazione e tra qualche mese il Club di Sassari  chiuderà le celebrazioni iniziate il 6 febbraio scorso con la Presidente Maristella Mura.  Oggi però soprattutto guardiamo ai giovani, ai nuovi soci, ai ragazzi e alle ragazze del Rotaract, perché il futuro dei nostri Club è ora veramente nelle loro mani. Sono loro il nostro patrimonio più prezioso; le nostre decisioni debbono tener conto innanzi tutto di loro, che chiamiamo a raccolta verso obiettivi alti di successo e di sviluppo comune. Grazie ai ragazzi del Rotaract di essere in questa occasione così numerosi e presenti.

Credo che oggi i Presidenti vorranno rinnovare l’impegno a spendere tutti se stessi per raggiungere obiettivi alti e per lavorare nell’interesse della comunità che intendono rappresentare con determinazione e spirito di servizio, senza perdere di vista la dimensione internazionale del Rotary e il legame vitale con la Rotary Foundation che ci ricorda il motto prezioso “fare del bene al mondo”.

Cari amici, lasciatemi per un momento tornare alla mia professione di storico dell’antichità, che in un’occasione come questa avrebbe tante frecce al suo arco. Per Erodoto nel lontanissimo V secolo a.C. la Sardegna era l’isola più grande del mondo, nesos megiste, chiamata da un commentatore di Platone l’isola dalle vene d’argento, argurofleps, anche Ichnussa e Sandaliotis per la sua caratteristica forma di piede destro umano con l’alluce rappresentato dall’isola d’Eracle, l’Asinara, osservata al volo secondo il mito dagli eroi Dedalo costruttore dei nuraghi e Talos. Era stato il compagno di Eracle, Iolao, a riportare la concordia negli animi divisi degli indigeni, i cui discendenti ancora resistevano all’occupazione romana sulle montagne della Barbaria. La versione della presenza in Sardegna di Iolao e dei 50 figli di Eracle va collegata con un passo della principale opera di Aristotele, la Fisica, in cui si riferisce l’uso rituale, tipicamente sardo, di dormire presso le tombe degli eroi (si è pensato al misterioso santuario di Mont’e Prama, Cabras, nella prima età del Ferro, alla fine di quella che Giovanni Lilliu chiamava “la bella età dei nuraghi”).

La Sardegna appare dal mito come un’isola felice (eudaimon), che per grandezza e prosperità eguaglia le isole più celebri del Mediterraneo, felice per le produzioni e per l’abbondanza di metalli: le pianure sono bellissime, i terreni fertili, mancano i serpenti e i lupi, non vi si trovano erbe velenose (tranne quella che provoca il riso sardonio). La Sardegna, isola di occidente, appare notevolmente idealizzata, soprattutto a causa della leggendaria lontananza e collocata fuori dalla dimensione del tempo storico. Eppure i Greci avevano informazioni precise sulla reale situazione dell’isola: già Diodoro Siculo, confrontando il mito con le condizioni dei Sardi suoi contemporanei, osservava come essi erano riusciti a mantenere la libertà promessa dall’oracolo di Apollo ad Eracle, dopo le ripetute aggressioni esterne. I discendenti del dio erano riusciti ad evitare, nonostante le dure condizioni di vita, le sofferenze del lavoro. Del resto siamo certi che gli autori greci e latini avevano una notevole conoscenza, più o meno diretta, dell’esistenza in Sardegna di una civiltà evoluta come quella nuragica, caratterizzata da un lato dall’assenza di insediamenti urbani, dall’altro da uno sviluppo notevole dell’architettura, dell’agricoltura e della pastorizia. Questa consapevolezza si esprime, per l’età del mito, nella saga dei figli di Eracle, di Dedalo e di Aristeo, che avrebbero determinato quello sviluppo, prima dell’evoluzione urbana miticamente attribuita a Norace. La geografia storica della Sardegna e delle isole del Mediterraneo e degli altri mari è innanzitutto uno spazio di intersezioni, di stratificazioni culturali, di contatti, di rapporti, di connessioni, di scelte: il mito antico esprime con vivacità le emozioni dei marinai e degli uomini di ieri e di oggi che operano in quel mare che innanzi tutto è una via che unisce popoli e mondi diversi.

La profondità della storia della Sardegna rimanda a un tema caro ai Rotariani: il Presidente internazionale Mark Daniel Maloney con suo motto “il Rotary connette il mondo” ci ricorda che dobbiamo superare le angustie di un’isola scrigno – per usare la definizione del grande storico delle “Annales” Lucien Febvre – , «île conservatoire»,  gelosa delle proprie tradizioni ma troppo chiusa in se stessa, in una identità che si vorrebbe irrigidita e immutabile. Il rapporto all’interno del distretto 2080 con Roma e con i Club del Lazio può essere un elemento prezioso per aprire i nostri orizzonti, come in questi giorni al Colosseo con la mostra che abbiamo voluto su Cartagine.   Anche occasioni come queste sono utili per programmare dal basso, trovare contatti, costruire un futuro di pace.

C’è un politico isolano che ci è caro che ha sempre teorizzato come i Sardi abbiano maturato nei secoli la convinzione profonda di aver subito le ingiustizie della storia, di aver sofferto per le prepotenze degli altri, di aver coltivato anche all’interno del proprio inconscio e del proprio carattere una sorta di profonda infelicità, l’autocoscienza di una coscienza infelice. Bene, noi vorremmo ribaltare questo sguardo e contribuire a rendere la Sardegna più aperta ed internazionale, più consapevole della ricchezza della propria storia, più felice.

Allora caro Governatore grazie per questa tua presenza, per questa tua curiosità di conoscere e di lavorare con noi, per questa tua sensibilità che ogni giorno ci sorprende e ci incoraggia.




La scomparsa di Massimo Pittau (Nuoro 1921 – Sassari, 20 novembre 2019)

La scomparsa di Massimo Pittau (Nuoro 1921 – Sassari, 20 novembre 2019)

La scomparsa di Massimo Pittau ci ha colpito profondamente, ci ha commosso e insieme ha fatto emergere mille ricordi: se ne va uno studioso lucido e infaticabile, una  personalità intellettuale vitale, spesso straripante, incontenibile; uno dei padri fondatori delle Facoltà di Magistero e di Lettere e Filosofia a Sassari, un maestro che ha insegnato a molte generazioni di Sardi glottologia e linguistica sarda, muovendosi come un vulcano anche in altri campi e in altre discipline (storia, etruscologia, archeologia, epigrafia). E’ stato un personaggio intelligente, tenace, serio, inflessibile, ma anche controverso e talora discusso, perché lui per primo considerava la polemica il suo elemento naturale, il sale delle sue giornate.

Viaggiando l’anno scorso tra il Museo Nivola di Orani e Isili, avevamo ricordato insieme l’episodio un po’ comico che era culminato con l’irruzione della Polizia ad Orosei al Convegno de L’Africa Romana, nel quale aveva affrontato per le spicce un celebre epigrafista, a proposito di una supposta iscrizione bilingue latina ed etrusca proveniente da quella fabbrica di reperti che è Allai.  Oppure lo scontro con l’ex Soprintendente di Firenze sulla Tabula Cortonensis, chiusa per un decennio in un cassetto; del resto le polemiche più sanguinose sono state con i colleghi linguisti che studiavano l’Etrusco, anche se dobbiamo riconoscergli il merito di aver allargato l’orizzonte dei rapporti storici tra le due rive del Mar Tirreno.

Le copertine dei suoi libri erano piene di foto di iscrizioni enigmatiche, che spesso considerava nuragiche, magari come quella di San Nicolò di Trullas in greco (che si è rivelata recente) o quella vicina al nuraghe Seneghe a Suni. Mi colpiva la conoscenza profonda di tanti luoghi della Sardegna, il rapporto con la geografia (penso ai volumi I nomi di paesi città regioni monti fiumi della Sardegna e I toponimi della Sardegna – Significato e origine). La facilità di instaurare un rapporto con le persone più diverse soprattutto a Nuoro e in Barbagia, le mille curiosità che coltivava con una passione senza limiti, il lavoro davvero impressionante col quale continuava ad impegnarsi fino alle ultime settimane. Ci eravamo divertiti a vederlo all’opera a Nuoro d’estate fino a pochi mesi fa, intervenendo spesso sui social. Rimarranno le opere monumentali che ha prodotto, come per iniziativa di Paolo Pillonca il Nuovo Vocabolario della Lingua Sarda – fraseologico ed etimologico pubblicato da Domus de janas a Selargius. I tanti interventi a congressi internazionali (il primo che ricordo è quello di Alghero del 1974 per il Bollettino dell’Associazione Archivio Storico Sardo di Sassari). Con orrore mi accorgevo che cambiava spesso opinione, ma sempre con onestà intellettuale, senza esitare a correggersi, capace di trovare soluzioni inattese, spesso anche geniali.

Era nato a Nuoro nel 1921, dove aveva seguito tutti gli studi elementari e medi, compagno di classe di mia madre; si era poi laureato a Torino in Lettere (sotto la guida di Matteo Bartoli con una tesi su «Il Dialetto di Nuoro») poi a Cagliari in Filosofia, con una tesi su «Il valore educativo delle lingue classiche>>. Si era perfezionato a Firenze, poi libero docente in Linguistica, dal 1971 copriva la cattedra in Linguistica Sarda nell’Università di Sassari presso la Facoltà di Magistero, dove è stato eletto Preside e direttore di Istituto. Contemporaneamente ha tenuto a lungo l’incarico di Glottologia e di Linguistica Generale. Ha conosciuto personalmente il linguista Max Leopold Wagner, maestro della Linguistica Sarda, col quale è stato in rapporto epistolare per un decennio fino al 1962. Nel lontanissimo 1994 era andato fuori ruolo per raggiunti limiti d’età e il Preside Mario Manca con decine di colleghi lo aveva onorato con due bellissimi volumi ricordando che <<a lui la cultura sarda deve molto di più di quanto, in genere, gli si riconosca>>.  In quei giorni eravamo riusciti ad ottenere per lui e per Ercole Contu il titolo di Professore emerito.  È stato autore di una cinquantina libri e di più di 400 studi relativi a questioni di linguistica, filologia, filosofia del linguaggio. Per le sue pubblicazioni ha ottenuto nel 1972 il “Premio della Cultura” dalla Presidenza del Consiglio dei Ministri.

Massimo Pittau ha fatto dell’amore per la Sardegna un credo, uno stile di vita:  raccontava di svegliarsi la notte dopo aver trovato soluzione ad uno dei tanti dilemmi sull’origine dei toponimi e degli etnonimi sardi.  Mi sembra di vederlo sfidarmi: «lo sai qual’è l’origine del nome del popolo dei pagani Uneritani di Las Plassas?»; incuriosito tentavo di estorceglielo e lui con quella sua aria sorniona: «tanto non te lo dico, lo devo pubblicare, prima io». Caro Massimo, che conosceva a menadito le strade antiche della Sardegna, che non si fermava di fronte a nessun ostacolo, giovane per sempre,  che aveva tante cose da raccontare con ironia spesso autocritica. L’elegante giovane nuorese di buona famiglia – forse mi direbbe di Nùgoro -, con quella sua poliedrica formazione, filosofo e glottologo, impegnato a tempo pieno nella vita accademica e nella ricerca, una figura le cui conclusioni scientifiche facevano dibattere, eppure un pioniere, un innovatore, scopritore dei meandri reconditi della cultura dei Sardi. Un sentire diverso che spesso gli aveva attirato critiche che oggi, sommersi come siamo da teorie fantasiose sulla cultura sarda e alla luce della sua immensa produzione scientifica, ci appaiono ingiuste e irrispettose.  Generazioni di studenti hanno goduto dell’insegnamento e conservano il ricordo di questo professore, dai modi un po’ bislacchi che riusciva a conquistarli con quella sua risata furbescamente infantile. Caro Massimo, oggi ti piangono anche coloro che ti criticavano; riposa sereno, lì dove il tempo si annulla, lì dove tutto si comprende, come quei guerrieri di Mont’e Prama, la cui storia hai tanto amato.  Credo che tu sia stato il primo a spostare il dibattito sul Sardus Pater e sui “giganti” sul piano della militanza e della polemica con le Soprintendenze, il primo a denunciare ritardi e inadempienze, il primo a immaginare un grande santuario federale della fine dell’età nuragica, che avrebbe voluto restaurato e studiato. Spesso hai lasciato da parte il rigore del filologo che ti caratterizzava per andare alla ricerca di storie mirabolanti e poetiche come nel bellissimo volume Ulisse e Nausica in Sardegna.  Ora che, vecchio e sazio di giorni, ci hai lasciato a 98 anni d’età, vorrei ricordare la tua ironia, il tuo spirito pungente, il forte legame con gli splendidi figli e con i nipotini amati.

Attilio Mastino




Angela Donati studiosa delle province danubiane

Attilio Mastino
Angela Donati studiosa delle province danubiane

“Alexandru Ioan Cuza” University of Iași, 5th–9th November 2019

Angela Donati, indimenticabile Maestra e generosa amica (1942-2018), è scomparsa a 76 anni di età a Bologna il 13 ottobre 2018. Un anno fa a Tunisi fa a lei abbiamo dedicato il XXI convegno de L’Africa Romana sul tema “L’epigrafia del Nord Africa: novità, riletture, nuove sintesi”. La sua Università la onorerà a Bertinoro, in quella rocca che amava, tra l’11 e il 13 giugno.  Abbiamo vissuto insieme tanti incontri scientifici da Bertinoro a Genova, da Bologna a San Marino, da Sofia a Barcellona.

Ho letto i tanti ricordi pubblicati in questi giorni, come quello bellissimo scritto da Mireille Corbier per L’Année épigraphique 2016 appena uscita; a me personalmente resta il ricordo dolce di un’amica e la consapevolezza di un debito che è aumentato giorno per giorno. Con le tante confidenze, fino ai suoi imminenti splendidi progetti per la nostra rivista “Epigraphica”, che cercheremo di mettere in pratica con lo spirito giusto.

L’abbiamo seguita in tante occasioni fino ai Convegni promossi da Livio Zerbini già dal primo incontro di Ferrara e Cento, dieci anni fa, tra il 15 e il 17 Ottobre 2009, dove avevamo presentato le attività del Centro interdisciplinare sulle province romane dell’Università di Sassari, con un intervento poi pubblicato nel volume su Roma e le province del Danubio, Atti del I Convegno internazionale (Ferrara-Cento, 15-17 Ottobre 2009, a cura di Livio Zerbini, Rubettino, Soveria Mannelli 2010).

In quell’occasione nasceva il Laboratorio di studi interdisciplinari sulle province danubiane, prezioso strumento per costruire nuove reti di ricercatori e per arrivare ai risultati che oggi abbiamo sotto gli occhi di tutti. Il programma del Laboratorio si collocava in una linea di continuità di studi delle Università di Bologna e Ferrara, partendo dall’acuta sensibilità verso le realtà provinciali che abbiamo ereditato dal maestro di molti di noi, Giancarlo Susini; oggi il Laboratorio di Ferrara seguendo antichi indirizzi di studi dell’Università di Bologna, è riuscito sempre più a porsi progressivamente come punto di riferimento per la cooperazione scientifica internazionale, tra archeologia, epigrafia, numismatica, storia delle religioni; è diventato un prezioso strumento per allargare l’indagine in ambito continentale e per costruire nuove reti di ricercatori, intorno a temi centrali quali quelli relativi alle tante culture del mondo provinciale, alla storia degli studi, alle nuove acquisizioni sul piano archelogico ed epigrafico, alla municipalizzazione, ai populi e alle nationes, al rapporto con gli immigrati, alle opere pubbliche, all’esercito: legioni, coorti, alae, flotta, alle miniere e dogane, alla vita religiosa, alle articolazioni e alle festività del culto imperiale.

Al terzo Convegno, quello di Vienna del 10 dicembre 2015, non avevo potuto partecipare perché mi ero fratturato una gamba ed era stata la Donati a leggere il mio lungo lavoro su L’Epigrafia latina nelle province danubiane negli ultimi 15 anni, 2000-2015 (in Roma e le province del Danubio, Atti del III Convegno internazionale, Vienna, 10 novembre 2015, Istituto Italiano di cultura), ora in stampa nel volume Ad ripam fluminis Danuvi per iniziativa di Fritz Mitthof e Chiara Cenati.

Oggi tocca a me ricordare Angela Donati a questa 5° Conferenza internazionale sulle province danubiane, come ho già fatto a Bologna il 10 ottobre scorso in occasione della presentazione dell’ottantunesimo numero di «Epigraphica», periodico internazionale di Epigrafia, che si segnala per le tante novità, le molte iscrizioni inedite, lo sguardo internazionale e l’orizzonte di fortissimo rinnovamento, nel quale siamo riusciti a coinvolgere tutto il mondo degli specialisti, con un occhio ai temi della comunicazione nel mondo antico, dell’acculturazione e della formazione dell’opinione pubblica.

Per raccontare la figura di Angela Donati studiosa delle province danubiane occorrerebbe una presentazione analitica di moltissimi interventi, recensioni, segnalazioni, animati sempre da uno sguardo largo, mediterraneo, con questa vocazione specifica per la geografia nella storia, per il rapporto delle epigrafi con i luoghi, i territori, le genti. Una vocazione che deriva dal suo Maestro e che in qualche modo abbiamo ereditato, se è vero che assieme a Susini e Le Glay, con lei e con altri amici avevamo fondato nel 1983 il primo dei convegni de L’Africa Romana. Ne derivano l’ampiezza di interessi scientifici e culturali, la sua dimensione internazionale, la capacità di confrontarsi con realtà diverse sul piano linguistico e storico, per le articolazioni locali del processo di romanizzazione. Analisi che sono oggi una solida premessa ed un punto di partenza per le successive indagini storiche, svolte con il gusto per l’esplorazione, per i viaggi, per l’esame autoptico dei monumenti e per le ricostruzioni topografiche. Già per Susini il polo più significativo era stato quello delle ricerche sulla Mesia e sulla Tracia e della lunga collaborazione con i colleghi bulgari iniziata fin dal 1970 e consacrata nella mostra sui Traci svoltasi a Venezia a Palazzo Ducale nel 1989: nell’introduzione alla mostra si andava alla ricerca dei fondamenti dell’Europa sempre con un occhio per l’attualità, si riprendevano le storie di Orfeo e di Spartaco, si ricordavano gli interessi balcanici dell’Ateneo bolognese ed in particolare nel XVII secolo la figura di Luigi Ferdinando Marsili, per arrivare ad Antonio Frova e alla missione della Scuola di Storia antica di Bologna. La rivista “Epigraphica”, la collana “Epigrafia e antichità”, gli “Studi di storia antica” hanno accolto con regolarità lavori di studiosi che si sono specificamente dedicati alle province danubiane. Tra le cose più recenti penso ad esempio al volume della Collana Epigrafia e antichità L’officina epigrafica romana in ricordo di Giancarlo Susini, a cura di A. Donati, G. Poma (Epigrafia e antichità, 30), Faenza 2012, dove è stato accolto l’articolo di M. Šašel Kos, A Glimpse into Stonecutters’ Workshops in Scupi, Upper Moesia, sulle iscrizioni della Mesia superior (pp. 507-524). Oppure l’articolo di L. Zerbini, Scritture latine nella Dacia romana. Status quaestionis e proposte di ricerca, ibid., pp. 525–531.

Nella stessa collana il volume 36 di P. Cugusi, M.T. Sblendorio Cugusi è dedicato ai Carmina latina epigraphica non-bücheleriani di Dalmatia (CLEDalm). Edizione e commento. Con osservazioni su carmi bücheleriani della provincia, Fratelli Lega, Faenza 2015. La sua costante presenza nella Commissione che valutava i progetti scientifici finanziati dal Ministry of Sciences and Environmental Protetion della Repubblica di Serbia l’aveva messa in contato con molti ali giovani colleghi.

Specificamente l’attenzione personale di Angela Donati per le province danubiane è stata costante ma mi limiterò a partire dalla colonia Ratiaria in Moesia superior, oggi la bulgara Arkar, dove la missione della Scuola di Storia antica di Bologna si era affiancata agli archeologi dell’Accademia delle Scienze di Bulgaria e del Governo regionale di Vidin, in particolare a Velizar Velkov ed a Janka Mladenova: di Ratiaria conosciamo oggi almeno 162 iscrizioni latine. La colonia di Traiano fu studiata dalla scuola Bolognese con moltissimi contributi, coi quali la vicenda storica della città è ripercorsa con una sintesi significativa, soprattutto a partire dall’abbandono della Dacia transdanubiana ad opera di Aureliano e dall’arrivo della legione XIII Gemina ad Apulum: Ratiaria capitale della Dacia ripensis divenne una metropoli, una tappa tra il semidiruto ponte traianeo di Drobeta ed il ponte costantiniano di Sucidava, mantenendo però i contatti con la Dacia transdanubiana che sembrano documentati dall’esistenza dei traghetti sul Danubio, testimoniati forse nel mosaico africano di Althiburos in Tunisia ora al Bardo. Ratiaria come città di frontiera, al confine tra due culture, anche in età tarda, l’una incardinata a Bisanzio e l’altra di tradizione latina anch’essa già cristianizzata. Al centro degli interessi della scuola bolognese sono stati i processi di acculturazione, i rapporti culturali tra le due rive del Danubio, il contatto con le popolazioni gotiche, la ricostruzione giustinianea ricordata da Procopio e infine l’abbandono.  In sintesi oggi possiamo ricordare le attività della cooperazione italo-bulgara, i sondaggi effettuati fuori della cinta urbana lungo la sponda danubiana, con l’ausilio del rilievo fotogrammetrico, della cartografia storica, della topografia; lo studio della viabilità verso Naissus nella valle dell’Arcariza; la completa revisione autoptica del patrimonio epigrafico e il tema dell’evoluzione della scrittura e delle produzioni monumentali, oltre che la documentazione militare conservataci dai bolli laterizi. Centrale è il rapporto tra la cultura ellenistica e la nuova cultura romana in ambiente provinciale. La città dové finire per assumere nella tarda antichità «le funzioni prestigiose di una capitale amministrativa erede degli interessi e delle memorie di un amplissimo territorio transdanubiano, quello dacico, dove le forme della cultura romana si erano confrontate con le culture locali nel momento in cui entrambe avevano raggiunto un livello elevato di organizzazione civile». L’interesse per città romane come Ratiaria e per i relativi processi di acculturazione e di confronto sono stati inquadrati «nel vasto movimento di ricerca che – forse impropriamente – s’intitola alla storia ed alle antichità delle “provincie”», fondato su un interesse che non si regge sulla storia dell’egemonia di un impero (pur non ignorando i “centri del potere” a Roma e altrove) ma sull’individuazione di complesse e radicate esperienze culturali che già allora e da gran tempo componevano i fondamenti dell’Europa».           Alla colonia di Ratiaria com’è noto la Scuola bolognese dedicò una collana, Ratiariensia, studi e materiali mesici e danubiani, edita dalla CLUEB a partire dal 1980 nell’ambito dell’accordo culturale sostenuto dal Ministero degli Esteri, che dal 1975 aveva avviato la collaborazione tra l’allora Istituto di Storia antica di Bologna, il Consiglio Nazionale delle Ricerche e l’Istituto archeologico dell’Accademia delle scienze di Bulgaria. Quella di Giancarlo Susini e di Angela Donati fu soprattutto una funzione di coordinamento e di direzione scientifica, anche se non mancano nella collana ricerche originali fin dal primo volume. Il terzo-quarto numero della collana nel 1987 contiene gli atti del convegno internazionale sul limes mesico e danubiano, svoltosi a Vidin nel 1985 in occasione dei decennalia Ratiariensia per i dieci anni della collaborazione italo-bulgara: si celebrava allora anche il 75° anniversario dalla fondazione del Museo di Vidin, l’antica Bononia sul Danubio e gli studiosi bolognesi vollero ricordare i 900 anni dell’Alma Mater e la figura di Luigi Ferdinando Marsili, «bolognese, che fu soldato, diplomatico, conoscitore e descrittore dei luoghi danubiani, scopritore di sopravvivenze della topografia antica, studioso di paesaggi e di aspetti naturali». Gli atti del congresso di Vidin furono presentati a Sofia nel 1987 in occasione del IX Congresso dell’ Associazione internazionale di Epigrafia Greca e Latina, nel quale Susini fu rieletto alla vice presidenza dell’AIEGL, al fianco di Giorgi Mihailov, che ricordammo nel 1991 in occasione del IX Convegno de L’Africa Romana.

Proprio al nome di Ratiaria in un discusso carme milanese del IV secolo è dedicato un breve lavoro di Angela Donati sul primo numero della rivista “Ratiariensia” nel 1980 (Ratiariensia, 1, 1980, pp. 133-134).  Si propone un’interpretazione diversa del nome ‘Ratiaria’ in un epitafio metrico in esametri di un soldato, un Marcellinus poi arruolato nella flotta e infine di nuovo in una legione (AE 1940, 67; 1982, 405), già studiato dal Calderini sul I numero di Epigraphica (Nuove iscrizioni cristiane milanesi del cimitero di Caio), ripreso da John William Zarker nel 1958 (Studies in the Carmina Latina Epigraphica, Princeton 1958, p. 85), Maria Pia Billanovic (Epigraphica, 41, 1979, pp. 160-162 nr. 2); ora da Paolo Cugusi nel 2007 (P. Cugusi, Per un nuovo Corpus dei Carmina Latina Epigraphica. Materiali e discussioni, Roma 2007, p 48).  Anziché vederci un generico riferimento alla navigazione, Donati propone di considerare Ratiaria come toponimo e di richiamare il luogo in cui il militare avrebbe svolto parte della sua carriera. Il testo è conservato a Milano nel Cimitero di porta Vercellina (Cimitero di Caio). L’interpretazione non è accolta ora da Silvia Evangelisti, ma rimane davvero sullo sfondo.  

A Ratiaria ci porta un altro lavoro di Angela Donati su un carme ratiariense, su “Ratiariensia” del 1987 (Su un carme ratiariense (e altra nota epigrafica), “Ratiariensia”, 3‐4 (1987), pp. 127-129). L’autrice propone alcune letture diverse rispetto all’edizione prima di V. Velkov e così, tra l’altro, emergerebbe il fatto che la defunta Dassiola, nobilis ingenio clara de stirpe parentum, fosse figlia del dux Dassianus della Dacia Ripensis.

Nello stesso articolo viene discusso un carme epigrafico del III secolo da Noviodunum con epitafio di [K]rystallus alumnus Postumi praef(ecti) class(is), l’autrice suggerisce di vedere per la prima volta la citazione del toponimo mesico Castris Martiis (AE 1977, 762 = 1980, 841 = 1984, 793 = 1987, 897 = 1989, 639 = 2005, 161).  L’iscrizione è stata poi commentata da Paolo Cugusi che ritiene che i due epigrammi contengano un lessico poetico derivato da Catullo, Virgilio e Stazio (“Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici” 53, 2004, pp. 155-167).

Angela Donati aveva iniziato però occupandosi di Dalmazia fin dal 1974 nell’articolo Con la rettifica ad un’iscrizione di Epetium, su “Epigraphica”, del 1974 (XXXVI (1974), pp. 254-255),  dove rivedeva la lettura proposta da Nenad Cambi di un’iscrizione del IV secolo  all’epoca inedita (ora AE 1975, 675) reimpiegata nella cinta muraria del cimitero di Stobreč, la romana Epetium. Identificava quindi il dedicante Crispin(ius) Valentianus come adfinis del destinatario dell’epigrafe sepolcrale I[u]l(ius) Euphemus, sostituendo anche così un’improbabile lettura con la doppia presenza dell’adprecatio agli Dei Mani con la consueta formula bene merenti.

Ancora su Epigraphica, sempre nel 1974, Angela Donati rivedeva una problematica menzione degli Di Militares, per un epitafio di un trombettiere da Vienna (Una problematica menzione degli Di Militares, “Epigraphica”, XXXVI (1974), pp. 249-250): l’interpretazione – fino a quel momento accettata – vedeva come votiva la dedica di un’iscrizione graffita su un mattone della legio X Gemina, proveniente da Vienna, presentata alla mostra Die Romer and der Donau (Noricum und Pannonien), tenutasi a Petronell nel 1973. A supporto della sua lettura delle lettere D M come adprecatio agli Dei Mani invece che come voto ai Di Militares solitamente citati per esteso, riportava altri casi di laterizi utilizzati come supporto per epitafi.

Nell’articolo su ZPE del 1981, In margine ad un’iscrizione di Carnuntum, in Pannonia Superior, la Donati si chiedeva la ragione per la quale il militare T. Valerius Primus all’inizio del II secolo portasse la tribù Arnensis che non è quella della sua domus, cioè Brixia (In margine ad un’iscrizione di Carnuntum, in Pannonia Superior, “Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik”, XLIII (1981), pp. 125-126):  L’autrice, oltre alla soluzione più immediata di confusione tra Brixia e Brixellum, proponeva anche una più complessa genesi dell’errore del lapicida, in modo da salvare la paternità bresciana del militare, che sarebbe stato iscritto alla tribù Fabia come gli abitanti di Brixia. .

Gli ultimi studi hanno però corretto la lettura, e sono arrivati fino a sospettare una vera e propria falsificazione, come ha fatto P. Scherrer vd. AE 2008, 1092 (Continuity and Innovation in Religion in the Roman West, R. Haussler A.C. King edd., Portsmouthh 2008).

Nella recensione a R. Noll, Die griechischen und lateinischen Inschriften der Wiener Antikensammlung, pubblicata nel 1988 su “Gnomon”, Angela Donati aveva espresso nel 1988 parere favorevole all’uscita dell’aggiornato catalogo della collezione del Kunsthistorisches Museum, Wien, opera che è andata poi a completare l’edizione del 1962.

Più di recente, partendo dalla vicenda personale dei santi Marino e Leone, che arrivarono dall’isola Arba in Dalmazia fino a Rimini sotto Diocleziano, nell’articolo I santi venuti dal mare, in “Arte per mare”, Milano 2007, pp. 20-23, Angela Donati esponeva la situazione politico-militare della regione ‘illirica’, da cui provengono proprio gl’imperatori del tardo III sec., i quali in un momento di torbidi e incertezza diffusa si appoggiarono alla tradizione religiosa pagana e alle persecuzioni, per puntellare un Impero che rischiava il disfacimento. Questi due Dalmati sarebbero stati chiamati per le loro capacità nell’arte costruttiva, ben motivabili alla luce della grande presenza di pietra nella loro patria.

Vorrei infine soffermarmi sulla mostra di Rimini del 1995 Dal Mille al Mille. Tesori e popoli dal Mar Nero, Catalogo della mostra (Rimini, 1995), Milano 1995: nell’articolo Mar Nero e scrittori greci e latini (pp. 244-247), Angela Donati aveva esaminato la lettura che le fonti letterarie classiche, a partire dai poemi omerici, danno dei popoli (Sciti, Cimmeri, Grifoni) e delle coste del mar Nero, considerato come territorio limitaneo, al di fuori della ‘civiltà’. Pertanto, là viene inviata Ifigenia per espiare le colpe di Agamennone, là viene esiliato Ovidio in epoca augustea e ancora Valentiniano vi confinerà nel 366 d.C. il prefetto del pretorio Fronimio. Fonti geografiche da lei prese in esame con attenzione sono Strabone (che in particolare si sofferma sul passaggio dalla condizione di inospitalità a quella di ospitalità in relazione all’arrivo dei coloni greci e sul rigido clima, confermato anche da Ovidio), Plinio il Vecchio (con le migrazioni stagionali dei tonni dal Mar d’Azov) e Arriano, che dedica alle coste del Ponto Eusino un’opera completa, il Periplo, nel II sec. d.C., in origine probabilmente relazione indirizzata all’imperatore Adriano. La maggiore attenzione è rivolta a quest’ultima opera, che affianca alle informazioni più prettamente geografiche altre di carattere antiquario, come quelle concernenti la leggenda degli Argonauti e i restauri ‘epigrafici’ promossi da Adriano stesso nella città di Trapezunte.

In quella stessa occasione gli studiosi bolognesi si erano sforzati ad attualizzare la storia, fondando le loro osservazioni su una accurata ricerca che però non trascurava l’attualità, fino all’espansione zarista ed all’imbattibile resistenza sovietica contro le armate germaniche. Dunque il Ponto Eusino, il mare ospitale, ed il Mar di Marmara, l’antica Propontide, dalla frequentazione greca fino alla presenza romana dopo Mitridate e Burebista, la Crimea ed il regno bosporano, al punto di incontro tra Greci e Cimmeri o Sciti e altri popoli o civiltà. Il popolo misterioso degli Iperborei, il mito degli Argonauti e di Prometeo, e ancora Orfeo e Dioniso: miti che sviluppano davvero «la nozione del misterioso levante nella conoscenza del continente europeo verso le diverse rive mediterranee».  Proprio sulle rive europee del Ponto Eusino (più che altrove) e lungo le frontiere danubiane la cultura politica romana produsse efficaci modelli di organizzazione civica: fondazioni di colonie, istituzioni municipali, governi per territori con specifiche identità etno-culturali ed economiche» mentre «l’urbanizzazione fece passi considerevoli, anche con l’affiancamento di nuove città ad impianti castrensi, specie sul limes».

Questa per le province danubiane è una frazione infinitesimale della produzione scientifica di Angela Donati, attenta allo specifico del mondo provinciale in tanta parte dell’ecumene romana.  Se e vero che un pezzo di noi se ne e andato per sempre, siamo convinti che le sue opere non invecchieranno nel tempo, ma resterà soprattutto il sapore della novità, il ricordo di una generosità e di una disponibilità senza eguali, la preziosa funzione di collegamento anche come segretaria generale dell’Associazione internazionale di epigrafia greca e latina, un punto fermo al quale guardare, soprattutto in futuro, con ammirazione, con il desiderio di emulazione.

A me personalmente resta il ricordo dolce di un’amica e la consapevolezza di un debito che è aumentato giorno per giorno. In occasione della Santa Messa a San Domenico a Bologna, il 17 ottobre 2018 Riccardo Vattuone aveva voluto ricordare il passo di Giobbe 19, 23 ss., che tanto la emozionava: ≪Oh, se le mie parole si scrivessero, se si fissassero in un libro, fossero impresse con stilo di ferro anche su una tavola di piombo (stylo ferreo et plumbi lamina), per sempre s’incidessero sulla roccia! (sculpantur in silice)>>.

Le scritture antiche hanno rappresentato per Angela Donati il mezzo attraverso il quale superare le barriere dello spazio e del tempo. Questo prezioso insegnamento è un’eredità che raccogliamo consapevoli dei nostri limiti e insieme desiderosi di coinvolgere, di accogliere, di superare ogni conflitto.

Ricordando Angela Donati, con grande emozione qualche giorno fa abbiamo presentato all’Accademia delle Scienze dell’Istituto di Bologna, grazie all’impegno dell’Editore e di molti studiosi, l’LXXXI numero di “Epigraphica” di cui siamo orgogliosi, 740 pagine, 57 autori (alcuni conosciutissimi) provenienti da tanti paesi europei, dal Nord Africa fino al Canada e agli Stati Uniti, con novità, con molte iscrizioni inedite, con uno sguardo internazionale e in un orizzonte di fortissimo rinnovamento, nel quale vorremmo coinvolgere tutto il mondo degli specialisti e non solo. Ora sempre più intendiamo procedere insieme sui differenti versanti di una disciplina pienamente vivace che non si limita a presentare le scoperte delle nuove iscrizioni greche o latine, ma che investe pienamente il tema della comunicazione nel mondo antico, dell’acculturazione e della formazione dell’opinione pubblica attraverso le scritture, si allarga alla storia degli studi, alle relazioni con l’archeologia e con la storia dell’arte, con la papirologia e con la numismatica; oggi ancor più grazie all’informatica, alle nuove tecnologie digitali, alla fotogrammetria, alla computer vision, al trattamento delle immagini, alla modellizzazione in 3D.  Nata ormai oltre ottanta anni fa, nel 1939, diretta da Aristide Calderini, poi da Giancarlo Susini e infine da Angela Donati, la rivista a partire dal numero LXXXI (2019) vede ora coinvolte anche le due Università della Sardegna e in particolare il Dipartimento di Storia Scienze dell’Uomo e della Formazione dell’Università di Sassari e il Dipartimento di Lettere, Lingue e Beni culturali dell’Università di Cagliari. Condirettore è Maria Bollini, ora professore emerito dell’Università di Ferrara. Il Comitato scientifico è stato allargato a numerosi giovani studiosi italiani e stranieri, così come il Comitato di redazione. La Direzione si vale inoltre di un ampio Comitato internazionale di lettura al quale sottopone, a seconda delle specifiche competenze e in forma anonima, gli articoli. Ho il piacere di consenare copiadellarivista appena pubblicata al nostro Lucretiu Mihailescu-Birliba.

Questo mio intervento si chiude qui a Iaşi con la proclamazione del vincitore della IV edizione Premio Giancarlo Susini, sostenuto dalla Fondazione di Sardegna, dall’Editore F.lli Lega, dalla Società scientifica Terra Italia.  Proprio Angela Donati aveva istituito il premio cinque anni fa, dopo la morte del maestro avvenuta nel 2000.  Ora la compagnia si è allargata e alla rivista “Epigraphica” periodico internazionale di Epigrafia, si è aggiunta la Società Scientifica Terra Italia presieduta dalla prof. Cecilia Ricci e la Casa Editrice Fratelli Lega di Faenza, con il contributo della  Fondazione di Sardegna. Visto il bando del 10 luglio 2019  relativo al Premio per la IV edizione del Premio Giancarlo Susini da attribuire ad una pubblicazione di epigrafia greca o latina, dattiloscritta oppure già edita nel 2017 o nel 2018; constatato che per la IV edizione il Premio ha ottenuto i contributi di due mila euro della Fondazione di Sardegna, di mille euro delle Edizioni F.lli Lega e il patrocinio della Società scientifica “Terra Italia Onlus”, visto il verbale della giuria costituita oltre che da me (per Epigraphica), da Cecilia Ricci (per Terra Italia) e Marc Mayer i Olivé (per la casa editrice F.lli Lega), che ha deliberat all’unanimità; rilevato che il premio è destinato all’opera a carattere monografico di un giovane studioso o di una giovane studiosa che non abbia superato i 40 anni di età alla data del bando; rilevato che entro la scadenza del 15 ottobre 2019 sono pervenute quattro opere edite e quattro opere inedite; proclamo vinciore il volume del dott. Riccardo Bertolazzi, nato a Negrar (Varese) il 30 aprile 1985 intotolato Septimius Severus and the Cities of the Empire, con la seguente motivazione:

<<L’intento del volume di Riccardo Bertolazzi, come da lui espressamente dichiarato nell’Introduzione, è quello di mettere in luce le modalità di governo di Settimio Severo attraverso gli interventi di diversa natura testimoniati nei municipi, nelle colonie, nelle civitates e negli altri centri urbani dell’Italia e delle province nei primi decenni del III secolo.  A tale scopo il volume è strutturato in cinque capitoli nei quali l’Autore prende via via in esame l’Italia e le province occidentali; le province danubiane; le province balcaniche e l’Asia minore; l’Oriente; l’Africa. I capitoli sono organizzati in nuclei tematici diversamente declinati, per riflettere al meglio le peculiarità delle realtà amministrative e istituzionali e degli eventi storici che determinarono o influenzarono il rapporto tra imperatore e città.  Lo sguardo di Bertolazzi si concentra in particolare sulle varie forme di contatto e scambio (concessione di onori, formulazione di provvedimenti legislativi ecc.), differenti in quantità e qualità a seconda dell’area considerata.  Il volume è arricchito da un’appendice organizzata in tabelle (per città di provenienza, imperatori destinatari, personaggi/città dedicanti, cronologia e conguagli bibliografici) che ricordano la concessione di statue a personaggi della dinastia severiana. L’autore adotta un approccio originale e innovativo, dimostrando una notevole disinvoltura nel trattare le vicende amministrative e giuridiche; è in grado di fare un uso appropriato e consapevole di fonti diverse (storiche, epigrafiche, numismatiche, iconografiche); dà prova di ben conoscere la principale bibliografia internazionale sul tema. La scrittura è fluida e coerente e ha un taglio problematico. Le conclusioni cui Bertolazzi perviene sono destinate ad alimentare il dibattito sull’età severiana, in relazione in particolare alla discordanza tra le informazioni veicolate dalle fonti letterarie e dalle fonti epigrafiche; e al presunto carattere autocratico del regime severiano>>.

La commissione fa presente che il libro sarà inserito nella collana ‘Epigrafia e antichità’ della casa editrice dei F.lli Lega, una volta sentiti i responsabili della collana. Il dott. Riccardo Bertolazzi riceverà 50 copie del volume una volta stampato.

Le più recenti qualifiche del dott. Bertolazzi:  Faculty of Arts & Science Postdoctoral Fellow, University of Toronto, Department of Classics (Progetto di ricerca: compilazione di una monografia dedicata allo studio dei rapporti tra l’imperatore Settimio Severo e le città dell’impero, Supervisore: Prof. Christer Brun:  Ph.D. Greek and Roman Studies, University of Calgary (Tesi: “Julia Domna: Public Image and Private Influence of a Syrian Queen.” Supervisore: Prof. Hanne Sigismund Nielsen) L’autore dichiara di essere impegnato nei seguenti ambiti di ricerca: Storia politica, militare, religiosa e sociale del periodo medio-imperiale romano; epigrafia romana; epigrafia della X Regio Venetia et Histria; Africa romana; province danubiane dell’impero romano; Cassio Dione.

Affettuosi auguri al nostro giovane e promettente Riccardo Bertolazzi.




L’autochtonie dans le Maghreb et en Méditerranée occidentale de la protohistoire aux temps modernes : Approches socio-cultelle et patrimoniale

Laboratoire « Diraset Etudes Maghrébines »
L’autochtonie dans le Maghreb et en Méditerranée occidentale de la protohistoire aux temps modernes : Approches socio-cultelle et patrimoniale
Colloque international Etre autochtone, devenir autochtone : Définitions, représentations
Tunis 24-26 octobre 2019

Attilio Mastino

Natione Afer, Maurus, Libicus

Le thème de l’expression natione Afer que Patrick Le Roux a abordé ier et que nous abordons aujourd’hui a, comme nous le verrons, de profondes répercussions historiques, politiques, identitaires, qui frappent même la contemporanéité et concernent l’identité – principalement culturelle- de marins, soldats, auriges, gladiateurs, artistes, médecins, hommes et femmes engagés hors des provinces africaines. Mais il est clair que notre discours doit s’elargir à tout l’empire. Cette identité est également revendiquée par leurs héritiers survivants, qui ne semblent pas se soucier de la traditionnelle hostilité romaine vis-à-vis des pérégrins africains pour laquelle on avait même parlé de racisme et de xénophobie (pensons à l’exitiabile genus Maurorum). Les Africains qui se trouvaient dans des terres lointaines souhaitaient probablement souligner avec nostalgie leurs liens toujours présents avec leurs territoires d’origine, la valeur d’une autochtonie profonde et géographiquement enracinée d’une famille qui, même après son déplacement, continuait à ressentir qu’elle appartenait à un territoire lointain, car – et nous employons ici les mots de Cesare Pavese – « Un paese ci vuole, non fosse che per il gusto di andarsene via. Un paese vuol dire non essere soli, sapere che nella gente, nelle piante, nella terra c’è qualcosa di tuo, che anche quando non ci sei resta ad aspettarti » [Il faut avoir un pays, ne serait-ce que pour le plaisir de partir. Un pays signifie ne pas être seul, savoir que parmi les gens, parmi les plantes, sur la terre, il y a quelque chose qui t’appartient, qui même lorsque tu n’y es pas, t’attend]. C’est donc le refus de renoncer à ses propres racines, avec le rappel à une aire géographique à laquelle on appartenait non pas en tant que incolae extérieurs mais par le sentiment profond, par le lien culturel avec une série de générations précédentes, meme si tous les ancetres n’etaient pas africains et meme s’ils etaien citoyens romains. On perçoit également des sensibilités différentes sur le plan psychologique et ce que Ben Romdhane à Sousse dans Les Afri et leurs territoires à l’époque romaine a défini comme une alternance entre « conception ethno-identitaire » et « conception géo-admistrative ».

Il ne s’agit pas d’indiquer tout simplement la provenance géographique, la résidence principale, le domicile, mais par l’expression natio on entre dans un groupe social très vaste, considéré comme unitaire dans son ensemble, même en forçant une réalité faites de rencontres, de relations, de contacts dont nous pourrions dire que Jugurtha est la synthèse. Nous nous rendons parfaitement compte que, suivant les sources, on oscille entre la dimension purement ethnologique (qui est utile pour indiquer le groupe auquel appartient un “étranger” vivant depuis longtemps loin de sa natio d’origine et qui se définit surtout (mais pas tousjours) par l’absence de la civitas romaine) et la culture d’appartenance, la naissance et l’origine géographique lointaine d’un personnage, même si l’on faisait généralement allusion, à l’époque impériale, – malgré l’avis différent de Theodor Mommsen – à une province ou à un groupe de provinces, plus rarement à un peuple (p. es. natione Bessus o natione Batavus) et presque jamais à une ville. <<Un petit nombre d’inscriptions latines sur les pierres tombales de soldats de la marine romaine – a écrit recemment Michael A. Speidel – qualifie le défunt de natione Ponticus. Theodor Mommsen a estimé que de telles dénominations faisaient partie d’un schéma général basé sur «un sens d’affinité généalogique» et ne respectant pas les frontières administratives romaines. De même, une théorie récemment publiée par M. Dana sur Patrie d’origine et patries électives soutient que les soldats ont choisi la manière dont ils indiquaient leur domicile en tenant compte de leur sentiment vis-à-vis de leur lieu d’origine et que, par conséquent, ces désignations traduisaient des sentiments d’identité. En conséquence, les individus se décrivant comme natione Ponticus auraient dû se sentir particulièrement attachés à leur identité «pontique». Cependant, le schéma qui se dégage des sources traditionnelles suggère que l’expression natione Ponticus s’enracine dans les pratiques administratives de la force navale romaine. Pour Speidel il restait néanmoins ambigu et se prêtait à des «malentendus».

Mis à part le fait que seule une minorité de textes relatifs aux Africains concerne les marins, mais aussi certaines femmes, d’ailleurs, il y a une nuance, qui n’est pas la même dans les sources littéraires et dans les sources épigraphiques, entre gentes et nationes, avec un élargissement du champ restreint des gentes installées sur le territoire vers les nationes qui semblent souvent se rapporter à une réalité indistincte, celle d’une province entière ou même à un groupe de provinces, l’Afrique, les Maurétanies, les Gaules, les Hispaniae, la Dalmatie, la Pannonie, la Phrygie, la Sardaigne etc. Quant à l’utilisation de l’expression concernant l’origo, natione Afer, Maurus, Libicus, etc., il est évident que le point de vue adopté dans les inscriptions est totalement extérieur au territoire d’origine, mais celui-ci est toujours rappelé positivement comme étant le territoire d’appartenance. Pour l’Afrique, nous sommes en possession de plus de quarante attestations relatives à des groupes importants de population sans autres distinctions à l’intérieur de ces groupes unitaires de gentes; toutes ces attestations étant documentées à Rome ou en Province mais jamais en Afrique, et n’étant quasiment jamais à l’ablatif, natio, nationes. Au sens propre, nous ne connaissons en Afrique qu’un cas à Madauros de L(ucius) Baebius Crescens, qui est toutefois natione Italica. Dans un autre contexte, en Afrique, on trouve de nombreuses attestations du mot natio.

Essayons tout d’abord de définir les limites du rapport incertain entre populus, civitas, gens et natio, dont on a amplement discuté ces dernières décennies, à partir de l’article de J. Burian (1961) et de l’ouvrage de J.-M. Lassère, Ubique populus : Pline l’Ancien, dans sa Naturalis Historia, compte pour l’Afrique 516 populi à l’intérieur des provinces romaines, parmi lesquels les citoyens des municipes, des colonies, des oppida ; ex reliquo numero non civitates tantum sed plerique etiam nationes iure dici possut, ut Nattabudes, Capsitani, Musulami, Sabarbares, Massili, Nicives, Vamacures, Cinithi, Musuni, Marchubi et tota Gaetulia ad flumen Nigrim, qui Africam ab Aethiopia dirimit (Pline nat. V, 30). Il suffit de voir cette liste de 10 peuples, que Pline va jusqu’à définir nationes, pour comprendre que l’Auteur exagère, et qu’il sait qu’il exagère (etiam nationes iure dici possunt), en fournissant une liste qui, en réalité, semblerait une liste de gentes, terme considéré par Desanges un véritable synonyme mais qui, en fait, indique des réalités plus restreintes que Afri, Mauri, Libici (nous savons que la tribu la plus importante parmi les Libyens était celles des Gétules) ; d’ailleurs Tacite le confirmera en partie lorsqu’il considère les Cinithii haud spernendam nationem (II,52). Mais l’oscillation dans les sources est très évidente puisque nous pouvons faire la liste des nombreux cas où les groupes ethniques africains sont appelés, un peu rapidement, nationes : à Macomades Selorum dans la Syrte, nous avons même connaissance de bornes frontières, les termini, placés à l’époque de Domitien (VI puissance tribunicienne) sur l’ordre du légat Suellius Flaccus inter nationem Muduciuviorum e[t] Zamuciorum ex conventione utrarumque nationum (IRT 854).

Pendant la même période, il y a en Syrie, à Héliopolis, un C. Veius Salvi f. Rufus, dux exercitus Africi et Mauretanici ad nationes quae sunt in Mauretania comprimendas, où l’on se réfère certainement à une pluralité de peuples (gentes) installés à l’intérieur des provinces de la Maurétanie (IGLS VI, 2796 ).

Pendant la période de Trajan, rappelons à Côme, en Transpadana (Regio XI), la précédente carrière d’un L. Calpurnius L.f. Ouf(entina) Fabatus cité en 112 comme [pr]aef(ectus) cohortis VII Lusitan(orum) [et] natio(num) Gaetulic(arum) sex quae sunt in Numidia (CIL V 5267). Et Christine Hamdoune croit pouvoir identifier les six nationes citées à Côme dans les Nattabudes, Sabarbares, Massili, Nicives, Vamacures e Marchubi de Pline.

Nous pouvons rappeler également le cas des Chinithii, puisque le flamen perpetuus du divin Trajan, appelé par le divin Hadrien à faire partie des cinq décuries de juges à Rome, est célébré à Gightis par une statue ob merita eius et singularem pietatem quam nationi suae (Chinithiorum) praestat (CIL VIII 22729) ; et nous avons déjà souligné que pendant ces mêmes années Tacite considérait les Cinithii haud spernendam nationem (Annales II,52).

Nous ne tiendrons pas compte ici de l’imposante documentation relative aux gentes africaines, comme dans Tacite à propos des Musulames, gens solitudinibus Africae propinqua nullo etiam tum urbium cultu (Annales II, 52).

Si nous abandonnons le domaine restreint des nationes (manifestement confondues avec les gentes quant à la qualité des renseignements, quelquefois inexacts, possédés par les auteurs classiques pour des zones peu urbanisées des provinces africaines) et si nous nous plaçons sur un plan plus vaste, le terme natio finit par être utilisé presque exclusivement pour indiquer des personnages provenant d’un vaste territoire provincial. Tacite déjà considère Tacfarinas, natione Numidia de la période de Tibère, comme s’il était originaire d’un espace géographique se référant à l’ancien royaume de Numidie mais n’ayant pas encore été reconnu comme une véritable province autonome de l’Afrique, comme ce sera le cas avec Septime Sévère (Annales II, 52) ; d’ailleurs, nous avons connaissance, dans Salluste, de la gens des Numides liés à Jugurtha : genus hominum salubri corpore, velox, patiens laborum. À Thuburbo, Carus et Carin sont célébrés dans la titulature cosmocratique impériale extérieure à l’urbs Roma, qui définit l’espace universel contrôlé par les empereurs pacatores orbis, gentium, nationumque omnium : il s’agit d’une réalité hétérogène et globale qui est résumée dans l’urbs Roma mais qui se diversifie non seulement en une pluralité de civitas et d’urbes mais aussi de nationes et de gentes.

Nous nous concentrerons par contre sur l’expression à l’ablatif natione accompagnée de l’ethnique Punicus, Afer, Maurus, Libicus, etc. à partir d’une documentation originale, comme les inscriptions, qui hérite du point de vue des sujets intéressés, donc de ceux qui malgré la distance ont un sens réel d’appartenance et qui, directement ou par le biais de leurs héritiers, désirent exprimer un sentiment, un lien fait de nostalgie et peut-être de regrets. Notre première observation est justement celle qui n’apparaît jamais, à savoir Numida, avec un lien avec le peuple des Numidae bien que très vaste dans l’espace géographique, c’est ainsi que Tacite considère Tacfarinas ; ce qui est très surprenant car l’expression Natione Libicus ferait croire que le lien avec la naissance d’une province (donc avec la période de Septime Sévère pour la Numidie, avec la période de Dioclétien pour la Libye supérieure et pour la Libye inférieure en Cyrénaïque) est tout à fait impropre ; il me semble que l’on doit nécessairement en déduire que les Numides d’Occident, mais aussi les habitants de la Tripolitaine, étaient considérés comme des Afri à part entière ; au contraire, les Libyens (ceux de Cyrénaïque) ne peuvent pas être entièrement compris dans cette catégorie. Nous verrons que nous pouvons documenter cette différence : par exemple, un Numide originaire de Théveste est cité comme Afer : Q(uintus) Iul(ius) Primus imag(inifer) leg(ionis) II Traian(ae) Ger(manicae) For(tis) Antoninianae nat(ione) Afer domo Theveste translat(um) ex leg(ione) III Aug(usta) P(ia) V(ictrici), 6.

Si nous considérons l’ensemble de notre catalogue, nous voyons que l’attestation la plus ancienne est déjà de la période républicaine ; elle concerne une affranchie Numitoria C(ai) l(iberta) Erotis natio(ne) Punica enterrée dans un tombeau familial sur la voie Latine à Rome, à la fin de la période césarienne, 47 av. J.-C. (41, CIL I 2965a) : il s’agit très probablement d’une affranchie d’un C. Numitorius, comme l’oculiste C(aius) Numitorius C(ai) l(ibertus) Nicanor nationi T(h)ebaeus medicus ocularius, enterrée avec d’autres colliberti d’origine orientale (nationi Tebaeus, natione P(h)rugia, natione verna e nationi Smurnaeus) dont l’origo est indiquée pour chacun d’entre eux; son arrivée à Rome depuis l’Afrique et sa manumission doivent être certainement situées avant la refondation de Carthage par Jules César et la nationalité Punica (si la l’interprétation est exacte) doit indiquer de toute évidence une esclave libérée à Rome par son maître et qui à l’origine était en état d’esclavage et donc totalement hors de la citoyenneté romaine ; de plus, il semble évident que l’esclave parlait la langue punique et non le latin, il s’agirait donc d’une identification linguistique et culturelle. Par ailleurs, nous possédons au moins 29 attestations de natione Afer ou Afra (dont 7 au moins à Rome) : une pour un marin en Britannie pour lequel il était précisé Bizacinus oriundus, originaire de Byzacène, donc de la Tunisie centre-méridionale ; 5 attestations de natione Libicus (dont une urbaine) ; 6 attestations de natione Maurus (quasiment toujours à Rome). Ces termes semblent indiquer non seulement la condition de pérégrin (même si nous savons il y a de nombreux cives) mais aussi l’appartenance non pas à une seule ville mais à une population non urbanisée : au total 41 documents au moins devront être confrontés aux expressions domo Africa, domo Mauretania Caesariensi, etc. qui au contraire peuvent se référer à des personnes appartenant à la communauté d’une ville (par ex. Sufetula en Africa; par ex. Saldae et Choba en Maurétanie Césarienne). En réalité, nous avons également domo Thevesti (ThlL 9,1,133,60), civis Carthaginiensis, de loco Kasae (voir également le Caius Zobonis de lo(co) Kasense civis Afer), un oriundus Bizacinus de Thysdrus. Toutefois, nous trouvons aussi des références à une seule ville, sans l’aspect ethnique, avec un emploi imprécis qui rapproche natione de domo: nat(ione) Alex(andrinus) (AE 1906, 163, Ravenne, marin) ; nous avons déjà cité les cas nationi Tebaeus, natione P(h)rugia, natione verna e nationi Smurnaeus.

D’autres expressions, moins caractérisées sur le plan culturel, ne sont qu’apparemment semblables : domo Africa, domo Mauretania, ex Africa, ex provincia Mauretania, civis Afer, oriundus ex Africa, natus in Africa, etc. L’expression domo Africa ne coïncide pas parfaitement avec natione Afer : à titre d’exemple, nous citerons l’épitaphe de Silicia Namgidde domo Afr(i)ka à Fanum Martis en Lugdunense (CIL XIII 3147, eximia pietate filium secuta à 65 ans), ou bien le cas du médecin C(aius) Iul(ius) Filetion domo Africa, commémoré à 35 ans par ses parents, à Aquincum en Pannonie inférieure (CIL III 3583), enterré au IIIe siècle dans le mausolé du coll(egium) cent(onariorum). Toujours à Aquincum nous avons une explication ultérieure pour M(arcus) Granius Datus vet(eranus) leg(ionis) II Ad(iutricis) domo Africa Sufet(u)la, pour lequel est précisée qu’il provient de Sbeïtla au IIe siècle apr. J.-C. (CIL III 3680).

Voir Afer (plus générique) accompagné de la ville d’origine : p. ex., Potaissa en Dacie dans la seconde moitié du IIe siècle après J.Ch. (ILD 463): Numini Saturno Reg(i) Patri deorum et Latonae, P(ublius) Recius Primus ben/ef(iciarius) leg(ati) leg(ionis) V M(acedonicae) P(iae) F(idelis) p(osuit) ex v(oto) domo Zigali / Afer, où l’expression nationes n’est pas indiquée. En Pannonie inférieure : M. Iulius Fortunatus vet(eranus) coh(ortis) Maurorum, d(omo) Africa (CIL III 3324) et Ulpius Varivore (?) vet(eranus) alae I Ulpiae Contariorum do(mo) Af(er) à Arrabona sur le limes danubien (CIL III 4389), voir Ubique populus, p. 629.

Pour le titre, plus générique, de civis Afer, voir p. ex. le texte provenant de Portus dans le Latium et concernant le IIIe siècle (maintenant au Musées du Vatican), CIL XIV 481: D(is) M(anibus) s(acrum). Vale[ri]us Veturius civis Afer colonicus vixii annis LXX me(n)si(bu)s II die(bu)s VIIII (Lassère, Ubique populus, p. 629). Voir également à Celeia dans le Norique CIL III 5230, Aurelius Adiutor, civis Afer, negot(ians) (Lassère, Ubique populus, p. 629); civis Afer à Colonia Agrippinensium, AE 1956, 251 (ibid., p. 641).

Pour la Maurétanie, citons à Carnuntum en Pannonie Supérieure dans la seconde moitié du IIe siècle apr. J.-C. [—] Crescens Licinianus [trib(unus?) c]oh(ortis) XVIII vol(untariorum) domo Maurit(ania), mort à 45 anni, rappelé par sa femme Abudia Murinilla (AE 1905, 240). Mais même dans ce cas, nous pouvons préciser la ville d’origine, comme pour G(aius) Cornelius Peregrinus trib(unus) cohor(tis) ex provincia Maur(etania) Caesa(riensi) domo Sald[i]s dans une dédicace effectuée Genio loci Fortun(ae) Reduci Romae Aetern(ae) et Fato Bono à Alauna en Britannie (CIL VII 370 = RIB I, 812) ; voir aussi l’inscription de Solva en Pannonie Supérieure (AE 2011, 977) dans la seconde moitié du IIIe siècle : [I(ovi) O(ptimo) M(aximo)].  [pro salu]te Imp(eratoris) Caes(aris). M(arcus) Fl(avius) M(arci) f(ilius) Flavia Impetratus trib(unus) domo Saldas(!) ex Mauret(ania) Caes(ariensi) v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito).

Le cas de Petavonium en Hispanie Citérieure est similaire pour la dédicace : Herculi sacr[u]m. M(arcus) Sellius L(uci) f(ilius) Arn(ensi) Honoratus domo Choba ex provincia Maur[e]tania Caes(ariense) praef(ectus) eq(uitum) a(lae) II F(laviae) H(ispanorum) c(ivium) R(omanorum) votorum compo/s templa Alcidi deo a fundamentis exstruxit.

Sont synonymes or(iunda) e[x] Mauretania à Italica (AE 1982, 521), ex prov[i]n[cia] Africa à Tarraco pour un décurion en Hispanie (CIL II 4263 = II. 14, 1204), ou simplement ex Africa (CIL VI 1366, 33867; III 19515) ou bien ex Mauretania Caesariensis encore à Tarraco (CIL II. 14, 1306 = RIT 405): D(is) M(anibus). [Vale]riae Meleti[nae]. [—]mmius Saturnin[us] [ex Ma]uret(ania) Caesariens(i) uxor(i) piissim[ae]  h(oc) m(onumentum) h(eredem) n(on) [s(equetur)]). À Interamnia: natus in Provincia Africa, col. Thapsi (CIL IX 5087)), nata regione Adrumeto à Pinna Vestina (CIL IX 3365); à Rome Numida Aug(usti) n(ostri) ser(vus) vil(icus) Medaurianus et Aemil(ia) Primitiva mater oriundi ex Africa col(onia?) Theveste (CIL VI 13328 = V 64,1); renversé : Theveste ex Africa (CIL III 10515, Aquincum).

Naturellement, le tableau se complique si nous recherchons l’expression civis Afer ou des expressions analogues et si nous prenons également en compte les cognomina ou les noms simples Afer, Afra, etc. (par ex. le poète Térence, Publius Terentius Afer ; ou en Lusitanie, C(aius) Licinius Afer, Olisipo (Odrinhas 8); Annaea Pompeiana Afra CIL X 2054, Puteoli).

Les attestations de natione Afer, Maurus, Libicus que nous avons déjà citées dans le catalogue remontent surtout aux IIe et IIIe siècles apr. J.-C. et viennent de :

– Italie 29, Rome 14 (1, 2, 7, 8, 9, 10, 28, 30, 35, 36, 37, 38, 39, 41), Misène 10 (14-21, 26, 31), Puteoli 2 (1112), Ravenne 2 (22, 32, 33), Teanum Sidicinum 1 (27);

– Gaule 2 (Arles 23 et Ludgunum 24)

– Dalmatie 2 (Salona 3-4)

– Égypte 2 (Alexandrie 6, 29).

– Bétique 1 (Malaga, 25), Pannonie Sup. 1 (Carnuntum 5), Mésie inférieure 1 (Ibida, 34), Britannia (Arbeia, 40).

Le nombre total des personnages est élevé, 39, en réalité il ya en a bien au-delà de 50, car probablement leurs parents, leurs femmes, leurs enfants (souvent cités dans les inscriptions), c’est-à-dire leurs héritiers, devaient avoir la même origine africaine.

La condition sociale de ces Africains est plutôt élevée.

Nous avons connaissance d’au moins 7 equites singulares :

T(itus) A[—] n(atione) A[fer —], 1 (qui s’identifie probablement au second)

T(itus) Aur(elius) Ṿ[— nat(ione)] A[fer —], 2

Aurelius Masculinus tur(ma) Quadrat(i) nat(ione) Afer, 8

T(itus) Flavius Fortunatus eq(ues) sing(ularis) Aug(usti) n(ostri) tur(ma) Antonini nat(ione) Afer, 10

A[ur]elius [—] eq(ues) [s(ingularis)] Aug(usti) n(atione) Mau[rus(?)] turma Marcellini, 35

T(itus) Aur(elius) Pompeius, ẹq(ues) sing̣(ularis) Aug(usti), nat(ione) Maurus, ṭụr(ma) Ạ[..] Pḷẹtọrịnị, 36

un prétorien, certainement citoyen romain :

Decimius Augurinus nat(ione) Afer, mil(es) coh(ortis) I pr(aetoriae) ((centuria)) Martini, 7

Deux légionnaire, certainement citoyens romains, l’un des deux ayant été transféré de l’Afrique à l’Égypte sous Caracalla:

Q(uintus) Iul(ius) Primus imag(inifer) leg(ionis) II Traian(ae) Ger(manicae) For(tis) Antoninianae nat(ione) Afer domo Theveste translat(um) ex leg(ione) III Aug(usta) P(ia) V(ictrici), 6

Q(uintus) Cornel(ius) Victor veteran(us) ex leg(ione) II Traian(a) nat(ione) Afer, 11

un affranchi d’un soldat :

Victor natione Maurum libertus Numeriani [e]q(u)itis ala(e) I Asturum, 40

14 marins, dont 10 de la flotte de Misène y compris deux gubernatores:

Iulius Felix na(tione) Afer gybernator, 17

G(aius) Pomponius Felix natione Afer gybern(ator) cl(assis) pr(aetoriae) M(isenensis), 18

L(ucius) Urbinius Quartinus mil(es) ex clas(se) pr(aetoria) Misen(ensi) nat(ione) Afer, 14

M(arcus) Gargilius Felix armor(um) III(triere) Satyba n(atione) Afer, 15

C(aius) Arule(nius) Restitutus manip(ularis) III(triere) Libertat(e) nat(ione) Afer, 16

L(ucius) Surdinius Saturninus lib(urna) Armata nat(ione) Afer, 20

[Valerius] / na[t(ione) Afe]r III(triere) V+++, 21

Bifonius Celestinus nat(ione) Afer, 26

T(itus) Turranius Pollio III(triere) Salut(e) mil(es) cl(assis) pr(aetoriae) Mis(enensis) n(atione) Libycus, 30

Qu(intus) Silicius Silbanus nat(ione) Afer emerit(us) cl(assis) pr(aetoriae) Mis{s}(enensis), 19

3 marins de la Flotte de Ravenne

M(arcus) Ant(onius) Sopater mil(es) cl(assis) pr(aetoriae) Raven(natis) III(triere) Apoll(ine) st(ipendiorum) XXVII nat(ione) Libucus, 31

[—] Arrianius IIII(quadriere) Fort(una) nat(ione) Liby(cus), 32

[—nat(ione) Lib]yc(us), 33

Un marin de la Flotte Britannique

[—]entius Saturninus ex [—] classis Britannicae Phi[lippianae na]tione Afer Bizacinus o[riundus] [m]unicipio, 23

5 auriges, agitatores, reliés à deux factions pour les courses du Circus Maximus : factio prasina pour les Afri et factio veneta pour les Mauri, donc les verts et les bleus dévots de la Terre Mère et du ciel ou de la mer.

Scorpianus [agita]tor factionis [—] natione Afer, Carnuntum, 5

M(arcus) Aurelius Liber pater et magister et socius, dominus et agitator factionis prasinae et son fils Aurelius Caecilius Planeta Protogenes, natione Afri, Rome, 8

M(arcus) Aurelius Liber dominus et agitator fact(ionis) prasin(ae) kapitolioni(cae) nat(ione) Afer, Teanum Sidicinum, 27

Crescens, agit(ator) factionis ven(etae), natione Maurus, annorum XXII, quadriga primum vicit, Rome, 37

Deux gladiateurs (un secutor et un scutarius):

Crinitus secutor nat(ione) Afer, 4

Valerius Lila scutarius natione Maurus, 38-39

Un rhéteur, voir ThlL s.v. natio, 9,1, 133,55 et Lassère, Ubique populus, p. 629

Q(uintus) Publicius Aemilianus rhetor natione{m} Afer, 3

Un artisan verrier et sa famille

Iulius Alexsa(n)der natione Afer civis Carthagine(n)sis opificus artis vitriae, 24 (pour Lassère, Ubique populus, p. 627, il est rappelé comme Africain à Lugdunum avec ses enfants, également Africains, Iulius Alexius, Iulius Felix, Iulius Gallonius, Numonia Belliosa et ses 6 petits-enfants).

Incertains

Q(uintus) Marcius Quadratus nat(ione) Lib(ycus?), 34

L(ucius) Volussius Saturninus na(tione) vel na(tus) Afer, Neapolitanus, 28

Femmes

Maia Tertyll{l}a nat(ione) Afra, 13

Bruttia Rogatina nat(ione) Afra, 29

Numitoria C(ai) l(iberta) Erotis natio(ne) Punica, 41

Enfants chrétiens

Aurelius Iulianus natione{m} Afra{m}, 25

Quasiment tous ont des noms complets, seuls quatre n’ont qu’un seul nom : le gladiateur Crinitus secutor nat(ione) Afer, 4; les auriges Scorpianus [agita]tor factionis [—] natione Afer, 5 et Crescens natione Maurus, 37; Victor natione Maurus, 40. Ceci fait supposer que la plupart sont des citoyens romains de première et seconde génération. Notons le nombre de Iulii, trois, Q. Iulius Primus, légionnaire, mari de Aurelia Dioscorus 6; Iulius Felix, mari de Flavia Nicopolis, 17; Iulius Alexsander, natione Afer civis Carthagine(n)sis, 24; de Flavii: T(itus) Flavius Fortunatus, nat(ione) Afer, eques singularis, rappelé par ses héritiers heredes T. Aur(elius) Annius e T. Aur(elius) Genialis, 10. Enfin les Aurelii, sept :  Aurelius Masculinus tur(ma) Quadrat(i) nat(ione) Afer , 8; M(arcus) Aurelius Liber agitator factionis prasinae et son fils Aurelius Caecilius Planeta natione Afri 9, M(arcus) Aurelius Liber domino et agitatori fact(ionis) prasin(ae) kapitolini(cae) 27; A[ur]elius [—] eq(ues) [s(ingularis)] Aug(usti) n(atione) Mau[rus(?)], 35. T(itus) Aur(elius) Pompeius, nat(ione) Maurus, 36. Chrétien, Aurelius Iulianus natione{m} Afra{m}, 25. Nous avons aussi Antonii, Arulenii, Bifinii, Bruttii, Cornelii, Furii, Gargilii, Herenii, Marcii, Marii, Pomponii, Silicii, Surdinii, Turranii, Urbinii, Valerii, Volussii.

Certains sont probablement des affranchis portant un cognomen grec (M(arcus) Ant(onius) Sopater nat(ione) Libucus, 31). Même le rhéteur Q(uintus) Publicius Aemilianus rhetor natione{m} Afer porte un gentilice Publicius, qui pourrait indiquer l’origine libertine d’une famille dont les ancêtres était des esclaves de la colonie de Salone (3). D’ailleurs, l’indication de libertus est presque toujours omise, sauf pour Victor natione Maurum libertus Numeriani [e]q(u)itis ala(e) I Asturum, 40, affranchi d’un soldat ; et voir également Numitoria C(ai) l(iberta) Erotis natio(ne) Punica, 41.

De toute évidence, sont citoyens romains le prétorien Decimius Augurinus nat(ione) Afer, mil(es) coh(ortis) I pr(aetoriae) ((centuria)) Martini, 7 ; les légionnaires (Q(uintus) Iul(ius) Primus imag(inifer) leg(ionis) II Traian(ae) Ger(manicae) For(tis) Antoninianae nat(ione) Afer domo Theveste translat(um) ex leg(ione) III Aug(usta) P(ia) V(ictrici), 6; Q(uintus) Cornel(ius) Victor veteran(us) ex leg(ione) II Traian(a) nat(ione) Afer, 11) et tous les sept sont equites singulares.

Certains cognomina africains présentent un grand intérêt : L(ucius) Surdinius Saturninus, nat(ione) Afer , 20; L(ucius) Volussius Saturninus na(tione) vel na(tus) Afer, Neapolitanus, 28; [—]entius Saturninus, [na]tione Afer Bizacinus o[riundus m]unicipio, 23.

Quasiment tous les personnages indiqués par l’expression natione Mauri ont un statut social inférieur à celui des Africains.

L’inscription de Slava Rusa, ville roumaine où se déroulent les fouilles archéologiques de l’Université de Sassari, l’ancienne Ibida ou Libida en Mésie inférieure, est d’un grand intérêt : Conrad 233 = IScM-05, 00225 = AE 1980, 825 EDCS-ID: EDCS-11300771, Ubi erat Lupa, 21021. Récemment, L. Mihailescu Birliba (La cité romaine du Haut-empire d’Ibida (Mésie inférieure), Considérations historiques selon le dossier épigraphique, “Studia Antiqua et Archaeologica” XVII, 2011, p. 102 nr. 4) a proposé de revoir la dédicace à la mémoire de Q(uintus) Marcius Quadratus nat(ione) Lib(ycus?), de 95 ans, par son fils Q(uintus) Marcius Provincialis fil(ius): nous devrions comprendre nat(ione) Li(burnus) ; cette dédicace serait assez surprenante, étant unique et faisant référence à un territoire qui n’a jamais constitué une province autonome, comprise dans la Dalmatie. La Liburnie était une ancienne région de la côte nord-orientale de l’Adriatique, dans la Croatie actuelle ; elle était habitée par le peuple illyrien des Liburniens. Il faut également exclure l’interprétation nat(ion) Li(bidensis) qui ferait exceptionnellement référence à la ville de Libida, juste à l’emplacement de la sépulture originale, et non pas à une province.

Nous ne pouvons pas ici approfondir les détails, mais il convient de noter que, dans l’Antiquité tardive, l’expression “natione Afer” n’a pas été perdue : voir par ex., dans le conflit avec les Aryens en Gaule, les cas de Cerealis episcopus natione Afer (Gennade de Marseille vir. ill. 96) et Pomerius natione Maurus, in Gallia presbyter ordinatus (Gennade 98). Mais la question pourrait être suivie dans le temps à une période plus récente.

 

2. En général, natio souligne la pluralité des composantes de la société romaine des provinces et permet d’apprécier la communauté de droit à laquelle on appartenait par lien de sang, à partir du pays de naissance, du lieu d’origine et d’ancienne appartenance. Le terme était fréquemment utilisé pour désigner également les barbares qui vivaient hors de l’empire romain ou qui avaient leur propre langue et leurs propres traditions, mais toujours vus de l’extérieur. Natio pouvait indiquer de manière générique une ethnie ou pouvait être utilisée pour caractériser même un seul représentant d’une entité géographique plus vaste, comprenant plusieurs populi et gentes. Pourtant, généralement, natio contient également un aspect qui incluait, sur les plans ethnique et culturel, notre terme “nation” qui apparaît aujourd’hui plus caractérisé sur le plan identitaire, plus capable d’identification spécifique, faisant référence à des peuples qui « ont en commun leur langue, leur histoire, leurs traditions ». Pour les provinces, la question avait des contenus culturels et juridiques importants quant au rapport entre la citoyenneté romaine et les iura gentis, c’est-à-dire les traditions juridiques locales des peregrini, qui persistaient dans une province romaine, comme en témoigne par exemple la Tabula Banasitana ; ces éléments montrent en quelque sorte que le “système juridique pré-romain” survivait en pleine période impériale.

Pour expliquer le terme natio, dans le sens de “patrie”, origo, lieu géographique de naissance et d’origine mais aussi domicilium (en grec génos, éthnos, polítes), le grammairien Lucius Cincius, repris par Festus pendant la période républicaine, faisait référence à ceux qui ont leurs racines dans un territoire où ils sont nés et où ils continuent à vivre : genus hominum, qui non aliunde venerunt, sed ibi nati sunt ubi incolunt. Cependant, le terme natione Afer n’est jamais documenté dans la région d’origine mais uniquement dans une terre très lointaine.

À ce propos, il faut préciser la différence avec gens car la notion exprimée par ce terme est liée à la série d’ancêtres présents dans une lignée familiale et unis par une relation de sang ; la notion de natio, en revanche, tient compte de la relation d’un groupe social donné avec un lieu d’origine géographique; en effet ce terme indique le sol de la patrie d’origine, « solum patrium quaerit », car il est homoradical avec le verbe nascor. Par conséquent, dans l’article natio écrit pour le Thesaurus linguae Latinae (a. 2014), Friedrich Spoth observe qu’en utilisant le terme natio, on veut parler notamment de coetu hominum, qui coniuncti sunt vinculo, peut-être unius originis, linguae, religionis similiter. On saisit donc le sens de l’expression natione verna, dans laquelle verna ne doit pas être compris dans son sens habituel d’”esclave né chez le maître”, mais dans le sens plus ancien de “natif”, puisque cette expression est utilisée surtout pour les affranchis et non pas pour les esclaves.

Généralement natio est utilisé pour indiquer un « populus », c’est-à-dire « homines, nomine vinculo originis, religionis similiter coniuncti » : les populations étrangères, alliées ou soumises à Rome (nationes exterae) ; il désigne quelquefois des peuples hostiles à la Res pubblica ou bien des groupes ethniques définis ethnocentriquement “barbares et arriérés” par rapport à la culture dont les Romains se croyaient les principaux porteurs. Mais pas dans notre cas car l’expression est vue positivement par les provinciaux africains ou par leurs héritiers. Pendant la période romaine, cette notion visait principalement les peregrini qui vivaient dans de vastes régions de l’espace géographique de l’empire et qui conservaient leurs traditions et, en quelque sorte, leur propre citoyenneté, quelquefois comme alternative à la citoyenneté romaine : natio est donc la communauté de droit à laquelle on appartenait par lien de sang, à partir du pays dans lequel on était né, du lieu d’origine et d’ancienne appartenance. Le terme était fréquemment utilisé – péjorativement – pour désigner les barbares vivant hors de l’Empire romain, qui possédaient leur propre langue et leurs propres traditions.

Natio pouvait indiquer de manière générique une ethnie ou pouvait être utilisé pour caractériser même un seul représentant d’une entité géographique plus vaste, comprenant différents populi et gentes. On saisit le sens de l’utilisation du terme natio lorsqu’il était utilisé pour indiquer – avec une nuance culturelle et identitaire – l’ensemble des peuples qui occupaient une province en dehors de la péninsule (comme l’Afrique Proconsulaire, la Maurétanie, la Sardaigne), organisée selon sa propre lex provinciae et soumise à l’origine à l’imperium d’un magistrat. Dans certains cas, il s’agissait de plusieurs provinces : les Maurétanies, héritières du royaume de Juba II et de Ptolémée, les Gaules, les Espagnes, etc. Par contre, les Romains préféraient utiliser les termes civitas, patria, res publica, Urbs, termes qui, évidemment, ne coïncident pas mais qui contiennent des nuances différentes pour indiquer une dimension juridique et institutionnelle fondée sur le libertas.

En 2005, dans son Manuel d’épigraphie romaine, Jean-Marie Lassère est allé jusqu’à affirmer, pour l’expression attribuée à un certain Iulius Alexsander natione Afer (24), que « le mot natio peut faire référence non à la naissance mais à la culture dont participe le personnage corcerné » : ce qui serait prouvé par le passage du de inventione de Cicéron (I, 24,35) dans lequel il se demande si un individu est grec ou barbare de par sa culture: natione, Graius an Barbarus ? En pratique, sur le plan psychologique, la mention épigraphique de la natio, si fréquente au IIe siècle apr. J.-C., pourrait être l’écho d’une nostalgie lointaine et peut-être inavouable « de déracinés », de personnages qui, tout en vivant à distance, n’oubliaient pas leur patrie lointaine, leur terre d’origine ; des individus ne souhaitant pas que des doutes subsistent quant à leur origine et qui ne voulaient pas être confondus avec les incolae, simples résidents qui n’étaient pas des membres à part entière de la communauté qui les avait accueillis. Par conséquent, on n’est explicitement natio Afri que si l’on vit hors de la province proconsulaire, mais il est sous-entendu que cette expression pourrait s’appliquer à tous les résidents, cives et peregrini.

Afin de proposer une contribution particulière à la notion de natio à attribuer historiquement à l’ensemble des populi qui occupaient l’Afrique du Nord, nous voulons ici rassembler tous les passages épigraphiques dans lesquels l’expression natione Afer (mais aussi Maurus, Punicus, Libicus etc.) est présente, « avec l’exposant natione suivie du nominatif du nom géographique sous forme adjectivale », signifiant donc “Africain par nationalité”, même si l’écart temporel rend absolument impossible l’assimilation réelle du mot latin natio avec le contenu substantiel du terme français moderne “nation”, aujourd’hui trop caractérisé et, désormais lié, en Afrique du Nord plus qu’en Europe, à la phase postcoloniale du Maghreb.

En effet, comme on le sait, la “nation” se distingue nettement du “peuple”, car elle repose avant tout sur des contraintes non juridiques mais prima facie naturelles et hérite aujourd’hui de tous les conditionnements des nationalismes de notre temps, qui vont du plan géographique au plan éthique et culturel. Ce thème devient encore plus aigu en Afrique du Nord, dans la relation entre paranabisme et nationalisme qui a caractérisé la période post-coloniale, notamment en Algérie, où l’idée d’une nationalité berbère, maure ou numide, continue à plaire. Il faut dire que cette expression est déjà documentée à l’époque de César, mais on la retrouve surtout au IIe siècle chez les Antonins et les Sévères ; elle sert initialement à définir la patrie des soldats d’origine pérégrine décédés hors de leur province d’origine, généralement sans indiquer leur ville d’origine ou la gens, mais avec un vaste champ de référence qui pouvait être plus compréhensible même pour les personnes les moins cultivées : c’était fréquent surtout pour les provinciaux qui n’avaient pas encore obtenu la citoyenneté romaine, avant Caracalla.

Dans le monde romain, pour indiquer par exemple les personnes venant de la province Sardinia, les civils utilisaient souvent l’expression Sardus ou domo Sardinia ; les légionnaires et les soldats des cohortes auxiliaires étaient simplement Sardus ou ex Sardinia avec l’indication de la ville (Caralitanus, Sulcitanus, etc.) ; l’origo d’un village, Nur(ac) Alb(-), ou d’un peuple, Fifensis ex Sar (dinia), Caresius, etc., était également indiquée.

La précieuse indication natione Afer, attribuée à de nombreux marins des flottes militaires de Misène et de Ravenne, notamment au IIe siècle apr. J.-C., présente plus d’intérêt. L’expression revêt un caractère particulier du fait qu’elle renvoie à une province bien délimitée du point de vue géographique et divisée en une série de populi qui, avant Caracalla, n’avaient pas encore obtenu la civitas romaine.

Du fait de sa transversalité, le thème “nation” a été étudié par des historiens du passé et du présent : en ce qui concerne les Africains, à partir de leur nature hybridée par différents composants, le terme se prête très bien à être décliné selon un long arc chronologique, de l’antiquité romaine aux nationalismes d’aujourd’hui. De nos jours, des siècles après, le débat sur la “souveraineté” controversée s’enrichit peut-être d’un nouvel élément qui nous permet d’assister en direct à l’identification d’une “natio” reconnue par les Romains, à la fois héritage du passé préhistorique et prémisse pour les développements ultérieurs.

Nous devrions donc distinguer d’une part une dimension culturelle-identitaire (natio incapable de s’affirmer) et, d’autre part, une dimension juridico-institutionnelle (civitas caractérisée par la libertas) : « de ce point de vue, la distinction natio/civitas ressemblerait à la distinction actuelle entre ethnie et nation-état, l’ethnie apparaissant comme la nationalité perdante et, en tant que telle, tombant dans une condition de re-naturalisation, éloignée de l’aspiration à la liberté qui caractérise le demos fondateur d’institutions ».

Même avec ses limites et ses différences sémantiques et fonctionnelles, au-delà de l’abîme chronologique et culturel qui nous sépare, l’expression romaine natione Afer, qui témoigne du désir de rappeler le lieu de naissance, de s’identifier comme originaires de la province lointaine au sein de la communis patria représentée par Rome et par l’empire, peut sans doute nous suggérer quelque chose aujourd’hui encore ; elle peut témoigner de la richesse et de la diversité culturelle de l’histoire de l’Afrique du Nord, sans se perdre dans un débat stérile sur le nationalisme du XIXe siècle fondé sur identité immuable et momifiée: dans la Méditerranée d’aujourd’hui, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc se tournent, dans leur complexité, vers un horizon véritablement global.




Presentazione del volume LXXXI 2019 di Epigraphica .

Attilio Mastino
Presentazione del volume LXXXI 2019 di Epigraphica
Bologna 10 ottobre 2019, Accademia delle Scienze dell’Istituto di Bologna

Con grande emozione possiamo presentare oggi qui all’Accademia delle Scienze dell’Istituto di Bologna, grazie all’impegno dell’Editore e di molti studiosi, questo LXXXI numero di “Epigraphica” di cui siamo orgogliosi, 740 pagine, 57 autori (alcuni conosciutissimi) provenienti da tanti paesi europei, dal Nord Africa fino al Canada e agli Stati Uniti, con novità, con molte iscrizioni inedite, con uno sguardo internazionale e in un orizzonte di fortissimo rinnovamento, nel quale vorremmo coinvolgere tutto il mondo degli specialisti e non solo.

Sempre più intendiamo procedere insieme sui differenti versanti di una disciplina pienamente vivace che non si limita a presentare le scoperte delle nuove iscrizioni greche o latine, ma che investe pienamente il tema della comunicazione nel mondo antico, dell’acculturazione e della formazione dell’opinione pubblica attraverso le scritture, si allarga alla storia degli studi, alle relazioni con l’archeologia e con la storia dell’arte, con la papirologia e con la numismatica; oggi ancor più grazie all’informatica, alle nuove tecnologie digitali, alla fotogrammetria, alla computer vision, al trattamento delle immagini, alla modellizzazione in 3D.

Un nostro caro amico ha scritto in questi giorni dopo aver sfogliato queste pagine: << Epigraphica 2019 è un bellissimo volume, che segna un evidente rinnovamento della rivista, pur nelle tristi circostanze che a esso hanno condotto. Credo che sia importante dimostrare come la nostra sia una scienza viva, difficile, ma al tempo stesso accessibile: l’epigrafia è sempre in grado di offrire nuove fonti con cui scrivere o riscrivere la storia, nonché di riflettere sulla sua stessa natura epistemica, migliorandosi con l’affinamento delle tecnologie, ma con solide radici che affondano in una tradizione disciplinare lunga di secoli. Angela Donati ha svolto un ruolo fondamentale nel passare questo testimone alle nuove generazioni con la riservata gentilezza che le era propria>> (Lorenzo Calvelli).

Nata ormai oltre ottanta anni fa, nel 1939, dopo il I Congresso Internazionale di Epigrafia tenuto ad Amsterdam la rivista fu fondata da Aristide Calderini, professore nell’Università Cattolica del Sacro Cuore di Milano, presso la Casa Editrice Ceschina di Milano; nel 1972, per iniziativa di Giancarlo Susini, professore ordinario nell’Università di Bologna poi Preside della Facoltà di Lettere e Filosofia, la rivista al suo XXXV numero ha mutato sede e la sua pubblicazione è stata assunta dall’Editrice Fratelli Lega. Giancarlo Susini ne è stato Direttore fino al 1977 e Direttore Responsabile fino all’anno 2000, sostituito da Angela Donati (Condirettrice dal 1977 al 1989), affiancata come redattrici prima da Alba Calbi e poi da Maria Bollini. Dal volume LXXII (2010) ho avuto il grande onore di essere associato in questa straordinaria impresa e di essere inserito nel Comitato di Direzione assieme a Maria Bollini, sotto la presidenza della Responsabile Angela Donati, allora chiamata a guidare il Dipartimento di Storia Antica dell’Università di Bologna.

Per volontà espressa dieci anni fa proprio da quest’ultima (ormai professore emerito di Epigrafia Latina nell’Alma Mater Studiorum di Bologna) a partire dal numero LXXXI (2019) mi è stata assegnata la direzione di “Epigraphica”, coinvolgendo in questa impresa le due Università della Sardegna e in particolare il Dipartimento di Storia Scienze dell’Uomo e della Formazione dell’Università di Sassari e il Dipartimento di Lettere, Lingue e Beni culturali dell’Università di Cagliari. Condirettore è Maria Bollini, ora professore emerito dell’Università di Ferrara. Il Comitato scientifico è stato allargato a numerosi giovani studiosi italiani e stranieri, così come il Comitato di redazione. La Direzione si vale inoltre di un ampio Comitato internazionale di lettura al quale sottopone, a seconda delle specifiche competenze e in forma anonima, gli articoli.

Il risultato che presentiamo oggi con questo LXXXI volume, che ci sembra senza dubbio un passo in avanti, è frutto di un impegno significativo di chi ci ha preceduto e ora di tutti noi: grazie soprattutto alla nostra indimenticabile Angela Donati, scomparsa a Bologna il 13 ottobre 2018, lasciando tanti rimpianti, che ha riposto fiducia nella nostra azione, nel nostro impegno, nel nostro entusiasmo. Grazie alla Famiglia, a Paola Donati, Maria Elena Battista e all’Editore Vittorio Lega. Grazie a tutti coloro che si sono associati e che si vorranno associare senza più esclusioni, a questa impresa.

Qualche mese a Tunisi fa abbiamo dedicato ad Angela Donati il XXI convegno de L’Africa Romana sul tema “L’epigrafia del Nord Africa: novità, riletture, nuove sintesi”. La sua Università la onorerà a Bertinoro, in quella rocca che amava, tra l’11 e il 13 giugno.  Abbiamo vissuto insieme tanti incontri scientifici da Bertinoro a Genova, da Bologna a San Marino, da Sofia a Barcellona. Oggi vorrei far prevalere il ricordo dell’amica cara davvero, che aveva scelto nella ricerca di far brillare il proprio impegno sociale e politico, con dedizione, con finezza, lungi dalla retorica, con generosità, con la capacità di scoprire i talenti dei giovani allievi, come quando su “Epigraphica” accoglieva articoli che presentavano scoperte e novità da tutto l’ecumene romano, correggendo attentamente, indirizzando, suggerendo, sempre con uno sguardo paziente e partecipe. L’abbiamo ammirata per le sue straordinarie doti di organizzatrice di incontri internazionali già agli esordi del programma Erasmus nel 1987, di mostre indimenticabili e di musei modernissimi; l’abbiamo osservata scrivere l’introduzione a tanti volumi diversi in un orizzonte largo, riuscendo a sintetizzare con parole semplici obiettivi e orientamenti nuovi, spaziando come il suo Maestro dalle singole schede e dagli aspetti tecnici dell’officina lapidaria fino alle grandi sintesi.

In questo sempre desiderosa di manifestare concretamente il più grande rispetto per le tradizioni culturali e religiose, per la profondità delle diverse storie e delle diverse culture, per il patrimonio identitario, con la consapevolezza che esistono variabili geografiche e cronologiche nel momento in cui culture diverse entrano in contatto, sempre evitando di perdere la concretezza e di piegare il dato scientifico a schemi ideologici, a vuoti moralismi, a giudizi “a priori”, a ricostruzioni soggettive. Contro le semplificazioni che non danno conto della complessità della storia. Del resto non ha mai rinunciato ad un puntualissimo lavoro di indicizzazione analitica per la Rivista e per le Monografie delle sue Collane “Epigrafia e Antichità” e “Studi di Storia Antica”, che pubblicava con Vittorio Lega; come per i celebri colloqui Borghesi. Se è vero che un pezzo di noi se ne è andato per sempre, siamo convinti che le sue opere non invecchieranno nel tempo, ma resterà soprattutto il sapore della novità, il ricordo di una generosità e di una disponibilità senza eguali, la preziosa funzione di collegamento anche come segretaria generale dell’Associazione internazionale di epigrafia greca e latina per dieci anni (2002-12), un punto fermo al quale guardare, soprattutto in futuro, con ammirazione, con il desiderio di emulazione.

Ho letto i tanti ricordi pubblicati in questi giorni, come quello bellissimo scritto da Mireille Corbier per L’Année épigraphique 2016 appena uscita; a me personalmente resta il ricordo dolce di un’amica e la consapevolezza di un debito che è aumentato giorno per giorno. Con le tante confidenze, fino ai suoi imminenti splendidi progetti per questa nostra rivista “Epigraphica”, che cercheremo di mettere in pratica con lo spirito giusto.

Oggi posso fare solo un cenno ai tanti temi trattati in questo volume, alle novità, alle nuove scoperte, riflesso di grandi imprese scientifiche internazionali, di singoli ritrovamenti oppure di una riflessione profonda e rinnovata su documenti noti da tempo e conservati in musei o in archivi, con tante belle storie che emergono dal passato grazie all’acume, alle curiosità, all’intelligenza di tanti colleghi. Tenendo sempre sullo sfondo la geografia del mondo antico, possiamo seguire il fil rouge delle realtà culturali collocate nello spazio e nel tempo.  Possiamo partire da Roma, con l’articolo di Astrid Capoferro dell’ Istituto Svedese di Studi Classici che ricostruisce la storia della tradizione del testo dell’iscrizione funeraria di Flavia Capitolina qui et Paccia incisa su una lastra marmorea oggi mutila, conservata a Schloss Glienicke presso Potsdam e pubblicata come inedita nel 1972. Il testo dell’epigrafe, sfuggito agli editori del Corpus inscriptionum Latinarum, è stato rintracciato in manoscritti già della Biblioteca Apostolica Vaticana e opere a stampa a partire da Rafaello Fabretti che documentano il rinvenimento della lastra nel 1633 sul Viminale e il suo successivo passaggio nella collezione Giustiniani.

Maria Grazia Granino Cecere studia i XVviri sacris faciundis nei ludi saeculares severiani, con una difficile integrazione dei frammenti conservati al Museo delle Terme di Diocleziano. I XVviri sacris faciundis giocano un ruolo fondamentale accanto Settimio Severo, ai suoi figli, al prefetto del pretorio: la stesura stessa degli Acta è desunta dai commentarii del loro collegio. Come in età augustea, anche durante l’età severiana i XVviri dovevano essere in numero di 19: di quasi tutti possiamo conoscere i nomi, solo di uno non resta che parte dell’onomastica. La redazione severiana, tanto attenta al dettaglio rispetto a quella augustea, consente, attraverso l’esame delle liste in cui i XVviri sono elencati, di stabilire anche la successione cronologica della loro cooptazione in seno al collegio.

Edoardo Melmeluzzi di Roma, presenta cinque nuove iscrizioni di urbaniciani provenienti da Roma, aggiungendo poi al novero dei militari attestati un veteranus Augusti, forse ex-pretoriano, un centurione ed un milite della XI coorte urbana, un probabile veterano ed un milite della XII, e infine due urbaniciani di ignota coorte. Di grande interesse sono i supporti, in particolare la mensa podiale e l’urna,  e i contesti di ritrovamento, che si sono mostrati utili nell’ambito della ricerca su formulari, supporti ed aree di sepoltura utilizzati dagli urbaniciani a Roma.

Nell’epitafio presentato da María Angeles Alonso Alonso, ricercatrice nell’Universidad del País Vasco ci spostiamo a Viterbo: si ricorda la generosa attività del medico salariarius di Ferentium, impegnato a curare i cavalieri dell’ala Indiana e della tertia Asturum e poi con pazienti civili, in ambito urbano.  Per Bracciano Simona Antolini di Macerata presenta un nuovo centurione della legio XXII Primigenia P(ublius) Petronius Dignus, dalla Germania.

Andrew C. Johnston di Yale illustra le nuove informazioni sulle istituzioni municipali della città latina di Gabii in età imperiale, con attenzione ai Seviri Augustales e ai IV viri quinquennales.

Alla pianura bolognese ci riporta Francesca Cenerini, che analizza la bella stele funeraria, di grandi dimensioni, rinvenuta già nel 1500 e databile alla fine dell’età repubblicana. Vengono messe a confronto l’iconografia e la scrittura degli epitafi dei tre liberti Cornelii rappresentati in CIL XI, 753; il documento viene posto in relazione con la politica augustea sul territorio, soprattutto con la colonizzazione che ben conosciamo attraverso le fonti letterarie e archeologiche.

Maria Silvia Bassignano ricostruisce a Padova la vicenda CIL V, 3043 dal «monastero Eremitarum», correggendo la lettura tradita e facendo di Tauria M. l. Tyche la dedicante.

Andrea Raggi e Laura Parisini di Modena presentano tre novità epigrafiche, due iscrizioni funerarie e un frammento iscritto, provenienti dalla colonia romana di Mutina; inoltre, nella seconda parte del contributo, vengono riproposte cinque iscrizioni sempre provenienti da Modena e già edite, tra cui una lastra con datazione consolare di Pompeo e Crasso e un carmen, con un richiamo ai soda[les]. Particolare attenzione è stata dedicata ai gentilizi presenti nelle iscrizioni prese in esame.

Al territorio immediatamente a S di Ancona ci conduce l’articolo di Gianfranco Paci di Macerata, L’epigrafe di Turo(s) Gramatio(s), dove si presenta una nuova epigrafe repubblicana di Numana incisa su un grosso blocco appartenente struttura edilizia, trovato in reimpiego al di sotto di uno strato databile tra fine III e metà II sec. a.C. Le lettere presentano un solco ampio e profondo che si caratterizza in particolare per il fondo piatto, tipico delle più antiche scritture su pietra, come l’epigrafe dei magisterei di Cingulum nel Piceno (fine III sec. a.C.) Il personaggio – Turo(s) Gramatio(s) – ha onomastica che rivela una probabile origine illirica, di condizione peregrina, trapiantato a Numana. Il blocco è pertinente ad un tratto di cinta muraria apprestato per una miglior difesa della città dalla pirateria che ha infestato l’Adriatico in particolare nell’età della Regina Teuta.

Gianluca Gregori di Roma presenta un nuovo magistrato di Ocriculum in Umbria: C. Litrius Clauvianus Passer, IIIIvir quinquennalis bis, che esercita più volte gli stessi poteri di quinquennale anche al di fuori della magistratura.

Giuseppe Camodeca di Napoli rilegge CIL XI 6712, 46 e 151 e presenta due signacula di servi del cavaliere di età traianea Q. Planius Truttedius Pius; suo padre era un C. Truttedius Pius, d’origine umbra dal lato paterno, ma figlio di Pompeia Catulla, un’esponente dell’élite di Minturnae. Il matrimonio di un Truttedius con questa ricca dama minturnese ben spiega i legami della famiglia umbra con la Campania settentrionale, fra cui anche l’adozione testamentaria in età domizianea del cavaliere da parte di un Q. Planius Sardus, probabilmente di Cales. Egli pertanto ne ebbe la complessa onomastica di Q. Planius Sardus C. f. Pup(inia). Truttedius Pius. Inoltre la sicura origine umbra del raro gentilizio e il fatto che i signacula dei due servi del cavaliere, Draco e Apolaustus. siano comparsi entrambi (e a distanza di tempo) in collezioni private a Perugia, concorrono a far localizzare queste attività produttive (non determinabili) probabilmente nella regio VI o comunque in aree contermini, dove il nostro Truttedius conservava proprietà e interessi.

A Miseno ci conduce Werner Eck, che studia la carriera procuratoria del cavaliere Ti. Claudius Ilus, ricordato come Praefectus classis Misenensis al vertice del suo cursus in CIL X 270*, iscrizione erroneamente considerata falsa o sospetta da Mommsen. Lo testimonia il diploma del 102/3 relativo all’esercito in Mesia (AE 2008, 1736) dove questo Claudius Ilus era definito praefectus alae, il che coincide con l’iscrizione di Miseno che parla di una praefectura su un’ala praetoria. Il titolo di procur(ator) Ludi Dacici ci porta ad epoca successiva a Traiano.

Alessandro Delfino di Roma e  Marco Pallonetti di Salerno presentano con molte novità le sorprendenti iscrizioni sulla crepidine dell’Anfiteatro Campano a S. Maria Capua  Vetere.

Mario Pagano e Antonio Vanacore di Catanzaro pubblicano un’iscrizione cristiana del V-VI secolo d.C. dalla cattedrale di Vico Equense (NA), con riferimento alla invocata risurrezione di un Albinus.

A Taranto Annarosa Gallo di Bari studia l’iscrizione inedita di un classiario misenate, C(aius) Septimius Celer.

Franco Luciani di New Castle e Daniela Urbanova di Innsbruk indagano una dura tabella defixionis di Nomentum, Latium che si data al I secolo d.C., relativa ad un uomo (Malchio) e a una donna (Rufa) schiavi pubblici, AEp 1901, 183: ci si sofferma, soprattutto per la donna sui dettagli del corpo con enfasi sugli organi sessuali, come in molti altri testi analoghi. La prima sezione dell’articolo mira a fornire lo status quaestionis degli studi su questa tabella di maledizione, con particolare riguardo agli aspetti epigrafici e linguistici del testo. La seconda sezione si propone di offrire una panoramica generale del ruolo delle schiave pubbliche nel mondo romano, che può consentire una migliore contestualizzazione del significato della tremenda maledizione.

Alla stessa classe di reperti è dedicato l’articolo di Giovanna Rocca di Roma, C(h)arta o piombo?, che studia ancora le defixiones:  un gruppo numeroso, esteso nel tempo (VI a.C.- V d. C) e nello spazio, suddiviso per diverse tipologie testuali e, non ultimo, caratterizzato da un repertorio formale, fonte di osservazioni transdisciplinari tra epigrafia, storia, filologia, antropologia e (socio)linguistica. Ne abbiamo recentemente parlato a Saragozza al X Colloquio internazional su “Enemistad y odio en el mundo antiguo” (12-13 septiembre 2019). Si affronta lo studio di un caso, apparentemente anomalo, cioè la denominazione quale c(h)arta di un documento inciso su piombo, che appare rivelare prestiti greci entrati in latino per il campo semantico del ‘documento inviato’ ‘lettera affidata ad un terzo messaggero’ cioè ‘un documento che serve per la comunicazione a distanza’, con cui condivide l’uso del piombo. Tra i casi più noti con l’espressione C(harta), quelli di  Mogontiacum in Germania Superior, oppure più numerosi in Britannia (Aquae Sulis, Uley, Caistor St. Edmund, ecc.). Significativa la diffusione geografica che ci indica la ‘rotta’ seguita dai prestiti (province latine) e l’estensione cronologica dagli esemplari più antichi del IV sec. a. C. fino al III d. C. In questo lasso di tempo si verifica l’azione concomitante di più fattori storici e sociali che portano prima all’introduzione di un nuovo prestito greco – chartes nel senso di foglio di papiro – e in seguito allo slittamento semantico del termine.

Juan Martin-Arrojo Sanchez di Barcelona studia le caratteristiche formali dei titoli anforici in particolare le anfore cretesi Pompei 8, utili per la lettura e l’interpretazione storica nel contesto degli scali commerciali tra Alessandria e Roma. Per mostrare la complessità di questa documentazione, è stato selezionato un caso di studio con titolatura davvero oscura: forse i tria nomina abbreviatati CAR, scritti in giallo sulle anfore cretesi. Lo studio si basa sulla critica epigrafica e sul confronto con un parallelo, l’acronimo Ti. C. O. sulle anfore cilicie Pompei 13.

Samir Aounallah (Tunis) e Frédérik Hurlet (Paris Nanterre) ci portano in Africa al foro di Pheradi Maius – Sidi Khalifa, con l’iscrizione metrica fin qui inedita che ricorda la curia ordinis, ritrovata nel corso degli scavi all’interno della sede del senato cittadino in un angolo del foro.  Tre esametri dattilici, con errori manifesti di prosodia e alcune particolarità stilistiche : il ritmo del testo, la sua sintassi, il vocabolario usato con formule inusuali, l’ordine delle parole, la paleografia, l’onomastica concordano nel condurci al basso impero, nel momento in cui diventa rilevante il ruolo dell’artistocratico Patricius, che invoca la Concordia personificata con l’augurio di mantenere la coesione sociale all’interno del senato cittadino. Già Claude Moussy ha dimostrato (Opere di Draconzio) que <<les oppositions de quantité ont tendu à disparaitre dès le IIIe siècle et qu’en Afrique, au témoignage de Saint Augustin, à la fin di IVe siècle beaucoup ne faisaient plus la distinction entre les voyelles longues et les voyelles brèves>>. La seconda iscrizione rinvenuta sulla collina sacra, che ricorda un templum Panth[ei Ag(usti) et Concord[iae], ci inforna sui legami tra Pheradi e la vicina Uppenna; si identifica il santuario originario che, come a Thugga, esaltava la Concordia, come sintesi dei buoni rapporti che in questo caso si volevano instaurare con i vicini.  Celebre è il caso della statua della Concordia Perpetua (con la base dedicata alla Concordia Augusta) ad Uchi Maius da parte dell’ordo civitatis Bencennensis nell’anno della deduzione della colonia e dunque forse della sottrazione di terre all’uso comune a favore dei nuovi coloni (CIL VIII 15447).

Antonio M. Corda ritorna sull’iscrizione monumentale presentata sul precedente numero di “Epigraphica” conservata all’ingresso del forte bizantino di Thignica, per aggiungere un nuovo blocco che abbiamo ritrovato pochi mesi fa presso la Scuola Primaria di Ain Tounga, completamente interrato, quando finalmente siamo riusciti per qualche ora ad accedere al giardino frequentato dagli alunni in festa: si tratta del blocco iniziale di sinistra lungo quasi 2 metri che ci consente di escludere una dedica a Saturno e di leggere chiaramente Mercurio Augusto, una nuova testimonianza nell’età di Marco Aurelio nella sua XXIIII p.t. L’assenza del blocco centrale non impedisce la piena comprensione del testo, collocato [d(ecreto)] d(ecurionum), da M(arcus) Valerius Longinus Marcianus liberalitate ductus, a funda[mentis aedem restituit]. Sempre per Thignica Piergiorgio Floris di Cagliari presenta un inedito, la stele funeraria del 21enne Sissinas, decorata con pigna e ghirlanda come una delle tante stele di Saturno, con questo oscuro cognome che presenta significativi confronti africani.

Ancora le indagini di Thignica hanno consentito di recuperare negli ultimi mesi la lastra presentata da Claudio Farre, dottorando presso l’Università di Sassari, con una dedica posta dal municipium a Severo Alessandro. La menzione del cognomentum Alexandrianum nella titolatura della città suggerisce la concessione di beneficia da parte dell’ultimo dei Severi al municipium Septimium Aurelium Antoninianum Thignica istituito da Settimio Severo e Caracalla (CIL VIII, 1404 = 25907a).

Mounir Fantar (INP Tunisi) e Raimondo Zucca analizzano il singolarissimo templum Saturni Sobarensis e l’area con l’altare dei sacrifici e le stele dedicate a Saturno, tra il I e il IV secolo d.C., sul colle di Sadi Salem, in cui era localizzata la città di Sobar(is), a 7 km a sud est del santuario di Saturnus Balcaranensis nella parte più interna del Golfo di Cartagine. Vengono riprese le accurate indagini topografiche e le ricerche archeologiche realizzate da Jude Hüe tra fine del XIX secolo e il principio del XX. Si recuperano alla documentazione epigrafica 23 dediche a Saturnus e disegni di iscrizioni rimasti editi esclusivamente nel volume Contribution à l’étude du culte du Saturne et de Baal. Sanctuaire africain de Saturnus Sobarensis (extrait des publications de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen), Rouen 1908.

A Commodo ci conduce Christopher Dawson che presenta un’edizione critica della lex approvata nella colonia di Simitthus in Africa Proconsolare il 27 novembre 185, natale civitatis, relativa alla curia Iovis (CIL VIII, 14683), con un pignolo regolamento sugli effetti delle promesse non mantenute da parte di candidati al flaminato e alla condizione di magistri; decreto pubblico che per tanti versi ricorda la lex municipii Troesmensium studiata nel 2016 da Werner Eck. I passi in avanti compiuti sull’evoluzione, la composizione e le funzioni delle curiae rispetto al volume di 50 anni fa di Tadeuz Kotula sono enormi.

Un capitolo consistente è dedicato alle Gallie e alle Hispaniae: Marc Mayer y Olivé di Barcelona presenta uno studio preliminare sull’iscrizione del foro di Ruscino (Perpignan) in Narbonense, in onore di Publius Memmius Regulus attestato per la prima volta come patronus della città; è lo stesso che è stato console suffetto del 31 d.C. e che può essere considerato il più alto esponente dell’aristocrazia locale.

Enrique Melchor Gil di Cordoba e Víctor A. Torres-González di Sevilla, studiano i praefecti Caesaris o Imperatoris delle città dell’Hispania Romana trenta anni dopo i lavori di Giovanni Mennella: si affronta il capitolo 24 delle leggi di Irni e Salpensa sulla designazione del prefetto e si entra nel dettaglio della effettiva nomina nelle diverse città spagnole e italiche, con oltre 20 casi diversi. Attraverso un esame di tutta la documentazione iberica, è possibile presentare nuove letture di epigrafi e nuove ipotesi sulle informazioni contenute in alcune serie monetali e riscostruire infine il profilo socio politico dei personaggi che assunsero la praefectura principis, con attenzione per l’adesione alla romanità delle élites locali ispane.

Javier Moralejo Ordax di Madrid si concentra sui monumenti funerari di soldati a Tarraco fino al III secolo d.C., rivelando le motivazioni di prestigio sociale, di autoaffermazione familiare e di tradizione, che sono alla base di molte dediche di piedestalli funebri, in particolare per i centurioni, ma anche per milites principales, veterani e gregales; i civili, magistrati e senatori, rappresentano una minoranza delle dediche.

Patrick Leroux di Parigi ci conduce in Lusitana, con un’arula di Merida in Estremadura, collocata L(aribus) A(ugusti) s(acrum): si tratta di un votum di un legionario Q(uintus) Nonius Pri(mus) miles leg(ionis), evidentemente distaccato dall’accampamento ben a distanza dai castra della legio VII Gemina Felix a León in Castiglia.

Alla Raetia ci porta Juan Manuel Bermudez Lorenzo di Barcelona con oltre 20 nuovi graffiti su anfora ritrovati nella provincia.

Mattia Vitelli Casella di Bologna tocca la Croazia e svolge qualche considerazione storica sulle ghiande missili repubblicane di Ossero/Osor: in margine a CIL I2, 887; 888.

Alessandra Valentini di Venezia ci porta in ambito orientale con l’articolo sull’onomastica femminile nella Domus Augusta, partendo dai testi di Delphi, Delos e di Thespiai. Attraverso l’analisi della documentazione letteraria ed epigrafica in lingua greca, pertinente in particolare al soggiorno di Agrippa e Giulia Maggiore nelle province orientali tra 16 e 13 a.C., il contributo intende indagare le scelte onomastiche compiute nella domus Augusta in riferimento alle matrone, con particolare attenzione ai casi di Giulia Minore e Agrippina Maggiore.

Alla storia degli studi di conducono i finissimi articoli di Xavier Espluga, Paolo Garofalo, Lorenzo Calvelli, Maurizio Giovagnoli.

Xavier Espluga (Barcelona) analizza la storia e il contenuto del manoscritto epigrafico Vat. lat. 3616, autografo di Felice Feliciano, redatto nel suo soggiorno romano del 1478, con una complessa lista di oltre 500 documenti. Si pubblicano anche due iscrizioni apparentemente inedite presenti in questo manoscritto, che ora è perfettamente riordinato e consultabile.

Paolo Garofalo (Un manoscritto inedito con iscrizioni latine e greche, ovvero ricerche intorno all’Anonymus Vallicellianus) si concentra sull’esame di un gruppo di iscrizioni latine e greche, la maggioranza delle quali provenienti dal Lazio antico, contenute in un fascicolo manoscritto allegato a un volume a stampa delle opere di Esiodo del 1537, conservato nella Biblioteca Vallicelliana di Roma. Il libro appartenne alla collezione del lusitano Aquiles Estaço, meglio noto con il nome latinizzato di Achilles Statius, e per tale ragione la compilazione del manoscritto allegato al volume è stata da alcuni a lui generalmente ricondotta. Tuttavia l’attribuzione alla mano dell’umanista portoghese sembra potersi escludere per varie ragioni e ciò spiega la prudenza di Hermann Dessau che preferì attribuire il libello ad autore anonimo. Molti testi sono stati effettivamente ritrovati.

Lorenzo Calvelli (Venezia) indaga come il fenomeno della mobilità delle iscrizioni antiche sia stato affrontato nel Corpus inscriptionum Latinarum, studiando le formule utilizzare più di frequente.  Così come fu concepita da Theodor Mommsen, l’opera aveva due finalità principali: fornire l’edizione critica dei testi delle epigrafi e cercare di ricostruirne la provenienza. La decisione di organizzare il CIL su base geografica fu determinante e obbligò i suoi editori a sviluppare strategie specifiche per gestire il materiale epigrafico di origine non locale o incerta. Il saggio costituisce un primo tentativo di indagine sulla complessa e sperimentale tassonomia con cui un’enorme mole di dati fu predisposta all’interno di un repertorio monumentale. Scopo del lavoro è di chiarire l’utilità, nonché i limiti, di una risorsa-chiave per lo studio del mondo antico, nonché di individuare alcune linee di sviluppo per la ricerca futura.

Maurizio Giovagnoli presenta numerosi inediti, revisioni e contributi di epigrafia latina dallo spoglio degli archivi storici di Roma, partendo dalle banche dati sulle iscrizioni latine e pagane di Roma contenute nell’Archivio Storico della Sovrintendenza Capitolina ai Beni Culturali, nell’Archivio Storico a Palazzo Altemps e nell’Archivio Centrale dello Stato (1866-1941). Lo scopo del progetto è l’individuazione di iscrizioni rimaste inedite e la ricerca di dati sulle provenienze delle epigrafi già edite. La schedatura ha riguardato, oltre ai Registri dei Trovamenti, anche i Rapporti di Zona e i Faldoni della Sovrintendenza Capitolina ai Beni Culturali, i Giornali di Scavo (relativi al periodo che va dal 1873 al 1935) dell’Archivio Storico a Palazzo Altemps e l’Archivio Gatti conservato presso l’Archivio Centrale di Stato, con l’individuazione di più di 4500 epigrafi, tra le quali la monumentale epigrafe del tempio di Serapide in Campo Marzio. Successivamente la ricerca ha preso in considerazione anche il fondo di Antonio Maria Colini, conservato presso l’Archivio Storico della Sovrintendenza Capitolina ai Beni Culturali e di cui è stato pubblicato solo una parte, e i Codici di Rodolfo Lanciani. La maggior parte dei dati raccolti provengono dalla schedatura dei Registri dei Trovamenti, ove sono riportate tutte le notizie dei rinvenimenti avvenuti tra gli ultimi decenni dell’Ottocento e gli anni Ottanta del secolo scorso. I risultati relativi in particolare all’Archivio Gatti, un fondo costituito da cartelle e taccuini scritti da Edoardo e Guglielmo Gatti e pertinenti ai rinvenimenti archeologici che vanno dal 1888 al 1960, sono sostanzialmente presentati qui per la prima volta, perché l’archivio non è stato mai oggetto di uno studio epigrafico. Il lavoro si articola in tre parti; nella prima si prendono in considerazione i testi inediti o che, seppur pubblicati, sono sfuggiti all’attenzione degli studiosi non confluendo in CIL VI o ne L’Année épigraphique. Tra questi i più significativi, in tutto una decina, sono stati oggetto di una trattazione approfondita; delle restanti epigrafi, prevalentemente di natura sepolcrale, viene fornita la trascrizione e spesso la datazione, elemento desumibile soprattutto per le iscrizioni tuttora conservate nei musei e di cui è presente la foto nell’Archivio di Epigrafia Latina di Sapienza – Università di Roma. Nella seconda parte sono elencate tutte le iscrizioni, una buona parte conservate ai Musei Capitolini, di cui si è scoperto il luogo di provenienza, dato che in molti casi consente di fare nuove considerazioni su testi editi. Nella terza parte sono state invece individuate le iscrizioni che, già presenti in CIL VI, furono nuovamente pubblicate come inedite all’interno del CIL o in opere successive.

Seguono 13 le schede e notizie ed alcune recensioni: Alfredo Buonopane, recensisce il libro di Claudio Farre, Geografia epigrafica delle aree interne della Provincia Sardinia, Ortacesus 2016; Claudio Zaccaria discute le straordinarie Lettere di Theodor Mommsen agli Italiani, nei due volumi a cura di M. Buonocore, Biblioteca Apostolica Vaticana, Studi e Testi 519-520, Città del Vaticano, 2017, pp. 1296, ill., affrontando uno dei temi che più ci hanno appassionato negli ultimi anni.

Infine come di consueto gli Annunci Bibliografici, l’elenco dei collaboratori, le importanti Nouvelles de l’A.I.E.G.L. in vista del Congresso 2022 di Bordeaux a firma della Presidente Silvia Orlandi e della Segretaria Generale Camilla Campedelli. È un onore per noi ospitare questa sezione.

Mi resta da dire la soddisfazione per il risultato raggiunto, la dimensione internazionale della rivista confermata in Classe A ANVUR, indicizzata nelle principali banche dati al mondo, presente su Scopus; in SCImago (banca dati di valutazione bibliometrica) si trova al 25° posto in campo nazionale e al secondo posto dopo Athenaeum nel settore antichistica classica. Ma soprattutto è evidente l’orizzonte geografico quanto mai ampio, con l’impegno ad accogliere progressivamente con maggiore larghezza l’epigrafia greca nei nostri studi.

Debbo ringraziare Antonio Corda e tutto il Comitato scientifico, che presto allargheremo: Giulia Baratta (Macerata), Alain Bresson (Bordeaux),  Paola Donati (Bologna), Giovanni Marginesu (Sassari), Marc Mayer y Olivé (Barcelona), Stephen Mitchell (Exeter), Paola Ruggeri (Sassari), Antonio Sartori (Milano), Marjeta Šašel Kos (Ljubljana), Manfred Schmidt (Berlin), Christian Witschell (Heidelberg), Raimondo Zucca (Sassari). E poi il Comitato di redazione: Valeria Cicala, Maria Bastiana Cocco, Piergiorgio Floris, Federico Frasson, Daniela Rigato.

La Direzione si è valsa inoltre di un ampio Comitato internazionale di lettura al quale ha sottoposto, a seconda delle specifiche competenze e in forma anonima, gli articoli pervenuti (due o tre revisori per singolo articolo). Il gradito Patrocinio dell’ Association Internatonale d’Épigraphie Grecque et Latine (A.I.E.G.L.) è stato mantenuto.

In conclusione voglio ricordare che, mentre ricorrono i cinquanta anni della Collana «Epigrafia e Antichità», è in corso dal 10 luglio il bando per la IV edizione del Premio Giancarlo Susini, per iniziativa dei Fratelli Lega Editori e della Direzione di “Epigraphica” con il contributo della Fondazione di Sardegna e il patrocinio della Società scientifica “Terra Italia Onlus”, da attribuire ad una pubblicazione di epigrafia greca o latina, dattiloscritta oppure già edita. Il premio è destinato all’opera a carattere monografico di un giovane studioso o di una giovane studiosa che non abbia superato i 40 anni di età alla data del bando. Sono ammesse opere scritte in francese, inglese, italiano, spagnolo, tedesco, portoghese; sono escluse le ristampe e le edizioni successive alla prima, anche se riviste ed ampliate. L’importo del premio, indivisibile, è di € 2.000,00. Possono partecipare al concorso gli studiosi la cui opera sia stata pubblicata negli anni 2017 e 2018; sono ammesse anche le opere inedite. La domanda di partecipazione dovrà essere inviata entro il 15 ottobre 2019; dovrà essere corredata dal curriculum degli studi del richiedente e da un esemplare dell’opera (stampata o inedita) in PDF. Le opere presentate non saranno restituite. Il premio sarà assegnato da una Commissione Internazionale che si riunirà per via telematica; tra i membri, un delegato dell’Editore F.lli Lega, un componente del Comitato Scientifico della Rivista “Epigraphica”, un rappresentante di Terra Italia Onlus.

Il premio sarà consegnato tra il 5 e il 9 novembre 2019 a Iaşi in Romania, nel corso della 5th International Conference on the Roman Danubian Provinces (Romans and Natives in the Danubian Provinces, Ist C. BC – 6th C. AD), Convegno dedicato alla memoria di Angela Donati. Può essere pagato dalla Fondazione di Sardegna oppure destinato alla pubblicazione dell’opera premiata presso F.lli Lega Editori Faenza (Award of Prize Giancarlo Susini , “Alexandru Ioan Cuza” University of Iași, 5th–9th November 2019).

Credo di poter anticipare, anche a nome di Cecilia Ricci, che nei prossimi mesi sarà bandita la V edizione del premio, finanziata da Terra Italia per opere pubblicate nel 2019 e 2020 oppure inedite.




La viabilità della Sardegna romana: l’area indagata da Virgilio Tetti, in occasione del Convegno e della Mostra promossi da Massimo D’Agostino e Nadia Canu “Virgilio Tetti, l’uomo, lo studioso, il politico”.

La viabilità della Sardegna romana: l’area indagata da Virgilio Tetti, in occasione del Convegno e della Mostra promossi da Massimo D’Agostino e Nadia Canu “Virgilio Tetti, l’uomo, lo studioso, il politico”.

Bonorva 9 agosto 2019

Attilio Mastino

Ho conosciuto Virgilio Tetti nel 1972, quando Piero Meloni preparava il volume sulla Sardegna romana per Chiarella, con un approfondimento straordinario sulle strade romane che collegavano la Campeda con Olbia, un tema che appassionava il mio maestro, originario di Monti e Berchidda, che era competentissimo in materia.

In questo quadro, Piero Meloni e Giovanni Lilliu avevano accolto un articolo di Virgilio Tetti sulla rivista della Scuola di Studi Sardi: Appunti sulle strade romane nella zona di Bonorva (Sassari), “Studi Sardi”, XXIII, 1973-74, pp. 191-211, lavoro citato nel volume La Sardegna Romana del 1975 e ripreso per la seconda edizione del 1991.

Eppure da quel momento, Meloni non avrebbe più accolto i lavori di Tetti su “Studi Sardi”, anche perché le scoperte continuavano a susseguirsi senza sosta: per mio interessamento vennero pubblicati molti articoli sul “Bullettino dell’Archivio Storico Sardo di Sassari” e su “Sacer”, due riviste minori, poco diffuse (V. Tetti, Il tracciato della strada romana per Olbia in agro di Mores, Ittireddu e la stazione di Hafa, “Bollettino ASSSassari”, IX, 1983, pp. 189-199; Id., Antiche vie romane della Sardegna e cursus publicus: note e riferimenti toponomastico, “Bollettino ASSSassari”, XI, 1985, pp. 71-114. Successiva è la retractatio V. Tetti, Osservazioni e precisazioni sulle antiche strade romane nella zona di Bonorva, “Sacer” 5, 1998, pp. 137-150).

Il tema della biforcazione dalla strada a Karalis Turrem (oppure a Turre Karales) della strada per Olbia (a Karalibus Olbiam) rappresenta da allora ma ancora oggi, con la localizzazione di Hafa, uno dei problemi storiografici più rilevanti della storia della Sardegna romana. Numerosissimi sono i ritrovamenti di miliari stradali in quest’area tra 148 e 178 km da Cagliari: conosciamo oggi tutto il percorso, miglio per miglio, partendo dal punto miliario 100 da Carales (Mulargia), 109 (Punto Culminante della Campeda), 112 (Sas Presones), 113 (Mura Ispuntones), 114 (Mura Menteda), 116 (Monte Cujaru),  117 (Planu Chelvore-Monte Calvia), 118 (Code), 119 (Silvaru), alcuni pubblicati da Virgilio Tetti tra il 1970 e il 1990 ed esposti nel Museo comunale di Bonorva, utili per localizzare la biforcazione della a Karalibus Olbiam dalla strada centrale sarda a Karalibus Turrem: si rimanda ai lavori di Piero Meloni,  Emilio Belli, Virgilio Tetti. Di fatto gli studiosi si sono divisi ed hanno collocato la biforcazione in varie località del Logudoro, tutte collocate tra un punto che oggi appare troppo meridionale (Mulargia) ed un punto troppo settentrionale (Giave).

Le indagini recentemente effettuate presso l’edificio rurale di Sas Presones (Bonorva) e quelle in corso ai piedi di Sant’Andrea Apriu possono forse indirizzare gli studiosi verso una soluzione nuova, che consente di spostare Hafa immediatamente a E del territorio di Bonorva (a Monte Zuighe di Ittireddu pensava Tetti).

Sas Presones si trova alle pendici del ciglio basaltico dell’altopiano della Campeda di Bonorva (altitudine m. 490 s.l.m.), a breve distanza dal villaggio abbandonato di Rebeccu (ad Est) e dagli ipogei preistorici di S. Andrea Apriu con i dipinti rupestri di epoca tardo antica, bizantina e medievale, recentemente sottoposti a restauro (ad Ovest); spero che il prossimo intervento di Marc Mayer dell’Università di Barcellona riesca ad affrontare il tema dei graffiti rupestri, cercando di sciogliere il gomitolo di scritture antiche sovrapposte fino alla chiesa bizantina ed oltre. L’area di Rebeccu ha rappresentato certamente il cardine della viabilità romana in Sardegna ed uno dei luoghi che ancora oggi conservano prodigiosamente il paesaggio antico, al piede delle colline vulcaniche del Meilogu e lungo la piana un tempo paludosa di Santa Lucia, sulla direttrice per Olbia, una variante che si biforcava dalla strada centrale sarda Karales-Turris. L’area conserva uno straordinario interesse paesaggistico, storico e archeologico e lo stesso edificio di Sas Presones, segnalato già nell’Ottocento, è in realtà parte di una struttura termale tardo-antica arrivata fino ai nostri giorni, che ipoteticamente potrebbe essere identificata come quello che resta in piedi di un praetorium pubblico al servizio della viabilità per Olbia, dotato di un impianto termale realizzato in epoca tarda (A. Mastino, P. Ruggeri, La viabilità della Sardegna romana. Un nuovo praetorium a Sas Presones di Rebeccu a nord della biforcazione Turris-Olbia ?, in Palaià Filìa. Studi di topografia antica in onore Giovanni Uggeri, a cura di Cesare Marangio e Giovanni Laudizi, Mario Congedo editore, Galatina 2009, pp. 555-572).

In attesa di un esame più esteso della documentazione epigrafica, attualmente non direttamente accessibile sotto il pavimento in corso di restauro, appare di maggiore interesse il discorso topografico sulla viabilità locale, utilizzando i risultati delle ricerche condotte da Maria Giuseppina Oggianu e Lorenza Pazzola sulla base dei numerosi miliari che modificano alquanto l’immagine fornita dall’Itinerario Antoniniano per la via a Tibula Carales: una bella carta topografica, curata da Salvatore Ganga, rappresenta un primo tentativo di sistematizzazione dei dati disponibili.

 

L’Itinerario Antoniniano sulla strada che collegava Tibula a Caralis cita 10 stazioni, tra le quali:

Luguidonis c(astra), oggi Nostra Signora di Castro in comune di Oschiri, a 25 miglia, 37 km da Gemellae;

– Hafa, oggi Mores o Monte Zuighe, 24 miglia, 35 km da Luguidonis c(astra)

Molaria, oggi Mulargia, a 24 miglia, 35 km da Hafa

In realtà alcune di queste stazioni appartengono alla biforcazione per Olbia della strada centrale sarda, che i miliari documentano solo a partire dai restauri effettuati forse nell’età di Settimio Severo (195 d.C.) e sicuramente nell’età di Elagabalo (220 d.C.), ma che dev’essere stata costruita in precedenza: già in età repubblicana il problema principale per i Romani fu rappresentato dalla necessità di collegare il porto di Olbia con le antiche colonie fenicio-puniche della costa occidentale e ciò spiega la ragione della localizzazione lungo il percorso di questa strada dei populi celeberrimi di Plinio il vecchio: i Corsi della Gallura, i Balari del Logudoro e dell’Anglona e gli Ilienses del Margine-Goceano, impegnati lungo le vallate del Monte Acuto ed il Campo d’Ozieri a partire dal III secolo a.C. in un’accanita resistenza contro i Romani. Fu però in età imperiale ed in particolare a partire dall’età dei Severi che la strada assunse un preciso significato economico, in funzione dell’annona di Roma: il numero straordinario di miliari (una settantina sui 150 miliari della Sardinia) testimonia continui lavori di restauro e comunque interventi del governatore provinciale ancora alla fine del IV secolo d.C. nell’età di Magno Massimo e Flavio Vittore.

Se collochiamo il nostro punto di vista a Bonorva, in direzione Sud possiamo lasciare da parte in questa sede intanto la strada centrale che, partita da Turris, dalla Campeda raggiungeva Carales: essa toccava l’antica fortificazione punica di San Simeone, quindi la cantoniera Tilipera in regione Salamestene e risaliva l’altopiano, superando il Punto Culminante (in località Pedra Lada, quota 669 m s.l.m., col 109° miglio da Carales), Berraghe, Padru Mannu presso il bivio per Bolotana, il ponte sul Rio Temo (miliario con l’indicazione di lavori di restauro effettuati dai Severi e massicciata di S’Istriscia); toccato il Nuraghe Boes, raggiungeva Mulargia. Qui presso il nuraghe Aidu Entos, forse al 100° miglio da Carales è stato localizzato il limite del popolo degli Ilienses, che occupavano il Marghine ed il Goceano fino al Tirso.   In direzione Nord, possiamo sorvolare sul tronco principale per Turris Libisonis, che da San Simeone di Bonorva raggiungeva San Francesco e poi entrava in comune di Giave a Corona Pinta e Campu de Olta, per proseguire verso Prunaiola di Cheremule, Torralba, Bonnanaro, Mesumundu di Siligo. Credo vada riferito a questo tronco il  miliario di Rebeccu, più volte citato, con XLII miglia [a] Turr[e], che in passato si riteneva trasferito in età moderna, ma che potrebbe essere stato collocato nell’edificio di Sas Presones già in età tardo-antica, se chi costruì l’edificio termale raggruppò i miliari dalle aree circostanti e non dal solo punto miliario CXII.

Dobbiamo concentrarci sulla variante orientale per Olbia, che si originava in comune di Bonorva nella parte settentrionale della Campeda in direzione di Rebeccu all’incirca al 112° miglio (si ricordi che il Punto Culminante di Pedra Lada porta il 109° miglio da Carales) ed arrivava ad Olbia, che va ora collocata al 177° miglio. La variante era dunque lunga 65 miglia, cioè 96 km, tra Bonorva ed Olbia. Essa è parzialmente documentata anche dall’Itinerario Antoniniano con due stazioni della centrale sarda a Tibula Carales:

Hafa oggi Mores, ma Tetti pensava a Monte Zuighe-Ittireddu  (24 miglia, 35 km a Nord di Molaria);

Luguidonis c(astra) oggi Nostra Signora di Castro in comune di Oschiri (24 miglia, 35 km a NE di Hafa e 25 miglia, 37 km a Sud di Gemellae-Perfugas).

La documentazione più significativa è però rappresentata dai numerosi miliari ritrovati a Nord di Bonorva (l’ultima scoperta in località Mura Ispuntones), con la numerazione delle miglia calcolata sempre da Carales, tranne il miliario di Errianoa di Berchidda che ha l’indicazione 24 miglia, calcolate evidentemente da Olbia nell’età di Magno Massimo e Flavio Vittore. Del resto anche un miliario di Sbrangatu con 5 miglia nell’età di Costantino II (accanto a quelli con 170 miglia) ci conferma l’esistenza di un computo inverso meno frequente; ma ciò non sembra dover comportare un mutamento nella denominazione ufficiale della strada alla fine del IV secolo.

Il tratto iniziale si staccava dalla strada a Turre a Nord della Campeda di Bonorva (lungo il tratto tortuoso di Sa Pal’e Càcau); la strada per Olbia, raggiunto San Lorenzo e poi il bivio di Rebeccu, doveva toccare secondo Emilio Belli Pedra Peana e, superato su un ponte nella piana di Santa Lucia il Rio Casteddu Pedrecche, aggirava a Est la palude e raggiungeva, alle falde del Monte Frusciu, le località di Mura Ispuntones nel versante nord-occidentale dell’altopiano di Su Monte, al punto miliario 114 (168 km da Cagliari), documentato dal cippo dell’anno 248 dei due Filippi durante il governo di Publio Elio Valente.

Il punto miliario successivo era a Mura Menteda in comune di Bonorva (circa 8 km a NNE dal paese): siamo certamente al 115° miglio da Carales (170 km), come testimonia un miliario di Costante Cesare posto tra il 333 ed il 335 dal perfettissimo  Fl(avius) Titianus.

La strada procedeva quindi per S’ena ‘e sa Rughe, passava il rio Badu Pedrosu, proseguiva ad Est per la borgata di Monte Cujaru, la caratteristica collina vulcanica del Logudoro, che ci ha restituito (senza la numerazione delle miglia) i miliari che attestato dei restauri al tempo di Filippo l’Arabo con il praefectus et procurator provinciae Sardiniae M. Ulpius [V]ictor, di Valeriano e Gallieno con [P. Maridius Ma]ridian[us], di Diocleziano e Galerio con il governatore Val. Fla[vianus]; il cippo dedicato a Costantino il Grande con il già ricordato governatore vir clarissimus T. Semptimius (!) Ianuarius si configura invece come un miliario “di  propaganda” (si noti la formula finale devotus numimi maiestatique eius) piuttosto che prova di reali lavori condotti.

Da località ignota nei pressi di Bonorva, probabilmente in un punto corrispondente al 116° o 117° miglio, durante dei lavori agricoli svoltisi nel 1973, proviene un cippo irregolarmente cilindrico di trachite, sul quale si legge il nome di [H]eraclitus, forse riferibile al governatore della Sardegna fra il principato di Decio e quello di Treboniano Gallo e Volusiano.

La strada proseguiva lungo il viottolo campestre che costeggia Planu Chelvore presso Monte Calvia: da qui provengono i miliari con il 117° miglio da Carales, uno dei quali fu posto dal prefetto Octabianus a Massimino il Trace.

Il punto miliario successivo (dove sono stati scoperti ben cinque cippi) è quello del versante occidentale della valletta di Code all’estremo lembo orientale del comune di Torralba, con l’indicazione del 118° miglio nell’età di Elagabalo (anno 220) e del divo Aureliano. La medesima località ha restituito inoltre cippi dedicati ai Cesari Erennio Etrusco e Ostiliano, probabilmente a Decio o Treboniano Gallo e Volusiano da M. Ant. Sept. H[eraclitus], a Valeriano e Gallieno da [P. Maridius Ma]rid[ianus], per Costanzo Cloro, Galerio, Valerio Severo e Massimino Daia, forse ad opera di Valerio Domiziano, a Costanzo Cloro dal già ricordato Valerio Domiziano: in quest’ultimo caso il cippo non fu posto per un reale o presunto restauro della strada ma più verosimilmente come atto di devozione del governatore all’imperatore che nella gerarchia tetrarchica deteneva, almeno nominalmente il primato nel collegio degli Augusti.

Resti delle carraie rimangono presso il nuraghe Mendula, da dove la strada raggiungeva la depressione di Silvaru-Add’e Riu in comune di Mores, con almeno tre miliari (due con il 119° miglio da Carales) come quello di M. Ulpius Victor sotto Filippo l’Arabo o quello di M. Calpurnius Caelianus sotto Valeriano e Gallieno o quello di M. Aurelius Quintillus sotto l’impero del fratello Claudio il Gotico.

La strada raggiungeva Su Coticone di Mores, con il miliario ancora di M. Ant(onius) Sept(imius) Her[aclitus] a Decio, Erennio Etrusco e Ostiliano; toccava quindi Planu Alzolas e superava il Rio Mannu di Mores sul Ponte Edera o meno probabilmente  sul Ponte Etzu di Ittireddu.

Alla periferia di Mores, in località Santa Maria ‘e Sole presso la collina dal caratteristico toponimo Montigiu de Conzos va collocata la stazione di Hafa, che si trovava secondo l’Itinerario Antoniniano 24 miglia, 35 km a Nord di Molaria; la strada toccava forse San Giovanni Oppia, la Tola di Mores e raggiungeva il bivio di Sant’Antioco di Bisarcio: qui, in località San Luca, va riportato il miliario del Cesare Delmazio che conserva la menzione del 131° miglio da Carales. La strada si dirigeva decisamente ad Est, superava quindi il Rio Mannu di Ozieri sul Pont’Ezzu di Ozieri (un grande ponte a sei arcate, lungo quasi un centinaio di metri), quindi evitava l’area paludosa del Campo di Ozieri; altri ponti sono quelli di Badu Sa Femmina Manna e di Castra, coperto dal lago Coghinas; qui la strada raggiungeva Nostra Signora di Castro in comune di Oschiri, dove localizziamo i Luguidonis c(astra) della cohors III Aquitanorum, della cohors Ligurum e della cohors Sardorum.

Come si vede, la documentazione rimastaci è abbondante e testimonia un’attenzione del governo imperiale per la viabilità tra il Meilogu, il Monteacuto e la piana di Olbia che si sviluppa soprattutto in età tardo antica: solo alla fine del IV secolo risale dunque l’edificio di Sas Presones che reimpiega miliari stradali che dall’età di Galerio arrivano almeno fino a Costantino od a  Giuliano. La vitalità del territorio appare sicura almeno fino all’arrivo dei Vandali alla metà del V secolo, di cui ci rimane una testimonianza vivacissima, l’affondamento delle navi del porto di Olbia.

Si ringraziano: Franco Campus, Nadia Canu, Paola Ruggeri.




Célébration du 40e anniversaire de l’inscription du site archéologique de Carthage sur la Liste du patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO.

Célébration du 40e anniversaire de l’inscription du site archéologique de Carthage sur la Liste du patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO.

Symposium sur la stratégie archéologique et de conservation du site archéologique  de Carthage

Tunis, 26-27 juillet 2019

L’avenir de la protection du site de Carthage 40 ans après la déclaration de l’UNESCO: le rôle de la Société scientifique “École archéologique italienne de Carthage”

Communication de Attilio Mastino, Président SAIC (avec la contribution de Piero Bartoloni, Président honoraire SAIC )

 

Chers amis,

nous sommes venus ici à Tunis surtout pour dire l’intérêt et la disponibilité de notre SAIC, l’« École Archéologique Italienne de Carthage », de parteciper aux initiatives pour definir et elargir la stratégie archéologique et de conservation du site de Carthage et de consolider sa présence dans la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO.

Le 16 décembre 1983, dans l’ouverture du Ier Congrès de “L’Africa Romana” et dans mon article sur La recherche épigraphique en Tunisie (1973-1983), j’ai déjà réfléchi sur les résultats extraordinaires de l’insertion du site archéologique de Carthage dans la Liste du patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO, à partir du 1979, et sur la présence de nombreuses équipes de recherche de niveau international sur le site de l’antique Carthage dans une saison inoubliable : « Per quanto riguarda Cartagine, è noto che operano contemporaneamente vari gruppi di ricerca archeologica (tunisini, francesi, italiani, tedeschi, inglesi, danesi, svedesi, canadesi, americani), nel quadro del programma UNESCO, con risultati di grande interesse ».

Le fort engagement des Universités, du Gouvernement, de l’Institut National d’Archéologie et d’Art pour obtenir la prestigieuse reconnaissance, aussi bien que l’action de coordination, de promotion et de mise en valeur de l’identité de Carthage antique par l’UNESCO ont représenté pour la ville et pour la Tunisie entière le moteur du développement, l’élément décisif d’un relecture de l’héritage à la lumière d’une approche qui devait absolument surmonter et vaincre la phase coloniale, la reconnaissance de la valeur des cultures des périodes classiques mais surtout la valeur historique des futuhat, l’ouverture à l’Islam. En cette occasion, j’avais rappelé l’activité de Azedine Beschaouch, directeur de l’INAA, l’Institut National d’Archéologie et d’Art de Tunisie de 1973 à 1982, et de Abdelmajid Ennabli, qui a coordonné les différentes équipes internationales et a toujours rendu compte des activités des premières campagnes de fouilles à Carthage conduites dans le cadre du programme UNESCO, dans la revue CEDAC Carthage, Bulletin du Centre d’études et de documentation archéologique de la Conservation de Carthage, Tunisie, IV, 1981, p. 3 ss. (avec bibliographie 1975-81 aux p. 56-60). L’INAA a assumé la charge de coordination du travail des différentes missions. A cette occasion, Ammar Majhoubi, Hedi Slim, Latifa Slim, Naidé Ferchiou et Marcel Le Glay sont venus avec nous en Sardaigne.

La déclaration de l’UNESCO a eu le mérite de modifier la perception de l’histoire de Carthage en tant que grande capitale de la Méditerranée, directement liée au Liban et à la ville de Tyr à l’Est, et à l’océan atlantique à l’Ouest, jusqu’à Gades et Tanger : capitale, tant à l’époque phénicienne et dans la phase punique, mais aussi pendant la longue période romaine qui a suivi sa fondation par Gaius Gracchus, César et Auguste, avec un territoire qui s’étendait sur plusieurs kilomètres au-delà de celui qui avait été la frontière avec l’ancien royaume numide. Et encore une capitale vandale et une capitale byzantine ; enfin l’arrivée de la dynastie des Omeyyades et le retour à être une grande capitale internationale à nos jours.

La déclaration solennelle de l’ UNESCO de 1979 venait après l’article de Giacomo Caputo qui présentait l’activité des archéologues italiens à Carthage, en particulier celles conduites par le CNR, il Conseil National de la Recherche italien, et essentiellement par le Centro di Studio per la Civiltà Fenicia e Punica : voir G. Caputo, Tunisia, Cartagine e appello UNESCO. Un decennio di ricerche archeologiche : « Quaderni della ricerca scientifica »», CNR, C/I, 1978, p. 210-217.

Il est donc nécessaire de rappeler ici les trois savants italiens qui sont en partie à l’origine de la déclaration de l’UNESCO, pour les activités conduites dans la décennie précédente : Antonino Di Vita, Andrea Carandini, Sabatino Moscati.

 

Antonino Di Vita (Chiaramonte Gulfi19 octobre 1926 – Roma22 octobre 2011) qui, avant d’être directeur de l’Ecole Archéologique Italienne d’ Athènes, pour la première fois était à Carthage, sur la Byrsa, à la fin de l’été 1964 avec Mohamed Hassine Fantar et Azedine Beschaouch, imaginant des ruines encore cachées, de la colline en direction de Dermech et, plus loin, vers Salammbô.

En 1982, Di Vita écrivit : Juste Beschaouch alors projetait le future, « lors d’une visite à Rome en juin 1972 pour rassembler des éléments concrets du programme afin de mettre en valeur et de sauvegarder les vestiges de l’ancienne métropole qu’il avait esquissée à la suite de l’appel lancé par Carthage le 14 mai, par le ministre tunisien des Affaires culturelles et de l’Information, M. Chedki Klebi, et le Directeur Général de l’UNESCO, M. René Mahen. Il n’avait pas besoin de beaucoup de mots pour me convaincre de faire venir à Carthage une présence archéologique italienne, et je dois dire que le soutien de l’ambassadeur d’Italie à Tunis, le regretté Silvano Saraceno, de Mario Mondello, directeur général des relations et des manifestations culturelles du Ministère des Affaires étrangères et de Giacomo Caputo, président du groupe de recherche pour l’Afrique du Nord financé par le CNR, a été immédiat et efficace.

L’Italie a été donc l’une des nations les plus pressantes pour répondre à l’invitation du gouvernement tunisien et de l’UNESCO, en donnant officiellement (c’était le 7 juillet 1973) le début de cette expérience, unique d’un point de vue scientifique et humain (et qui il est souhaitable de ne pas rester irremplaçable), qui a travaillé aux côtés de nombreuses équipes de spécialistes, différentes pour la formation technique et culturelle, mais unies dans leur volonté d’atteindre la connaissance et de sauver les vestiges de l’ancienne métropole.

En réalité, les échanges d’expériences entre les missions de Carthage se sont traduits dans une croissance culturelle précieuse pour chacun de leurs membres, ainsi que pour les collègues tunisiens également actifs sur le terrain, et dans une expérience positive – dont la valeur apparaît de plus en plus évident au fil des années – pour l’archéologie du monde classique dans son ensemble. (…) Non seulement la Carthage byzantine et de la fin de l’époque romaine des couches supérieures, mais également la Carthage des premiers siècles de l’Empire et de l’Hellénisme : il existe aujourd’hui des notes dans une vision diachronique articulée, d’une richesse inimaginable il y a seulement quelques ans, et cela est dû, justement, à la coopération internationale massive et bien coordonnée mentionnée ici.

Dans cet appel au généreux tribut, je dirais presque de “réparation” de l’Occident contre l’ancienne malheureuse ennemie Phénicienne, l’Italie a tenté d’être présente (…). Par conséquent, lors de la rédaction du programme de travail ayant fait l’objet de l’accord signé avec le Directeur de l’Institut national tunisien d’Archéologie et d’Art, le prof. Azedine Beschausch, le 7 juillet 1973, a envisagé d’apporter une contribution scientifiquement pertinente – même si elle était moins visible et moins gratifiante que l’excavation systématique d’un grand bâtiment ou d’une zone urbaine monumentale – en concentrant nos efforts dans une recherche topographique visant à clarifier le problème constitué par le coin nord-ouest du système de la ville Augustéenne, le soi-disant Triangle de Saumagne.

Les relations entre la centuriation rurale et l’organisation urbaine, entre l’urbanisme et la construction même, entre les nécropoles et les villes dans ses différentes phases, se situent dans l’un des coins les moins connus et certainement parmi les moins attrayants de l’usine planifiée d’Auguste. Principal domaine d’investigation : les résultats obtenus dans les cinq campagnes au cours desquelles nous avons dû inclure les recherches dont nous sommes saisis – y compris l’enquête menée sur le terrain par les chercheurs du Centre de recherche du CNR pour l’insertion de la zone explorée dans la grille régulière de Colonia Iulia Concordia Carthago – sont présentés ici pour la première fois dans un rapport préliminaire. Nous sommes en retard, bien sûr, en ce qui concerne le désir de chacun de nous et les attentes des collègues intéressés par Carthage, mais il faut dire, à notre justification partielle, que, n’ayant pas eu les moyens de structurer même un petit noyau de travail permanent, les composantes de notre mission, après chaque campagne, sont toujours revenues dans les universités d’origine – Rome, Sienne, Macerata – et leur participation aux cinq campagnes de Carthage a constitué un engagement supplémentaire volontaire, mais non moins contraignant. Ceci est également vrai, et plus encore, pour Andrea Carandini, qui souhaitait en 1973 être le directeur de notre mission sur le terrain et auquel il convient d’ajouter le mérite scientifique d’avoir aussi pu rassembler autour de lui un groupe organisé de jeunes spécialistes de valeur.

Malgré ces difficultés et bien qu’il ne soit pas facile en Italie de trouver les moyens d’une vaste publication scientifique, nous arriverons bientôt à l’édition définitive de ces fouilles. Cela constituera pour les auteurs des pages qui suivent un nouvel engagement scientifique lourd, et pour ceux qui en écrivent un fardeau “administratif” non moins lourd ; mais nous assumerons volontiers notre dernier devoir dans la conviction profonde que, de la même manière, il va honorer le pays, et que les vestiges de Carthage – sacrés pour les civilisations de l’ensemble du monde méditerranéen – se sont ainsi révélés être un gardien prévoyant et une justice pour l’ancienne métropole qui, après avoir imprimé son sceau de grande puissance pendant sept siècles dans l’histoire, a dû être conquise pendant sept siècles supplémentaires – mais cette fois par un destin singulier, en tant que participant et agent de la civilisation romaine – une place dans l’Empire ne dépassant que celle de Rome ».

 

Andrea Carandini (1937-…) Déjà en 1973, Di Vita et Azedine Beschaouch voulaient Carandini comme directeur de la mission à Carthage. Dix ans plus tard, Carandini faisait un bilan sur le volume des fouilles conclues en 1977 dans le cadre du projet qui devait amener à la déclaration UNESCO. En 1985, il entreprit le projet de fouilles stratigraphiques à Carthage par l’UNESCO dans une zone de la ville antique aussi bien que l’analyse du tissu urbain et l’analyse des relations de la ville avec le territoire. Parmi les participants figuraient Lucilla Anselmino, Clementina Panella, Carlo Pavolini et Renato Ciciagli.

Grâce à la libéralité de Maria Antonietta Rizzo Di Vita j’ai aujourd’hui la disponibilité des reliefs originaux des travaux accomplis à Carthage, dans A. Di Vita, Presentazione a : A. Carandini, L. Anselmino, C. Panella, C. Pavolini, R. Ciciagli, Gli scavi italiani a Cartagine. Rapporto preliminare delle campagne 1973-77, «Quaderni di Archeologia della Libia», XIII, 1983, p. 7-61.

Sabatino Moscati (Roma, 24 novembre 1922 – Roma8 septembre 1997) Fondateur en 1969 du Centro di Studio per la Civiltà Fenicia e Punica du CNR, pour les recherches entre Carthage et le Cap Bon (I Fenici e Cartagine, UTET, Torino 1972). Il a travaillé en Tunisie à partir du 1966 avec Ferruccio Barreca, Antonia Ciasca, l’arch. Alberto Davico, Piero Bartoloni, Enrico Acquaro et beaucoup d’autres.

Sabatino Moscati n’était pas seulement un grand philologue, un érudit des langues sémitiques comparées, mais aussi un grand connaisseur des hommes, qui a su comprendre les talents des savants qu’il a rencontrés et qui a décidés d’encourager. En ce qui concerne les entreprises institutionnelles en Tunisie, il a commencé en 1964 à prendre contact avec les plus éminents chercheurs de la région, parmi lesquels Hechmi Sebaï, et à s’intéresser à quelques jeunes chercheurs, comme Mohamed Hassine Fantar, qui à l’époque préparait une thèse à l’Université d’Aix en Provence. L’intérêt de Sabatino Moscati était d’élargir l’horizon des études phéniciennes menées au sein de l’Istituto di Studi del Vicino Oriente de l’Università di Roma, qu’il dirigeait, principalement vers la Sardaigne et la Sicile.

En fait, à cette époque, en 1963 pour Monte Sirai et en 1965 pour Mozia, les missions archéologiques dans les deux îles principales avaient commencé. La coutume était de mener à bien le travail avec les institutions scientifiques et la protection locale, de sorte que pour Sabatino Moscati , a toujours été essentielle la collaboration avec la Soprintendenza archeologica Cagliari et celle de Palerme, alors dirigées par Ferruccio Barreca d’une art et de Vincenzo Tusa de l’autre. Puis, à partir de 1966, commence la prospection archéologique dans le Cap Bon, menée avec une équipe de chercheurs de l’Università di Roma et de l’Institut National d’Archéologie et d’Art de Tunis ; l’étude dure quelques années et est rendue publique avec deux volumes de la série Collezione di Studi Fenici publiés respectivement en 1973 et 1983. En ce qui concerne l’activité archéologique en Tunisie, elle développe depuis 1971 des projets de recherche au Cap Zebib.

De plus, Sabatino Moscati a promu de nombreuses recherches visant à la publication de collections et de matériels conservés dans les musées de Tunisie. L’étude des rasoirs puniques par Enrico Acquaro et l’étude des stèles archaïques du tophet de Carthage par Piero Bartoloni méritent d’être mentionnées. Enfin, inclus dans le Corpus delle Antichità Fenicie e Puniche de l’Unione Accadémica Nazionale, le travail de Zohra Cherif, Terres cuites de Tunisie, publié à Rome en 1996. Finalement, il convient de mentionner l’entreprise archéologique à Zama Regia, conçue et promue par Sabatino Moscati en 1997 et réalisée entre 1999 et 2012. La recherche proposée par les autorités tunisiennes et menée par l’Istituto per la Civiltà Fenicia e Punica du CNR, a été dirigée conjointement, du coté tunisien par Ahmed Ferjaoui, et, du coté italien, par le Directeur de l’Istituto CNR, Piero Bartoloni.

Les relations amicales et scientifiques de Sabatino Moscati avec le monde de la culture tunisiens ont toujours été marquées par une grande estime et un respect mutuel des prérogatives nationales, comme ce fut le cas pour toutes les entreprises internationales promues au cours des décennies entre 1961 et 1997. La preuve en est, entre autres, le fait que la direction scientifique (dans toutes les entreprises menées en Tunisie) a été la prérogative des chercheurs de l’Institut du Patrimoine la partageant avec les universitaires italiens.

 

Aujourd’hui

Ça fait 40 ans de la Déclaration UNESCO et 20 ans se sont écoulés depuis la Rencontre internationale sur Carthage qui a été organisée les 16, 17 et 18 novembre 2000 : vous savez que nous avons travaillé dans le territoire de Carthage, à Uchi Maius, maintenant à Thignica, et encore dans les thermes d’Antonin à Carthage, tout récemment pour le Congrès de Bertinoro 2017, organisé par la regretté Angela Donati. Mais je veux rappeler notamment certains congrès de L’Africa Romana : Carthage-Amilcar XI, 1994 ; Djerba XIII, 1998 ; Tozeur, XV, 2002 ; Tunis, XXI, 2017. Maintenant, depuis la création en 2016 de la SAIC, ou Ecole Archéologique Italienne de Carthage, on a réalisée la « Bibliothèque Sabatino Moscati» en Tunisie : elle a été initialement établie, avec ses 6000 volumes, dans les locaux de l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, Rue Chott Meriam – Tunis Montplaisir, mais elle va être hébergée au rez-de-chaussée du Musée National de Carthage, Place de l’UNESCO – Colline de Byrsa (Carthage). Son transfert ainsi que le classement des livres seront à la charge de la SAIC.

Donc, cette « Bibliothèque Moscati », à Carthage, peut être un “Phare” pour tous nos projets communs : un laboratoire de recherche, de formation et de valorisation.

Propositions

En cette occasion de réflexion, je pense qu’il est utile de faire des propositions basées sur cette longue expérience.

Nous pouvons insister ici :

–   sur la méthode : avec « L’Africa Romana » et l’École Archéologique Italienne, l’Italie peut disposer de beaucoup d’espace pour promouvoir l’activité des institutions italiennes à Carthage.

–   sur la réciprocité qui distingue notre approche (je veux penser aux activités de Mustapha Khanoussi, de Mohamed Hassin Fantar et d’Azedine Beschaouch en Sardaigne).

–   Je crois qu’il faut mettre aussi tout en œuvre pour que la SAIC organise au moins une fois par an une réunion, ou une série de réunions, faisant le bilan des acquis scientifiques et proposant une stratégie pour le futur.

–   Enfin, comme on a observé dans ces jours-ci à l’Ambassade d’Italie avec Mme Angela Zanca, l’accord culturel italo-tunisien arrive à expiration : nous demandons (ainsi que notre MAECI) d’être consultés et de pouvoir apporter notre contribution en tant que SAIC, en tant que Institut National du Patrimoine et en tant qu’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, pour rédiger les termes du nouvel accord d’entente commune. D’ailleurs, l’accord actuellement en vigueur avait prévu la création d’un centre de formation et de documentation, ce que M. Ianulardo du MAECI venait d’évoquer et ce que nous avons en fait mis en place, en même temps que la création de la SAIC.

 

Autour des recherches à Carthage

L’objectif de cette réunion, plus précisément, est de proposer une stratégie générale d’archéologie, de conservation, de recherches à Carthage. L’objectif avouée donc est de réfléchir sur les possibilités que le sol archéologique de Carthage cache encore et de fixer les priorités en matière de recherche scientifique.

Il est évident que la richesse du patrimoine de Carthage réside avant tout dans la conception urbanistique, le dessin urbain de la ville punique et de la colonie romaine avec cardines et decumani, avec une cadastration régulière, une cadastration qui est vraiment surprenante. Pour les ports puniques, M. Giovanni Macciocco, ancien Doyen de la Faculté d’Architecture de l’Université de Sassari, disait qu’ils représentent l’idée de l’urbanisme soumis à la stratégie militaire, car la ville de Carthage, enserrée dans ses fortifications, était une véritable machine de guerre, comme un bateau ancré au continent africain.

On a plusieurs Projets qui comportent aussi l’utilisation de nouvelles stratégies :

–   Lac de Tunis et Île de Santiago de Chikly, dans le lac, avec la forteresse espagnole et turque : projet du Departement d’Architecture et d’Urbanisme, Université de Sassari;

–   Îlot du port circulaire ou Île de l’amirauté dans le port militaire de Carthage : prof. Francesco Tommasello, de Catania (marques de carrière avec lettres puniques). On a pris connaissance aujourd’hui des travaux de M. Ahmed Gadhoum sur le thème de l’archéologie maritime.

–   Carthage, Thermes : voir Samir Aounallah, Attilio Mastino, Salvatore Ganga, [E]x permissu [et indulgentia] optimi maximique principis: Cartagine tra il 159 e il 162 (con appendice nel 389): grandi lavori alle terme a mare di Antonino Pio, Marco Aurelio, Lucio Vero, in L’iscrizione nascosta, Atti del Convegno Borghesi 2017, a cura di Antonio Sartori (Epigrafia e antichità, 42), Fratelli Lega : Faenza 2019, ISBN 978-88-7594-141-3, p. 203-230.

–   Thignica : les inscriptions (voir Epigraphica LXXX: Antonio Corda, Antonio Ibba, Paola Ruggeri ; Epigraphica LXXXI, Antonio Corda, Claudio Farre), relevé général, monuments (Voir Attilio Mastino, Neptunus Africanus: a Note, dans CaSteR III); Alessandro Teatini, Un cantiere di spoliazione a Thignica in età bizantina: indizi epigrafici e tracce archeologiche, dans CaSteR IV.

–   Uchi Maius : publication de la forteresse islamique par le prof. Marco Milanese.

–   Numluli : fouilles dans le forum.

–   D’autres projets de la SAIC et deses membres sont dehors de la ville de Carthage, mais toujours en Tunisie (Nabeul, Oudna, Zama, Althiburos, ecc.).

Dans notre revue CaSteR on a traité plusieurs aspects de la ville de Carthage. Voir par exemple :

–   Da Elissa ad Annibale, tra Tiro e Cartagine: sei secoli di connessioni mediterranee tra Oriente e Occidente (Michele Guirguis, CaSteR I).

–   Gli avori di Cartagine (Piero Bartoloni, CaSteR IV).

–   Viaggiando nel tempo 1: il tofet di Cartagine (Piero Bartoloni, “Caster” II).

–   L’edificio a pianta ottagonale del porto di Cartagine e la segnalazione marittima in epoca romana (Lavinia Del Basso, CaSteR II).

–   Carthage : la ‘Fontaine aux mille amphores’ (Jean-Pierre Laporte, CaSteR III).

–   Acqua per Cartagine: la fornitura idrica in epoca punica e romana (Lavinia Del Basso, CaSteR IV).

Voir aussi :

–   Attilio Mastino, Il viaggio di Enea fino a Cartagine. La ricerca archeologica nel Mediterraneo, “Forma Urbis”, Il viaggio di Enea. Mito, storia, arte, archeologia, XXIII,1, 25 gennaio 2018 (publié en février), p. 28-39.

–   Attilio Mastino, L’attività della Scuola Archeologica Italiana di Cartagine (SAIC) nel 2017, dans Archeologia e tutela del patrimonio di Cartagine: lo stato dell’arte e le prospettive della collaborazione tuniso-italiana, Atti del seminario di studi raccolti da P. Ruggeri (Le Monografie della SAIC, 1), SAIC Editore 2017, p. 9-19.

–   Attilio Mastino, L’attività della Scuola archeologica italiana di Cartagine 2016-2017, CaSteR 2 (2017), doi: 10.13125/caster/3092, http://ojs.unica.it/index.php/caster/.

–   Carthage, maîtresse de la Méditerranée, capitale de l’Afrique (Histoire & Monuments, 1), (IXe siècle avant J.-C. — XIIIe siècle). AMVPPC, SAIC Sassari, Tunis 2018, S. Aounallah, A. Mastino (cur.), p. 1-500.

 

L’Ecole Archéologique Italienne de Carthage

La SAIC, « Scuola Archeologica Italiana di Cartagine. Documentazione, formazione e ricerca », est une Société Scientifique sans but lucratif, qui vise à promouvoir la coordination entre les initiatives de la coopération culturelle italienne dans la région méditerranéenne. De cette façon, elle souhaite appuyer les possibilités de recherche, formation et diffusion des connaissances et mettre en valeur les apports de chaque initiative individuelle, tout en contribuant activement au dialogue interculturel et aux politiques de développement de la Tunisie et plus généralement des Pays du Maghreb.

Fondée en février 2016, la SAIC se propose comme la voix de la communauté scientifique italienne intéressée aux civilisations de la Méditerranée ancienne, au sujet des sciences historiques, archéologiques et de l’Antiquité, l’histoire de l’art, la conservation, la restauration et la mise en valeur du patrimoine culturel.

La SAIC est en pleine croissance, en raison du nombre toujours croissant de tous ceux qui demandent d’y adhérer, à la fois des chercheurs spécialistes, des institutions, des départements universitaires et des centres de recherche, tant en Italie qu’en Tunisie, en France, en Espagne et ailleurs encore.

Le Statut de la SAIC prévoit un nombre limité de « Membres Ordinaires » (ceux qui sont promoteurs de projets de recherche dans les pays de l’Afrique du Nord et les représentants des institutions signataires d’accords de coopération transfrontalière), de nombreux « Membres Honoraires » (ceux qui sont ou qui ont été engagés dans la recherche, la formation, la documentation et la préservation du patrimoine culturel, ainsi que les étudiants de disciplines liées aux domaines scientifiques connexes) et des « Membres Bienfaiteurs » (personnes physiques ou morales qui soutiennent les activités de la SAIC par des donations ou par d’autres formes d’aide). Il y a enfin la catégorie des « Membres Correspondants » formée par des collègues étrangers ou vivant à l’étranger. La participation à la vie de la Société est définie par un Règlement intérieur élaboré par le « Conseil Scientifique » et adopté par l’« Assemblée » des Associés.

La SAIC est autonome, mais elle fonctionne d’un commun accord avec les autorités locales concernées (pour la Tunisie : l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle et l’Institut National du Patrimoine), avec le Ministère des Affaires Etrangères et la Coopération Internationale italien, l’Istituto Italiano di Cultura et l’Ambassade d’Italie à Tunis, d’une part, et avec beaucoup d’autres associations académiques et scientifiques, Fondations, Universités, Institutions régionales, nationales et internationales de l’autre, tant pour la coopération que pour l’appui ou le patronage.

La SAIC soutient ses initiatives grâce à la contribution de plusieurs bienfaiteurs, notamment la Fondazione di Sardegna, et aux cotisations de ses adhérents.

Où sommes nous ?

L’École Archéologique Italienne de Carthage a plusieurs sièges, en Italie et en Tunisie. Le siège principal et statutaire se trouve auprès de l’Université de Sassari, Dipartimento di storia, scienze dell’uomo e della formazione, Viale Umberto, 52 (07100 – Sassari). Le centre opérationnel en Tunisie est basé à l’Istituto Italiano di Cultura, 80, avenue Mohamed V (1002 – Tunis) et chez l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, Rue Chott Meriam – Monplaisir.

L’administration du site et la rédaction de la Revue de la SAIC sont installées à l’Université de Cagliari, Dipartimento di storia, beni culturali e territorio, section Cittadella dei Musei, Piazza Arsenale, 1 (09124 – Cagliari).

 

Ce que nous faisons

L’objectif général de l’École Archéologique Italienne de Carthage est d’agir dans le domaine de la documentation, la formation, la recherche, la conservation et la mise en valeur du patrimoine archéologique.

Pour ce faire, le « Président » de la SAIC conclut des accords de coopération scientifique avec les institutions chargées de l’enrichissement, de la sauvegarde et de la valorisation du patrimoine culturel. L’École contribue à la formation des jeunes et encourage l’organisation de cours intensifs, des stages, des masters et des doctorats, par le biais d’accords signés avec les universités italiennes et étrangères.

Elle organise aussi des symposiums, des conférences et des séminaires sur la protection du patrimoine et la coopération culturelle.

La SAIC a également créé une bibliothèque spécialisée dans les domaines de l’archéologie, des sciences de l’Antiquité, de l’histoire de l’art et des technologies appliquées au patrimoine culturel. Cette bibliothèque Sabatino Moscati, inaugurée à Tunis le 6 Octobre 2017, est constituée par le don généreux de plus de 6.000 livres appartenant à l’illustre maître italien, qui ont été offerts par ses héritiers, ses deux filles Laura et Paola Moscati. L’École contribue maintenant à l’accroissement et à la mise en œuvre de la bibliothèque, par des volumes supplémentaires donnés par les Associés, son catalogage et son utilisation en ligne.

La SAIC a également démarré un projet éditorial pour la diffusion rapide des résultats de la recherche de ses Associés et de ceux qui en partagent intérêts et objectifs scientifiques. En effet, une nouvelle Revue (CaSteR) a été créée à périodicité annuelle et une nouvelle série de volumes (« Le monografie della SAIC ») a été mise en place. Parallèlement, un Site web et une Page du réseau social Facebook ont ​​été conçus pour tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique du Nord et à la Méditerranée antique.

 

Nos publications

Nos publications seront presentées par M. Antonio Corda, la revue CaSteR, « Cartagine. Studi e Ricerche », arrivée au IVéme numéro et les Monographies coordonnées par Paola Ruggeri.

Les projets

Le projet Urbs antiqua sera presenté par Sergio Ribichini.

Comment adhérer

La demande d’adhésion à la SAIC peut être compilée à l’aide d’un formulaire disponible sur le site web de l’École; elle doit être accompagnée d’un curriculum vitae attestant d’un intérêt pour les objectifs de notre Société scientifique.

La candidature et le curriculum doivent être envoyés par courrier électronique au Président de la SAIC, prof. Attilio Mastino (mastino@uniss.it) et au Secrétariat de la l’École (segretario@scuolacartagine.it).

La cotisation est de 50 euros par an (100 DT pour les Membres Correspondants résidant dans les pays du Maghreb). Toutes les institutions sont exemptées du paiement de la cotisation.

Comment nous rejoindre

Pour plus d’informations sur la SAIC, visitez le Site : https://www.scuolacartagine.it.

Pour plus de détails sur la Revue CaSteR, pour la soumission d’un article, ou si vous voulez vous proposer en tant que Réviseur, visitez le Site : http://ojs.unica.it/index.php/caster.

Pour recevoir de l’aide à l’avance, ou suivre votre article accepté, écrivez à l’adresse électronique : redazione.caster@gmail.com.

Pour soumettre le projet d’une monographie scientifique, envoyez la correspondance à : ruggeri@uniss.it. Suivez-nous sur la page Facebook : @scuolaCartagine.

 

Les bourses

Les Universités de Cagliari et de Sassari travaillent avec l’Université de Tunis pour les jeunes qui doivent terminer leurs études en Sardaigne. Jusqu’à ce moment presque 200 Magrébins ont étudié en Sardaigne, aussi dans le domaine de l’archéologie.

Le Comité Scientifique de l’Ecole Italienne vient juste d’attribuer des bourses, dans le cadre du projet sur “La Biblioteca Sabatino Moscati a Tunisi e le pubblicazioni della SAIC: formazione, documentazione e promozione archeologica e culturale in Tunisia”.

Pour la direction de l’Ecole, on a assigné une bourse à :

–   Alberto GAVINI, six mois de bourse (juillet-décembre 2019), sur le projet « La diffusione delle attività culturali della SAIC: formazione, documentazione e promozione archeologica e culturale in Tunisia » ;

Pour « La cooperazione archeologica italo-tunisina: formazione, documentazione e promozione archeologica e culturale in Tunisia » deux bourses ont été assignées à :

–   Mosbah MABROUKI de Gafsa, « Fouilles préhistoriques de Doukanet el Khoutifa », Siliana-Tunisie. Le candidat a travaillé avec l’Università Sapienza de Rome. Responsables ; Giulio Lucarini (UNIOR e ISMEO), Alfredo Coppa (Sapienza Roma), et Nabiha Aouadi (INP) ;

–   Amir GHARBI de Bizerte (master à La Manouba) sur « Les monuments préhistoriques de la Tunisie méridionale (Wadi Lazalim) ». Le candidat a travaillé sur les fouilles de Djebba sul Djebel Ghorrah (Tibaris) près d’Uchi Maius. Responsables : Savino Di Lernia (Sapienza Roma) et Nabiha Aouadi (INP).

On examine enfin, dans cette semaine, la possibilité d’assigner autres trois bourses avec la réouverture de l’Appel à candidature et délai au 14 août comme date limite pour la soumission des candidatures, du moment que 5 nouvelles candidatures sont déjà parvenues :

–   Ines BALLOUCHI, étudiante en archéologie, qui travaille sur la céramique romaine tardive dans le tophet de Carthage, dans le cadre du projet de master. Membre de l’équipe tuniso-italienne dirigée par M. Hamden Ben Romdhane et Giovanni Distefano dans l’aire comprise entre la Maalga et l’amphithéâtre de Carthage.

–   Fatma TOUJ: doctorante inscrite en quatrième année en histoire à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis et en cotutelle avec l’Università degli Studi di Napoli l’Orientale. L’intitulée de sa thèse « Rites et pratiques funéraires en Tunisie : étude archéo-anthropologique des nécropoles puniques d’El Mansourah, EL Hkayma et Cap Zebib ».

–   Khaled DHIFI de Regueb, Master en histoire du monde méditerranéen et sa civilisation, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, Patrimoine et muséologie (fouilles à Mahdia, Hergla, Zama, Enfida).

–   Nesrine NASR, Docteure en histoire ancienne et chercheure à l’INP Tunis, « Les manifestations de l’hellénisme au site antique de Thuburbo Maius ».

–   MEHDI ARFA, Master de recherche en Archéologie et technologie moderne, Fouilles de Althiburos.

 

Conclusions

Finalement, je voudrais rappeler les difficultés qui caractérisent aujourd’hui encore les rapports entre les deux rivages de la Méditerranée et notamment les mouvements des nombreux immigrants africains qui se déplacent toujours, souvent clandestinement sur des bateaux dangereux et instables, depuis la rive sud de la Méditerranée vers une Europe pétillante et désirée, mais qui reste aussi souvent insensible et incapable d’accueillir l’Autre.

Depuis le 11 septembre 2001, après les « Printemps arabes » difficiles, le thème est celui de la réconciliation nécessaire entre identités différentes, également à la lumière de véritables conflits de civilisation stimulés par le terrorisme mais aussi par de forts courants d’intolérance, alimentés de manière instrumentale en Europe. Nous avons devant nous maintenant une nouvelle phase de l’histoire de la Méditerranée, celle de l’hybridation et du biculturalisme. La récupération correcte de la mémoire du passé est alors le véritable problème auquel nous sommes confrontés, une base très solide sur laquelle bâtir un avenir fondé sur le respect mutuel.

Les préoccupations de l’UNESCO pour les menaces à l’identité historique de Carthage sont les nôtres. L’UNESCO demande une stricte stratégie archéologique et de conservation, mais aussi de formation et de recherche. Nous savons que la municipalité de Carthage, le Ministère de la Culture, l’INP, l’AMVPPC seront en première ligne pour se battre pour la ville historique, pour la grande métropole punique et romaine. Mais il faut penser à une nouvelle stratégie internationale, qui doit unifier les langages, les méthodes, les objectifs, pour « Sauver Carthage » ou « Valoriser Carthage ».

La SAIC s’engage à offrir tout son aide pour protéger cette extraordinaire richesse, fragile et non renouvelable.




Franco Mannoni. Il campo degli asfodeli.

Franco Mannoni
Il campo degli asfodeli

Arkadia editrice, Eclypse 98, 2019
Sassari, Fondazione di Sardegna, 22 luglio 2019
Attilio Mastino

Non so per quale misteriosa ragione il socialista Franco Mannoni – correndo qualche rischio – abbia scelto un ex democristiano per presentare questo libro delizioso, Il Campo degli asfodeli, edito a Cagliari da Arkadia. Il tema gli era stato suggerito a Santa Teresa di Gallura da Manlio Brigaglia durante una delle tante loro chiacchierate estive al Caffè dello Sport.

L’introduzione è stata affidata ad un più competente giovane studioso, Gianluca Scroccu, ricercatore di Storia contemporanea presso il Dipartimento di Storia, Beni culturali e Territorio dell’Università degli Studi di Cagliari, che mette in evidenza come questo non sia un saggio ma un libro di narrativa, un po’ come il romanzo Se ascolti il vento, con tante storie che raccontano di aspirazioni lontane, desideri fecondi, progetti positivi, molti non realizzati.

Ho letto in una serata tutto d’un fiato queste belle pagine, incrociando i miei ricordi di un tempo lontano, ritrovando tante persone conosciute, soprattutto riscoprendo tanti retroscena, tante difficoltà, tante resistenze al cambiamento che hanno caratterizzato gli anni immediatamente a cavallo di quel meraviglioso 1968 pieno di speranze, di desideri, di curiosità; anno, il 1968, che è anche nel ricordo  un momento magico della vita, un momento liminare di un’avventura straordinaria, ricca di emozioni e di storie; questo è il mondo rimpianto davvero, quando tutto sembrava possibile.

In realtà questo libro inizia in un mattino di primavera di tre anni prima, al bivio che dal castello di Macomer e da San Pantaleo porta verso Nuoro, quando una cinquecento bianca partita dalla Gallura si spinge con difficoltà sulla statale verso la piana del Tirso al piede del Marghine, tra i fiori di asfodelo. L’autore svolge il gomitolo dei suoi ricordi fino a fermarsi nel 1965, con un linguaggio lirico commosso, inusuale per un politico di razza freddo e misurato: <<mi fermai in una piazzuola, presso un campo di asfodeli, dalla quale si dominava in profondità il paesaggio, verso la piana. Oltre la cunetta gli asfodeli si infittivano, pallidi ed eretti, per lungo tratto. Svettavano l’uno prossimo all’altro, risultato del miracolo compiuto da una natura che si rinnova e riproduce in uno strato sottile di terra disteso sulle dure trachiti. Il giallo delle ferule illuminava il pallore degli asfodeli. Segni che la primavera aveva il suo corso. Però, verso il Gennargentu, in alto, resisteva il segno di un inverno non ancora concluso>>.  Il linguaggio alto è testimoniato dalla citazione dotta, che rimanda a Cenere di Grazia Deledda: <<Nella campagna intorno moriva la selvaggia primavera sarda: si sfogliavano i fiori dell’asfodelo e i grappoli d’oro della ginestra>>.

E poi la salita di Su Berrinau, con i tornati che arrivano fino alla fabbrica ceramica dei Gallisai, luoghi noti perché qui si erano ripetuti agguati e rapine, un mondo al tramonto negli ultimi anni della presidenza dell’Associazione industriali di Pietro Guiso Gallisai, figlio del celebre barone delle industrie nuoresi.

Ho ritrovato in queste pagine anche l’emozione di chi, straniero arrivato dal mare, viene catapultato in Barbagia per svolgervi un ruolo politico o amministrativo, scoprendosi apparentemente inadeguato in un mondo sconosciuto e chiuso che poi imparerà ad amare, proprio come è accaduto a me quanto ho iniziato col batticuore a fare l’assessore all’ambiente in Provincia: accettato inizialmente con difficoltà, perché i nuovi ingressi determinavano un’alterazione dei tradizionali rapporti di forza tra persone, tra gruppi sociali, tra partiti, dentro i partiti.

Eppure sbaglieremmo se interpretassimo come chiuso e reazionario il mondo politico nuorese e, anche se l’autore non n’ammetterebbe mai, le grandi battaglie per la modernizzazione della Sardegna da lui combattute sono state davvero decisive per l’intera Sardegna e prossime a quelle portate avanti in quegli anni proprio dai suoi avversari e amici, Giovanni Del Rio e Nino Carrus tra i fanfaniani, Ariuccio Carta e Angelo Roych per Forze Nuove, Giannetto Visentini per i Democratici di Sinistra, per arrivare al fonnese Giovanni Nonne per i Socialisti. A quest’ultimo mi lega un’amicizia lontana, sviluppatasi all’interno dell’ISPROM di cui è stato a lungo Presidente, poi nella sua villa al Poetto con la barca tirata in secco nel giardino, a Stintino, infine a Malta venti anni fa da Salvino Busuttil, alla scoperta di Caravaggio, presso l’oratorio barocco di San Giovanni Battista dei Cavalieri a La Valletta: con l’emozione di fronte a quella rappresentazione, quasi una scena teatrale, della Decollazione del Battista che davanti al carcere si sottopone di buon grado alla volontà del boia. Una scena tanto simile ma tanto diversa dalla decapitazione del generale Oloferne per mano di Giuditta, davanti a una vecchia copiata pari pari da Leonardo.

Dunque il rapporto, la competizione, il sodalizio con Giovanni Nonne, nell’ambito dello stesso territorio, dello stesso piccolo partito, della stessa piccola corrente di sinistra, tra Lombardi e Signorile, schiacciato dai giganti a destra e a sinistra, minacciato di essere relegato in un ruolo secondario.  Ma l’A. ha sempre avuto la convinzione, fallace, che il PSI – il partito più antico del nostro paese –  in particolare il PSI nuorese sarebbe arrivato a divenire la misura di tutte le cose, il centro del mondo, il calderone nel quale tutte le strategie di sviluppo della Sardegna dovevano essere misurate, progettate, digerite, messe in pratica, dovevano confluire. Così evidentemente non è stato.

L’arrivo a Nuoro coincide con l’ingresso in quello strano palazzo del Provveditorato agli studi, costruito come tanti altri nello stile burocratico fascista di impronta razionalista, prima che l’Ufficio scolastico provinciale si spostasse nel nuovo edificio costruito dalla Provincia in Via Veneto, che solo di recente si è scoperto infestato dall’amianto.  Il paesaggio urbano, la città disegnata dal Regime dopo la nascita della Provincia nel 1927 con il palazzo delle Poste in granito e trachite, con la torre dell’orologio, il porticato e le bellissime antefisse classiche; fino ai padiglioni dell’artiglieria, che abbiamo riscoperto di recente con la mostra sulle scenografie di Dario Fo promossa da Peppino Pirisi dell’ISRE, più di recente con la mostra di Wolfgang Suschitzky sulla campagna antimalarica; il vecchio ospedale San Francesco, la casa della madre e del fanciullo, o gli istituti scolastici, le Scuole Elementari Podda, il Liceo Classico Asproni, l’Istituto Magistrale dove avevano studiato Massimo Pittau e mia madre coinvolta in uno scandalo legato alla visita di Mussolini nel 1935, con questo bandito Antonio Pintori di Bitti, difeso dall’avv. Mannironi che percorreva in catene il tratto tra la rotonda e il tribunale presso il Duomo.  Quando vent’anni fa presiedetti una commissione di maturità riscoprii, sulle scale, che restavano i versi di Sebastiano Satta pieni di retorica dannunziana, dai Canti Barbaricini in lode di Francesco Ciusa: Se l’aurora arderà su’ tuoi graniti, tu lo dovrai, Sardegna, ai nuovi figli.

Perché Nuoro, va detto, negli anni 60 e 70 intimoriva chi arrivava dall’esterno: ne fa fede il leggero tremore che colse il giovane Mannoni quando, abbandonato l’insegnamento e accettato un ruolo amministrativo, varcò la soglia di un Provveditorato agli studi dove avrebbe dimenticato la dolcezza del vivere “messicano” ad Alghero o a Santa Teresa, dove il tempo si misurava in altro modo, senza quella rilassatezza solare che ancora oggi si prova tornando ad Alghero, soprattutto durante la primavera catalana: un passaggio, una porta da varcare, una frontiera verso una Sardegna differente, una Barbagia quasi sconosciuta, difficile da accettare, nota per i fatti delittuosi, per i sequestri, per le uccisioni, come in quegli stessi mesi racconta il film L’ultimo pugno di terra di Fiorenzo Serra, con il corpo del pastore ucciso nelle campagne, vestito d’orbace, con il portafoglio vuoto, le mosche che si accaniscono sul viso, il trasporto della salma dall’ovile, il funerale, la fossa per la bara nera, s’attittidu e il silenzio dei parenti e insieme il pianto della vedova che invita alla vendetta.

Non si potrebbe immaginare un ambiente più lontano dall’idea di Sardegna che Mannoni si era costruito, a 25 anni, a Cagliari, in Gallura, ad Alghero: la sede di Nuoro presso il Provveditorato era decisamente quella meno ambita in Italia, ma il giovane non aveva – così si giustifica – santi democristiani in paradiso, perché l’anno prima si era imprudentemente rivelato socialista candidandosi a Santa Teresa e in Provincia di Sassari.

Il mondo nuovo si manifesta già all’ingresso di questo interminabile corridoio del Provveditorato, arredato con mobili di scarto, con questa iniziale spiacevole impressione di stantio, polveroso, vecchio e dozzinale: un luogo presidiato autorevolmente dall’usciere Cosseddu,  mutilato in guerra; e gli altri strani personaggi che pian piano riemergono dalla memoria, il maestro Asole che comandava o faceva finta con lo stile di un piccolo capo di scuola fascista, tratteggiato con due pennellate per questi pantaloni con cintura prossima alle ascelle, tenuti da due ingombranti bretelle e attraversati da una cravatta che penzolava fino all’altezza della patta; come non ricordare quel modestissimo consigliere regionale lanciato in politica da una DC ancora prepotente che vedevo arrivare al mare di Bosa per fare bagni di sabbia contro i reumatismi che affliggevano i montanari ? Ragazzo, lo guardavo con sufficienza per questo costume ascellare tipicamente barbaricino.   O l’archivista Giosué Arba, acrobatico signore dei fascicoli; gli altri personaggi della galleria dei burocrati, come il maestro Zelindo Buttu, un vecchio scapolo, un uomo senza donne, navigatore solitario in un oceano di pregiudizi, di preghiere declamate ad alta voce, di piccole cattiverie praticate: aggiunge l’A. se non avessi avuto conoscenza diretta, oggi potrei pensare di aver conosciuto una caricatura. E poi il professore di filosofia longa manus in Provveditorato di un notabile locale democristiano. Infine il consigliere di prima classe, un meridionale tendente all’autoritario, con il suo scrivano dotato di mezze maniche nere. Un ambiente conservatore e burocratico, incapace di capire i problemi veri. Del resto meridionale era allora tutta la classe dirigente nuorese, il segretario del prefetto, il funzionario napoletano, il siciliano, gli altri personaggi con questa inflessione marcatamente meridionale, infarcita di locuzioni fra il burocratico e il notarile, che dovevano diventare i coinquilini della pensione gestita in centro da una signora che indossava una sorta di costume ibrido, con la lunga gonna plissettata, lo scialle e il pullover di lana di foggia civile; impegnati ad amministrare temporaneamente un territorio altrui, sempre in attesa di un prossimo trasferimento che non arrivava mai. Al giovane i coinquilini continentali sembravano lontanissimi dai suoi gusti e dalle sue opinioni, in più gli apparivano animati da atteggiamenti spocchiosi, autoritari e polizieschi nei confronti della realtà nuorese, di cui parlavano senza alcuna conoscenza. Il provveditore dott. Coro faceva eccezione, ammirato dal suo vice, un sardo che aveva studiato a Torino, democratico, antifascista, umanista, letterato dalla memoria di ferro, che era in grado di recitare a memoria migliaia di versi, capace di assumere decisioni coraggiose e tempestive; le sue dimissioni aprirono le porte al vice provveditore, ma furono congelate da notabili democristiani che avevano santi in paradiso come presso il Ministro Riccardo Misasi.

Era però il provveditorato che non gli piaceva, perché era un ambiente chiuso, poco invitante: <<in quel posto circolava un’aria di vecchiume, di conformismo, di ossequiosa osservanza per i dirigenti e per le autorità>>.

Dunque la delusione del primo impatto, ma anche l’emozione provata nel salire sul misterioso Ortobene e attraversare il bosco, l’amore sognato e immaginato prima e totalizzante poi per Teresa, un amore d’altri tempi, costruito di sentimenti, di intese e di passione, sia pure con il disagio per la distanza, la gioia per l’incontro, il sapore indimenticabile di un benessere lontano e di una pienezza di vita che richiama una gioventù colorata e preziosa.

Il giovane Mannoni, che ora si giudica piuttosto svelto mentalmente e operativamente, era capace di uscire da quell’ambiente chiuso, di proiettarsi sul territorio, stringere una rete di rapporti con presidi e autorità scolastiche, insegnanti, studenti. Vicario del provveditore, Mannoni aveva una visione d’insieme della scuola nuorese più ampia di chiunque altro, soprattutto aveva un rapporto diretto con professori e maestri elementari, mentre disprezzava i provveditori che si succedevano arrivati da fuori, coi loro ispettori ingordi, i proconsoli sardi e il loro comportamento non poco discutibile.   In queste pagine c’è davvero uno sguardo fresco e nuovo sulla scuola nuorese negli anni 60 quando si avvertiva, a onta dell’aspetto decadente e trasandato dell’ufficio, un notevole fermento, dovuto principalmente all’afflusso di personale scolastico, agli insegnanti in attesa di sede, al fenomeno di marcata espansione scolastica, alla strana e pervasiva presenza dei sindacalisti che sorprendentemente affiancavano i circa 60 funzionari in servizio, in una singolare cogestione delle politiche del personale: <<il sindacato era ovunque, nella programmazione delle istituzioni scolastiche, nella formazione delle graduatorie degli insegnanti e dei bidelli, nell’assegnazione delle sedi>>). Si cercava la pace sociale e insieme la condivisone del potere burocratico. Del resto Arturo Parisi e Gianni Francioni, ricordando in questi giorni Manlio Brigaglia, hanno osservato come in quegli anni in Sardegna, credo più ancora in provincia di Nuoro, ci fosse una solida rete di Licei, in particolare di Licei Classici che costituivano l’ossatura della struttura sociale e preparavano la nuova classe dirigente; per usare le parole di Mannoni la scuola nuorese era in una fase di espansione. Si attivava per la prima volta una rete completa in una provincia povera e attraversata da problemi di miseria, che generavano gravi tensioni; penso al Liceo Asproni di Nuoro, ma anche a Macomer, a Bosa, a Lanusei, con le presidi Roberta Calamida Maninchedda e Vincenza Scampuddu Mastino che mi rimangono impresse nella memoria con gratitudine e che riuscivano con difficoltà a fare i conti con le problematiche della nuova scuola di massa in espansione;  proprio allora iniziavano a comparire le prime contestazioni e i primi scioperi studenteschi ispirati da giovani professori pervasi da spiriti libertari, anticapitalisti e ribellisti,  voglio citare almeno la figura del giovane Sfara, un rivoluzionario sui generis che avevo lodato su L’Unione Sarda per lo sciopero degli studenti ginnasiali di Bosa, poi processato ida un tribunale di istituto per turpiloquio, per iniziativa del segretario DC, e trasferito a Lanusei. Lo conobbi vent’anni dopo ed era diventato un tranquillo borghese di provincia, che mi sorprese e riuscì anche a scusarsi per alcuni eccessi.

I maestri e i professori liceali di quegli anni, occupati prima ancora della laurea, credo rappresentassero davvero il meglio della classe dirigente sarda, facevano politica, amministravano comuni e province, erano in prima linea sui grandi temi dello sviluppo della Sardegna; un’osmosi tra scuola e politica che non può essere semplicemente contiguità o compromesso. Quanta amarezza c’è in queste pagine, mi pare, nel constatare come gli insegnanti a causa delle politiche successive siano stati poi violentemente proiettati indietro nella scala sociale, malpagati, in genere costretti a ritirarsi dalla politica, collocarsi in seconda linea, mentre altri gruppi sociali più vivaci progressivamente si facevano avanti, magari con interessi personali e precisi obiettivi da portare avanti.  Gli studenti universitari entravano con turbolenza nella Scuola, sostenuti dal presalario e desiderosi di trovare subito una professione. I concorsi a cattedre romani, le prese di servizio decise quasi all’asta dalla Preside Mannchedda, a me carissima.  Nel libro c’è un elenco di insegnanti e presidi, da Nuoro a Oliena, a Siniscola, a Torpé, a Bitti, a Orune, a Gavoi, a Seulo, a Laconi, ad Arzana, a Baunei, a Dorgali, a Bosa, a Macomer, a Isili, a Ulassai, a Tortolì, con un numero incredibile di sindaci socialisti.

Nuoro era una cittadina di provincia tutta ripiegata su se stessa, dove circolavano ancora animali, cavalli, asini, ma penso al grifone di cui si innamorò bambino Domenico Ruiu, commosso per questo avvoltoio prigioniero e furente che veniva condotto per le strade della città come un trofeo o un drago mostruoso che emetteva suoni o lamenti e rimandava a un mondo fatto di mistero e di vita vera. Il Corso di Nuoro era ancora frequentato da pastori in gambali con la bisaccia sulle spalle, da donne con lo scialle sul capo. La campagna e la città. Le case erano buie e ricordo – ragazzo – lo studio dell’avv. Antonio Gardu, commilitone di mio padre in guerra, pochi mesi prima del rapimento di sua moglie Assunta Calamida, la prima donna sequestrata in Sardegna per 16 giorni e 17 interminabili notti: mi avevano colpito questi tappeti, questi mobili scuri, pesanti, tristissimi, la scrivania, le sedie, le cassapanche incise e decorate alla maniera nuorese, un’arte che mi richiamava un Melkiorre Melis ancora più sardo e scontroso. Oggi penso si trattasse di vere e proprie piccole opere d’arte che ero incapace di apprezzare. Alle pareti anche dello studio di Gonario Pinna i quadri di Antonio Ballero, morto nel 1932,  Mario Delitala di Orani (1990), Antonio Mura di Aritzo (1972), Carmelo Floris di Olzai (1960), giganti dell’arte sarda.

In questo ambiente soffocato dalla cappa della criminalità, arriva, con molti dubbi e incertezze, un giovane aperto, intelligente, curioso, pieno di desideri, un democratico che sapeva come attraverso la scuola sarebbe stato possibile trasformare la Barbagia, facendo leva sulle tante cose da amare che aveva osservato in una società che Giuseppe Fiori aveva descritto come La società del malessere, afflitta dalla povertà e dall’analfabetismo.   Dunque tante letture straordinarie: il libro La scuola nemica di Albino Bernardini di Siniscola, scritto nella borgata di Pietralata alle porte di Roma, da cui lo sceneggiato televisivo Diario di un maestro del 1972, diretto da Vittorio De Seta. Ancora Le bacchette di Lula, del 1969: ma perché mai «mai la gente si preoccupa di presentare i bambini a tinte così fosche?» è l’interrogativo che si poneva al suo arrivo a Lula, villaggio che all’epoca s’inscriveva nella Sardegna più arcaica e profonda, in un posto come il Mont’Albo di una bellezza da lasciare senza fiato. Lo sguardo del maestro – come anche nell’attività condotta nelle borgate neglette delle città italiane – è lucidissimo e dolente, intriso di pietas verso un’infanzia negata dalle inconsapevoli e gravi anaffettività degli adulti… «C’è un’unità assoluta tra “esperienza scolastica” e “esperienza umana” in questo memoriale imprudente e bellissimo», scrive Gianni Rodari nella presentazione al libro. Ma sarà lo stesso Bernardini, molti anni più tardi, a scoprire di avere aperto con il suo insegnamento fecondo squarci di speranza. Per Bernardini una scuola avulsa dal contesto in cui opera, viene meno a uno dei suoi compiti prioritari. L’apprendimento di ogni ragazzo, avvenuto per esperienza direttamente vissuta e sperimentato emozionalmente, si realizza dentro un ben preciso contesto ambientale e si regge, come ogni percorso educativo, sull’imparare a conoscere, a fare ma soprattutto ad essere; ossia sulla capacità di acquisire gli strumenti della comprensione di tale contesto così da essere capaci di agire creativamente nell’ambiente circostante e poter in tal modo costruire una propria identità culturale e umana, partendo – come avrebbe osservato in quegli anni a Lula e Bono  Antonino Mura Ena (poi nel volume voluto da Nicola Tanda nel 1999)  da quella  «oralità primaria» che rappresenta lo specifico della Barbagia ma che richiama profondamente – ha osservato Dino Manca –  il mondo dell’antichità, che era stato il mondo dell’oralità, dell’orecchio e della marcata organizzazione uditiva dell’esperienza.

E ancora Maria Giacobbe col suo Diario di una mestrina (1957), una lucida cronaca della quotidianità di un’insegnante elementare che, nata e cresciuta in una “buona famiglia” nuorese, è divenuta maestra quasi per darsi uno scopo e un’identità: “In seconda liceo mi ammalai e con sollievo lasciai la scuola. Due anni di noia e di malinconia. Mi dispiaceva esser “figlia di famiglia” e tentai di impiegarmi. Ma per una ragazza “della mia condizione sociale” non era facile cosa trovare lavoro. Non un lavoro manuale nella fabbrica di ceramica che andava sorgendo e che mi attirava molto: sarebbe stato indecoroso. Non un impiego perché non avevo titoli di studio validi ad ottenermene uno pari come importanza alla dignità del mio clan… Ma che cosa dunque? Di ritornare a scuola, al liceo, quando già le mie compagne erano all’università, non me la sentivo. Fra le ostilità dei familiari che giudicavano ciò un volontario declassarmi, diedi l’abilitazione magistrale e decisi di fare la maestra”…

Perché il Nuorese era ancora il regno dell’analfabetismo, dell’isolamento, della frontiera, anche se tra il 1964 e il 1973 gli alunni delle scuole superiori della Provincia di Nuoro passano da 2500 a quasi 10.000, dunque si quadruplicano.

Ho trovato straordinarie le pagine di questo libro che descrivono la criminalità barbaricina, il malessere sociale, le centinaia di omicidi, le taglie sui ricercati, i sequestri (11 nel 1966, altrettanti nel 1967, 12 nel 1968), i conflitti a fuoco con la morte di tanti poliziotti e banditi, come Atienza, dopo la visita del Presidente Saragat e il celebre discorso sulla balentia che tanto aveva impressionato noi che vivevamo sulla costa: la “balentia” doveva essere usata per opporsi ai delinquenti e per vincere l’omertà e l’indifferenza; anch’io ricordo che qualcuno proponeva l’uso del napalm per stanare i delinquenti e c’era chi, colpito per il sequestro della Gardu, avrebbe giustificato un incendio che azzerasse tutto il Nuorese: l’ansia del quotidiano, l’odore ferino del mondo del crimine, la possibilità per chi come Mannoni viveva a Nuoro con la famiglia di essere prima o poi coinvolti. Infine nel 1968 l’arresto – finalmente – di Graziano Mesina, bandito applaudito ed esaltato da alcuni studenti; ma già Peppino Fiori e Angelo Demurtas  avevano fatto prevalere un giudizio che oggi sottoscriviamo,  Mesina era solo un modesto balordo di paese e di campagna.

Eppure Mannoni sa distinguere e manifesta interesse per la società nuorese, partecipando da subito anche a quei veri e propri riti iniziatici dello spuntino a Marreri, ingaglioffandosi in una vera e propria abbuffata, una mensa comune, forse una pratica inconsapevole per esorcizzare il dramma e ripristinare la normalità stravolta dalla violenza quotidiana.

I momenti più belli nella memoria sono però quelli con Teresa e gli amici al mare, sulle dune di Capo Comino, come con Aldo e Chiara: la bellezza della costa calcarea, l’incanto del mare smeraldo, la dolcezza delle dune di sabbia bianchissima fra le quali si annidano boschetti di ginepro, il lentischio come il rosmarino e, soprattutto, l’elicriso, il cui profumo invadeva l’aria. Guardandosi indietro sembrano scomparire gli anni trascorsi che hanno conosciuto anche i sequestri di persona, perché <<ci si dimenticava, a un’ora da Nuoro e dalle Barbagie, dei banditi e dei manifesti-taglia con le fotografie dei latitanti affissi ai muri. Il bagno aveva un effetto liberatorio, purificatore>>.

Oppure, nelle lunghe serate dell’inverno nuorese, al cinema, nei cineclub, con la voglia di musica da ascoltare e da ballare: non ho la competenza per valutare i gusti musicali di questi giovinastri che continuavano a sentirsi un po’ a disagio, fuori posto, mentre leggevano La Noia di Moravia (1960), i racconti “Le Cosmicomiche” (1965) di Italo Calvino, Il maestro e Margherita di Michail Bulgakov.  La nascita improvvisa ma non inattesa tra il 1967 e il 1968 di due figli maschi, Carlo e Mauro, la felicità di una vita nuova vissuta mentre a Nuoro esplodeva davvero una gigantesca questione sociale, provocata anche dalla prepotenza e dall’incapacità di tanti funzionari. Qui continuava ad essere enorme l’influenza di personaggi del calibro di Sebastiano Satta (al quale in quegli anni si dedicò la piazza Plebiscito progettata da Costantino Nivola), Grazia Deledda, Francesco Cambosu (morto nel 1962), lo scultore Francesco Ciusa (morto 1949), l’antifascista Angela Maccioni (presidente della Biblioteca Satta fino al 1958).  Infine suo marito l’antropologo autodidatta Lillino Marchi (morto nel 1981), il giurista Salvatore Satta (Il giorno del giudizio sarebbe stato pubblicato postumo solo nel 1977).  Mannoni osserva commosso: <<mi è rimasta nella memoria la sorprendente contraddizione tra la profondità e drammaticità dei problemi, la difficoltà del popolo barbaricino a liberarsi dalla cappa di piombo in cui è stato tenuto per secoli, dall’abbandono, dall’emarginazione, dall’oppressione procurati dai poteri statali incapaci di superare la cortina di ignoranza che preclude la conoscenza dei fenomeni sociali. E la contemporanea altrettanto sorprendente capacità di uomini generati da questa terra di sollevarsi e liberarsi da pregiudizi e da vincoli imposti per produrre alti livelli di narrazione e rappresentazione dell’anima e della cultura dei sardi>>.

Ma l’orizzonte si allarga quando si entra in politica, partendo da una conferenza di Antonio Giolitti all’Eliseo di Nuoro; Mannoni ne conosceva il pensiero già a Sassari, studente di Giurisprudenza, quando aveva letto il libro Riforme e Rivoluzione: lo avrebbe seguito nell’avventura del PSU e della corrente “impegno socialista”, emozionato dal nuovo libro Un socialismo possibile, concentrandosi sulla possibilità di integrare socialismo e libertà, programmazione economica e giustizia sociale (proprio a Gianluca Scroccu dobbiamo l’analisi La sinistra credibile. Antonio Giolitti tra socialismo, riformismo ed europeismo (1964-2010), Carocci, 2016). A Nuoro questa fu l’occasione di un incontro con i padri nobili, Gonario Pinna più che un uomo di partito un intellettuale di statura europea; l’italianista Giuseppe Catte,  genero di Gonario che era stato capo della segreteria di un comunista, Velio Spano, poi assessore regionale all’agricoltura; Giannetto Soddu, Pasquale Funedda, tutti capaci di esercitare una grande influenza nel campo della cultura e della politica, in accordo con Bustianu Dessanay, passato ai socialisti dopo i fatti d’Ungheria e il congresso del PCUS del 1956; l’apporto di alcuni intellettuali come Peppino Fiori, Gaetano Arfé, Giuseppe Melis Bassu all’interno del circolo “Avanti”, un punto di riferimento dell’opinione democratica e della cultura nuorese, sui temi della giustizia, del ruolo dei socialisti, dell’informazione in Sardegna.  Il dibattito intorno a “La Nuova città” di Cesare Pirisi, il peso che continuavano ad avere alcune figure della resistenza al fascismo, il costituente Pietrino Mastino (morto nel 1969), Salvatore Mannironi (morto nel 1971), la figura dei 41 eroi della resistenza, tra i quali Antonio Mereu caduto nel 1944, fratello del mio maestro il sindaco di Bosa Paolo Mereu. La militanza in un partito, il PSI, che era microscopico se rapportato a quella macchina da guerra che era la DC, che da un punto di vista elettorale pesava dieci volte tanto.

In una sola pagina Mannoni riesce a condensare un quadro di novità che alla vigilia del 68 investe anche il Nuorese: il boom economico, l’emigrazione in una prospettiva più ottimista, gli elementi di una modernità fatta di proposte di consumo, lo sviluppo industriale nelle raffinerie di Porto Torres e Macchiareddu, la Saras, persino Villacidro e Arbatax, la Costa Smeralda e i collaboratori del principe azzurro tra i quali l’indipendentista Antonio Simon Mossa, il Museo del

costume a Nuoro voluto proprio da Simon Mossa, la Rinascita guidata dalla giunta di Giovanni Del Rio dopo la Relazione Medici, la chimica che era sostenuta in regime di sostanziale monopolio politico dai giovani turchi sassaresi ma che piaceva anche ai dirigenti del PCI, la polarizzazione urbana su Cagliari, la stampa asservita ai Rovelli e ai Moratti, perfino le squadre sportive come il Brill controllate dai nuovi padroni; sull’alto piatto della bilancia l’emarginazione delle zone interne, la disperazione di alcune classi sociali, con Nuoro che cresceva a danno di tutti i paesi del contorno, lo sviluppo della programmazione anche attraverso l’inizialmente fragile Centro regionale per la programmazione. Il divario tra le diverse Sardegne diventava il cavallo di battaglia della classe dirigente democratica del Nuorese, contraria in genere all’occupazione poliziesca del territorio con i baschi blu, alla nascita del Parco del Gennargentu quale strumento di controllo della montagna, il ruolo attivissimo di tanti Circoli della Barbagia che facevano emergere una forte contestazione anticapitalistica e anticolonialista, anche l’inadeguatezza dei partiti compresi il PSI il PSU e il PSIUP, che discutevano della riforma dello stato o della scuola ma non mettevano becco sull’ottuso strapotere dei prefetti in provincia e sulle condizioni di arretratezza in cui versava la scuola nuorese, al tempo del diritto allo studio. Per Mannoni il malessere si nutriva di insicurezza, miseria, disoccupazione, vuoto di prospettive.  Fu Dessanay ad agitare in consiglio regionale il vessillo dell’anticolonialismo, apprezzando l’emergere in Baronia, una delle nostre regioni più povere, la forte partecipazione dei giovani intellettuali alle lotte popolari.  Anche lui l’avrei visto all’opera all’ISPROM fino al 1986 e oggi lo rimpiango.

Ma furono Giovanni Del Rio, Ariuccio Carta, Paolo Dettori e Francesco Cossiga nell’incontro col Presidente Moro e col Ministro dell’interno Taviani a respingere nell’autunno caldo del 68 l’invio di più forze dell’ordine ed a pretendere invece <<la trasformazione delle zone agropastorali e la presenza nelle zone centrali dell’isola di vasti insediamenti industriali>>. I giovani turchi prendevano la casacca dei Morotei e i giamburrasca nuoresi di Forze Nuove assumevano una sorta di egemonia nel processo di sviluppo, non senza gravissime contraddizioni, ma con uno strepitoso successo elettorale, favorito dal passaggio di Taviani al Ministero per il Mezzogiorno: nel marzo 69 davanti alla cattedrale di San Nicola a Ottana in un incontro promosso da Cossiga, Carta, Ligios e Rojch Ottana assumeva le caratteristiche di area industriale di interesse nazionale, mentre i socialisti osservavano con distacco ma emozionati questa sorta di rivoluzione che nei decenni successivi avrebbe conosciuto un drammatico fallimento. Eppure il consenso allora era stato unanime e nel 1973 la DC otteneva un successo che sfiorava il 50% dei voti; il PSI si divideva e Mannoni ammette alcuni errori, la Mozione locale unitaria, lo stesso congresso nazionale di Genova, le delusioni del voto polarizzato.

Nonostante le promesse, ci fu chi tentò fino all’ultimo di applicare la legge della forza, con l’invio nel 1969 sulla piana di Pratobello della divisione corazzata Trieste, in vista dell’attivazione di un poligono di tiro a due passi da Orgosolo e da Fonni. La risposta popolare fu massiccia. A distanza di 50 anni quella ferita brucia ancora, come ha dimostrato due settimane fa la manifestazione di protesta e di festa. Già da anni era in corso l’addestramento dei Gladiatori ad Alghero, mentre a Nuoro dal 1977 si costruiva il supercarcere di Badu ‘e Carros, una vera università del crimine e della violenza, un gravissimo errore della politica sarda come ha osservato in tempi non sospetti Salvatore Mannuzzu. A Maddalena nasceva la base per sommergibili nucleari. Giovanni Lilliu parlava di fallimento dell’autonomia e di Rinascita abortita, con Antonio Pigliaru (morto nel 1969), del tutto inascoltato; Mannoni ricorda le severe critiche di Marcello Lelli, sociologo dell’industrializzazione, con Renzo Laconi, Umberto Cardia, Giuseppe Catte e Bustianu Dessanay: ci furono molte riserve e molti dubbi, ma non una vera e propria opposizione perché anche nel PCI prevalse l’anima nettamente industrialista, con un pensiero unico imperante.

Eppure proprio di questi anni è Il golpe di Ottana di Giovanni Columbu, che evidenziava drammaticamente le contraddizioni del progetto di industrializzazione: a suo parere esso obbediva al disegno di sottomettere la cultura della Barbagia ad una falsa modernizzazione neocapitalista: <<la penetrazione industriale nella Sardegna centrale si configura come strumento di dominio consapevolmente adottato al fine di distruggere le preesistenti forme di aggregazione sociale e politica quale condizione basilare nel quadro del processo di colonizzazione del territorio della Sardegna centrale>>.  In parallelo il Circolo di Orgosolo contestò in radice il tentativo neocolonizzatore, includendo nella condanna anche il Parco del Gennargentu e il poligono per le esercitazioni militari di Pratobello. Infine combatterono apertamente contro l’industria Chimica Antonello Satta e Giuliano Cabitza alias Eliseo Spiga di Città e Campagna. Né va dimenticato il libro di Fanco Cagnetta sui Banditi ad Orgosolo (1975).

Non posso però tacere che venti anni dopo, alla fine della mia esperienza in Provincia, il Parco Nazionale del Gennargentu profondamente rimeditato e progettato da un’équipe di altissimi studiosi poteva sembrare, dopo il fallimento dell’industrializzazione, “una straordinaria occasione da non perdere”. Questo fu almeno il titolo che trovammo per il convegno di Desulo: della strana compagnia dei promotori facevano parte oltre a me anche Pasquale Zucca, Achille Crisponi e Antonio Sassu.

Non mancano in queste pagine anche riferimenti agli anni successivi, che mi sembra di dover sintetizzare al massimo: l’incendio dell’Ortobene del 26 agosto 1971, partito da Oliena: io stesso ho percorso in cinquecento i tornanti che portavano sulla vetta dell’Ortobene, una terribile landa infernale coperta di cenere, con la casa rupestre del pastore, scavata sul gran masso che si affacciava verso il bosco con gli alberi scheletriti; Manoni più tardi sarebbe stato assessore regionale all’ambiente nella giunta Ghinami, qui avrebbe conosciuto l’impegno dei forestali, gente come Paolo Favilli e Antonello Mele, impegnati nella ricostituzione dei boschi dell’Ortobene, anche se quella contro il fuoco gli parve una guerra difficilissima che non poteva essere vinta.

Ci sono in queste pagine alcune figure significative, come quel Giovanni Nonne di Fonni che gli apparve ambizioso, gran parlatore, organizzatore di consenso, predestinato alla politica; fu lui, dalla minoranza vincente, a indicare l’amico-avversario Mannoni per la segreteria della Federazione (al posto di Vigilio Asoni), ottenendo in cambio nel 1975 la presidenza della provincia di Nuoro, punto di partenza di una carriera davvero sfolgorante. Nel frattempo, documenti alla mano, Mannoni può dimostrare gli interventi della Federazione per denunciare la fragilità dell’industria, il mancato rispetto delle promesse da parte dell’ENI, la distanza tra il numero degli operai che sarebbero dovuti essere assunti (7000) e quelli che di fatto lo furono (2000), nei giorni della crisi petrolifera. Ma sorprende la frenesia del fare che improvvisamente si verificava a sinistra, anche in occasione della battaglia per l’abrogazione della legge Fortuna che aveva introdotto il divorzio, col rischio di fortissime tensioni sociali: ricompare l’amica di sempre, quella Chiara capace di vedere lontano, di battersi per i diritti, di rivelare le tracce di una realtà nascosta e preoccupante; la sua storia attraversa tutto il libro, fino alla scelta della ribellione contro la rassegnazione di tutti. Forse Mannoni si rimprovera di non averla capita fino in fondo. Tra le compagne emergono Simonetta Murru, primo sindaco donna di Nuoro tra il 1991 e il 1992 e Vannina Mulas, prima consigliere regionale donna nel 1989.  La legge 268 del 1974 che rifinanziava la Rinascita con mille miliardi, poi ridotti a 600: in quei giorni Del Rio presentava i risultati raggiunti dalla sua terza giunta, indicando i pericoli di degenerazione burocratica e clientelare della struttura centralistica della Regione Sarda e proponendo un processo continuo di democratizzazione delle strutture rappresentative e delle varie e multiformi espressioni della società civile e del popolo sardo. Il bilancio si chiudeva alla vigilia dell’approvazione voluta da Mariano Rumor nel suo V governo sul Rifinanziamento del piano straordinario per la rinascita economica e sociale della Sardegna e riforma dell’assetto agropastorale in Sardegna, con il discorso dell’11 aprile 1974 che rivendica – scriveva Carrus – la conquista più importante della legislatura, non solo per la Giunta ma per l’intera classe politica regionale.  Non per nulla Rumor fu in quei giorni in Sardegna, dove lo ricordo a Badd’e Salighes arrivare in elicottero tra migliaia di simpatizzanti.

I risulti non furono pari alle attese e forse esagerava Brigaglia a dire che la Sardegna usciva finalmente dal suo lungo Medioevo, mentre criticamente Simonetta Sanna avrebbe osservato che si verificò una resa acritica agli aspetti deteriori di una modernità a rischio. Del resto già Antonio Pigliaru su Ichnusa e Renzo Laconi avevano paventato l’ipoteca dell’industrializzazione petrolchimica sullo sviluppo dell’isola.

Sottoscrivo tutte le osservazioni fatte da Mannoni sugli errori della politica nuorese, ma non concordo sul giudizio negativo a proposito del “compromesso storico” di Berlinguer, momento fondamentale di incontro tra culture diverse nel nostro paese, tutte meritevoli di ri-conoscersi e di mettersi a confronto. Ancor meno concordo sul giudizio relativo alla programmazione regionale a partire dal 1974, con la nascita voluta dalla legge 33 di Paolo Dettori dei comprensori, criticatissimi da Mannoni perché essi erano unitari, nel senso che erano governati insieme da maggioranza e opposizione. Un po’ come le comunità montane nate l’anno dopo (legge 45 del settembre 1976) per volontà di Pietrino Soddu, Presidente che si era tenuta la delega della programmazione: per Mannoni entrambi organismi pletorici, addirittura fantasmi, frutto di quella “intesa Autonomistica” precaria che aveva quella che Mannoni ritiene un’anomalia accettata come endemica, quella del consociativismo, perché il PCI stava e non stava nel governo della Regione, con un’evidente ambiguità. L’A. precisa che si tratta di una sua opinione, dunque ho le mani libere per dire esattamente il contrario: quando mi candidai per la prima delle 6 legislature alle quali ho partecipato, 4 a Bosa e 2 a Nuoro, c’erano sindaci di comuni contigui che non si rivolgevano la parola, consigli comunali completamente spaccati, impegnati a discutere dei fatti di Ungheria o della Nato. Le due leggi sulla programmazione, che avevano il merito di agganciare lo sviluppo al territorio, alle regioni storiche della Sardegna, che cercavano di rallentare il processo naturale dello spopolamento delle zone interne, ora mettevano in giunta insieme comunisti, socialisti, democristiani, laici e cattolici, a discutere finalmente del futuro delle loro città, dei loro paesi, delle loro montagne.  Allo tesso modo in questo campo l’ISPROM nato nel 1972 per impulso di Pietrino Soddu e Pierangelo Catalano riusciva a mettere insieme le diverse anime della politica sarda, facendo riconoscere gli uni con gli altri.

È evidente la ragione per la quale tale larga intesa era osteggiata dai socialisti a livello regionale come nazionale: basta pensare all’incontro a Nuoro e a Su Cologone con Bettino Craxi vicesegretario del PSI che con lucidità avversava quel compromesso storico in forza del quale si reggeva al momento un ennesimo governo Andreotti. Le elezioni del 1975 se portarono Nonne alla presidenza della provincia di Nuoro, segnarono un successo socialista, che fu accompagnato purtroppo dalla morte di Peppino Catte a Nurallao, sul campo, nel corso di un dibattito con la cooperativa dei pastori di Nurri: Mannoni ne ricorda la capacità politica e la forte componente etica. Nonne lasciò perciò la Presidenza a Mario Cheri per diventare Assessore regionale all’agricoltura e alla riforma agropastorale  al posto di Catte nella IV giunta Del Rio.

Discutendo a posteriori la retorica della politica, il tema del successo del sardismo diffuso e il concetto, relativamente superficiale, della costante resistenziale concepito da Giovanni Lilliu, recuperato dal PCI nel solco del pensiero gramsciano, di Camillo Bellieni, Emilio Lussu, Mario Melis, Mannoni sa bene che la realtà era ben più complessa e non poteva essere ingabbiata in una formula: di conseguenza pur non negando di aver in passato praticato le argomentazioni legate alla lotta per le zone interne, le vede ora come necessità di recupero di una sorta di esclusione non solo e non tanto dallo sviluppo industriale, ma dal circuito della modernità del lavoro, dei servizi civili, della formazione scolastica. Nella convinzione che le condizioni di arretratezza del territorio esigevano comunque uno sforzo enorme di rivendicazione e di lotta.   Marco Tangheroni ci aveva invitato a superare la storia economica praticata dalle Annales, per rendere conto della complessità della storia; una storia che metta l’uomo al centro del dibattito, che superi interpretazioni schematiche e superficiali, dominate dalle forze materialistiche così come proposto dalla storiografia marxista, che tende a concentrarsi su una sola causa, mentre la storia è frutto di più cause concomitanti e diverse. Perché – questo è il fulminante aforisma di Gómez Dávila – «quello che non è complicato è falso». Gli storici ormai obsoleti e stanchi sono costantemente oggetto di ironia e di polemica, perché rischiano di trasformare la storia in una disputa teologica, dimenticando l’oggetto stesso della ricerca, proponendo generalizzazioni che appaiono agli studiosi di un’ingenuità che intenerisce, come a proposito dei rapporti tra struttura e sovrastruttura, i concetti di crisi della borghesia, il tema meccanicistico del determinismo e della necessità causale. Del resto Gómez Dávila aveva osservato che un lessico di dieci parole è sufficiente al marxismo per spiegare la storia, che è globale.

Per un paradosso però Mannoni concorda con Lilliu sul fatto che il linguaggio politico è ormai usurato, che in questo clima un poco triste di un regionalismo fallito, di una politica culturale ancora insufficiente all’interno dell’autonomia sarda, c’è da superare una retorica stanca e conservatrice se si vuole combattere l’emarginazione e il degrado fisico, sociale e culturale di un territorio.

Il PSI si è irrobustito grazie alle lotte operaie, in questo defaticante passaggio da un modello arcaico a quello industriale, in questa alleanza tra tanti protagonisti di una lunga stagione di lotte, Gianni Nieddu, Piero Contu, Beppe Angioi, Saverio Ara, Pietro Vitzizzai, Costantino Tidu, Antonio Delussu, Antonio Giuseppe Fadda Graziano Verachi, personaggi di un’epopea alta e decadente: con la chiusura di stabilimenti, il declino del tessile, della metalmeccanica, nell’abbigliamento, la chiusura di tante scuole. Duro mi sembra il giudizio sul vescovo di Nuoro Giovanni Melis: <<alla Metallurgica del Tirso la Pasqua del 1978 la trascorsero in fabbrica. Agli operai occupanti si unì il vescovo di Nuoro Monsignor Melis, figura forte e coerente, ma assente nei momenti di lotta e di dolore che segnarono l’agenda del suo ministero nella Diocesi di Nuoro>>. Il giudizio è ingiusto e tutti ricordiamo l’impegno del Cappellano Don Salvatore Bussu nel 1983 contro le dure condizioni di detenzione di Badu ‘e Carros, penitenziario-polveriera dove erano concentrati tanti big del terrorismo nei complicati anni di piombo. E tutti ricordiamo la polemica di Mons. Melis con il Procuratore cagliaritano Giuseppe Villasanta che aveva mostrato un eccessivo <<zelo inquisitorio>> (sono parole del vescovo) contro il cappellano di Badu ‘e Carros.  Del resto l’episcopato di Mons. Pietro Meloni non sarebbe stato più tranquillo, come testimonia l’uccisione del parroco di Orgosolo don Graziano Muntoni, impegnato contro il racket.

Esattamente un anno fa chiudeva per sempre Ottana Polimeri. Per Mannoni l’8 agosto 2017 è il momento in cui si è celebrato il funerale dell’industria nella Sardegna centrale: come non pensare a tante altre realtà industriali della Sardegna come a Porto Torres, con i danni inferti all’ambiente in una delle zone più delicate del Mediterraneo; oggi quei cimiteri industriali raccontano storie di iniziative velleitarie, di speculazioni piratesche, di infrastrutture inutili, di opere mai realizzate; soprattutto della velleitarismo di chi sperava negli effetti diffusivi sul piano del reddito, dell’occupazione e dei consumi, nell’attrazione di capitali dall’estero, della capacità di assorbimento degli investimenti. Storie di persone, di imprenditori mordi e fuggi, di sindacalisti coraggiosi. Storie di uno sfruttamento selvaggio. Storie di migliaia di lavoratori che hanno creduto nel sogno petrolchimico e che ora portano nei ricordi e talvolta anche nel fisico i segni di quegli anni di illusioni. Di fronte a queste macerie può prevalere lo sconforto, interrogarsi sulle responsabilità di tutti, ma per Mannoni si deve guardare avanti, costruire un’economia industriale competitiva a livello internazionale, consapevoli che occorre tener conto delle complessità del mercato internazionale e del rispetto dell’ambiente. Per affrontare le criticità occorre avviare una riconversione industriale che si basi sui punti di forza che pure esistono, prima tra tutti la cultura industriale costruita dalle generazioni precedenti. Deve essere chiaro che il tema delle Bonifiche lungo la valle del Tirso è anche una grande questione etica, un dovere civile: occorre sfruttare il patrimonio di conoscenze e di errori accumulati negli anni per avviare il risanamento e la riconversione industriale.

Credo che gli anni del successo al Midas di Bettino Craxi siano troppo noti per essere qui richiamati; in contemporanea emergeva in Sardegna una classe dirigente in piena sintonia coi vertici nazionali. Tra tutti voglio citare almeno l’avv. Giannino Guiso difensore dei brigatisti, osteggiato dal deputato socialista Cesare Pirisi ma drammaticamente ferito in un attentato in una sera di dicembre 1981 a Nuoro, con un’arma che proveniva da un deposito clandestino delle BR nel Nuorese, forse un depistaggio.

In Regione si celebrò nel 1978 il trentennale dell’autonomia; dall’anno successivo si  succedono, con l’ingresso in consiglio regionale di Mannoni, eletto con oltre 5000 preferenze nel collegio di Nuoro, le presidenze del socialdemocratico Alessandro Ghinami con Mannoni alla difesa dell’ambiente, poi con la VIII legislatura la presidenza del socialista Francesco Rais dal 1980, poi Angelino Rojch dal 1982 con Mannoni alla programmazione, bilancio, assetto del territorio, infine Mario Melis dal 1984; con la seconda giunta Melis nel 1985 Mannoni tornava alla Programmazione; seguiva Mario Floris nel 1989 e Antonello Cabras dal 1991.

Ho visto che in queste settimane Maurizio Cocco ha commentato la vicenda con il bel libro La svolta a sinistra e la crisi dell’autonomia, Politica e istituzioni in Sardegna (1979-1989), uscito per la Franco Angeli, dove un ampio spazio è dato agli interventi di Franco Mannoni, interessato a cogliere le dinamiche della globalizzazione con un rilancio dell’isola nella sua posizione di centralità rispetto al Mediterraneo (dai Quaderni Bolotanesi, X), perché già nel 1985 si trattava di inquadrare l’autonomia nell’ottica europea e globale e quindi di un’Europa regionalista, ma attraverso un vasto movimento politico di massa e popolare, anche attraverso la revisione dello statuto che non è mai stata realizzata concretamente.

Ma è la Giunta Rais nell’VIII legislatura che sconvolge gli equilibri con la svolta a sinistra e l’inedita alleanza del Psi col Pci, Psd’Az, Psdi e l’appoggio dei radicali: <<Se infatti per Mannoni la nuova giunta con i radicali “fa un tratto di strada insieme, [nella speranza] che non ci buttino in cunetta”, per Soddu è un’operazione disgustosa, così come per il dc Eusebio Baghino, per il quale è roba da buoncostume della politica>>.  Presidente del Consiglio era Armandino Corona, prossimo Gran Maestro della Massoneria. È la fine dell’intesa  autonomistica e l’avvio di un fervido periodo di impegno: << altri giudicheranno quanto ci siamo avvicinati agli obiettivi e quanto li abbiamo mancati>>.  A me personalmente sembra che in consiglio regionale si siano confrontate personalità di alto livello, Mannoni è uno di questi, ma anche modestissimi personaggi di provincia, che l’etichetta di uomini di sinistra non recupera affatto. Anzi, tra i dc, Angelo Rojch gli sembra un politico a tutto tondo, nato nella politica e in essa immerso come un pesce nell’acqua. <<Dotato di una vasta rete di rapporti a tutti i livelli, ricco di fantasia e immaginazione, instancabile fino alla frenesia. Era difficile stargli appresso, impossibile inseguirlo nella rutilante gestione della presidenza. Passava dal tavolo sindacale agli incontri riservati con alti prelati e notabili>>. E come dimenticare Antonello Soro o tra i comunisti Luigi Cogodi ? Tra i Sardisti Mario Melis, irruento, passionale, ombroso, capace di travolgenti entusiasmi come di scoramenti, aperto al nuovo, convinto custode della tradizione culturale e politica sardista, ma capace di proiettarsi con convinzione nella modernità dell’Europa.

Nel frattempo tantissimi avvenimenti pure sconvolgenti come gli assassini a Mamoiada del socialista l’amico Agostino Golosio (2 dicembre 1979) e del fratello Ottavio, rimasti impuniti: un dolore grande e la consapevolezza che la Rinascita rimane un’utopia che alimenta rancori e diffidenze.  Qui c’è la chiave di tutta la storia, perché Mannoni si convince che le condizioni dello sviluppo non sono le iniezioni di risorse finanziarie ma la riforma delle istituzioni, la scuola, il miglioramento della formazione, la ricerca scientifica e l’innovazione; le nuove opportunità per i giovani. La nascita dei corsi di laurea a Nuoro a partire dal 1990 risponde proprio a questa domanda, come il Consorzio bibliotecario Satta, l’Ente Musicale a Nuoro, l’AILUN, gli Editori Ilisso e Maestrale, l’ISRE, il MAN. Più in generale l’innovazione istituzionale e programmatica, le nuove politiche del lavoro, gli ambiziosi programmi di infrastrutturazione che hanno lasciato segni visibili, il Consorzio 21-Sardegna ricerche o il CRS4 o il progettato nodo informatico del Nuorese, infine Tiscali e Renato Soru.

Ne ricaviamo complessivamente l’impressione di una battaglia lunga e coerente: la politica non ha ragione di esistere se non come impegno intorno a idee e interessi, mediazione di conflitti, ricerca di risposte ai bisogni, strumento di conquiste collettive e individuali.

Ma forse il bilancio finale rimane quello del volume Disincanto e speranza,  dieci anni fa, come ho rivisto nell’intervista RAI di Romano Cannas, che richiamava uno sforzo di obiettività da parte di tutti, il richiamo alle responsabilità, partendo dalla lezione di Antonio Pigliaru: si deve prendere atto del disastro della programmazione regionale, forse a causa del fattore umano, dei ritardi che proprio la scuola avrebbe dovuto correggere, dello squilibrio tra intraprese eccessive e un’arretratezza arcaica che non è stata sconfitta da una classe politica che ha ereditato la malattia del localismo in un’isola incapace di diventare “soggetto autonomo e non oggetto” e che non è mai uscita – per usare le parole di Pietrino Soddu – dall’isolamento, dall’infelicità, dalla sensazione di essere oppressa.